A propos de L’arbre de Julie Bertucelli 3 out of 5 stars
En Australie, Dawn et Peter coulent des jours heureux avec leurs quatre enfants. Mais Dawn meurt brutalement. Simone, l’un des filles, pense alors que son père s’est réincarné dans l’énorme arbre qui jouxte la maison…
L’arbre devait au départ s’inspirer de Le baron perché d’Italo Calvino, mais les droits de ce dernier étant bloqués, Julie Bertucelli s’est tournée vers L’arbre du père de Julie Pascoe.
De quoi s’agit-il dans L’arbre ? Du vent qui souffle dans les branches d’un figuier, d’un arbre qui murmure à l’oreille des enfants. Mais encore ? Quel est cet esprit qui veille, bienveillant, sur la maison, et semble surveiller ses hôtes ? S’agit-il de chamanisme ?
Pas vraiment. Mais l’esprit du père est bien là, qui flotte, présent dans les racines de l’arbre, dans les bourrasques qui secouent la maison. Les paysages du Queensland sont sublimes, brûlés par le soleil. Quant au Père, ce grand absent, il est le mort dont on ne se remet pas, surtout quand on est un enfant…
Au départ, la forme de naturalisme avec laquelle filme Bertucelli laisse supposer (et craindre…) de la naïveté ou l’inscription du film dans un registre d’émotions un peu faciles. On se dit que L’arbre va être « gnangnan » mais cet apriori disparait rapidement.
Car la réalisatrice, attentive à ses personnages, parvient, avec une simplicité désarmante, à suggérer les émotions les plus profondes, les secrets les plus enfouis de ces quatre enfants, extrêmement bien dirigés. Leur traumatisme et leur souffrance. Le manque et l’incompréhension. La projection mentale que Simone fait du père réincarné en arbre. A des âges différents, Simone, Tim, Lou et Charlie ont tous été marqués mais d’une façon différente par la mort précoce de leur père.
Lou (très bon Tom Russell) reste mutique, Simone, elle, au contraire est révoltée et n’accepte pas que sa mère sorte avec un nouvel homme, 8 mois seulement après le drame. La souffrance d’un enfant prend différentes formes. Tim, l’aîné, est un adolescent choqué mais qui assume ses responsabilités. Quant à Gainsbourg, sa sensibilité à fleur de peau complète idéalement ce beau casting. Tout en finesse, en sens de l’observation, L’arbre prend peu à peu la forme d’un poème visuel dépourvu de pathos mais qui dit des choses simples et émouvantes sur la mort au contraire, la difficulté de faire le deuil. Le manque irréparable de l’être cher…
www.youtube.com/watch?v=jBS2B6CIx7A