J'ai beau avoir essayé de m'en débarasser à grands coups d'heures allongé à poil sous la moustiquaire gonflée par le ventilo qui ronronne sa berceuse éolienne, la fatigue s'accroche à mes paupières comme une paire d'enclumes à paupières.
Ca ne veut rien dire.
C'est parce que je suis fatigué. Houla oui. Je ne sais pas pourquoi. C'est pas comme si je me tuais au travail, je veux dire. Enfin, je pourrais essayer, mais mes patrons ne sont pas d'accord sur ce que je dois faire, et quand ils le sont, c'est moi qui ne comprends rien à ce qu'ils me demandent de faire. Mon cerveau est un plumage de canard sur lequel glissent le flot de leurs explications.
Non, c'est pas ça. Mon cerveau est une enclume qui coule dans le flot de leurs explications, en faisant glou-glou.
Glou-glou-glou.
D'ailleurs, même boire ne m'aide pas. J'ai tenté à plusieurs reprises de suivre la recommandation de l'Institut du Sommeil et de la Vigilance de vider une demi-douzaine de bières et quelques godets de pinard avant de me coucher, tout ce que ça a produit, c'est une importante quantité de pissou clairet. Qui ne repose pas, au contraire.
Je suis fatigué. C'est fatigant.
Je n'arrive même pas à me motiver pour chercher des colocs. Ni pour reprendre mon patron lorsqu'il m'affirme que je reste jusqu'à fin 2011, alors que j'aimerais bien avoir mon mot à dire, et que si je continue à rien comprendre à ce qu'il me demande et que mon futur (j'espère) appart est tout pourri, je rentrerais bien rien foutre en France, où au moins je perdrais pas trois litres de transpiration par jour, et où je pourrais trouver des librairies, foutredieu.
Je continuerais bien à récriminer, mais en fait, j'ai trop la flemme. Je vais m'allonger sur le canapé et imprégner de mes sucs un malheureux oreiller.
Ou alors, je vais m'allonger dans un lavabo. C'est frais, un lavabo.