Laissez-moi à présent vous parler d'un auteur anglais totalement atypique. De part son style parfois tellement baroque qu'il en est presque étouffant, de part l'univers original qu'il a su créer et puis aussi à cause de l'homme lui-même, engagé politiquement dans une période où ce n'est pas forcément bien vu.
China Tom Miéville est né le 6 septembre 1972 (quelle belle année pour venir au monde !) en Angleterre. Coopérant, à dix-huit ans il part pour l'Egypte où il donnera des cours d'anglais. La vie cairote l'inspirera beaucoup pour sa future vie d'écrivain. Il publie son premier livre, Le Roi des Rats en 1998. En 2000, vient l'incroyable roman qui le rendra célèbre : Perdido Street Station. Même si certains se sont amusés à classer ce roman, pour ma part cela me semble impossible. Quelque part dans une zone floue entre de la science-fiction, de la fantasy urbaine et du roman d'horreur, ce livre nous plonge dans l'immensité chaotique de Nouvelle-Crobuzon, cette incroyable ville tentaculaire. Porté par un imaginaire visiblement sans bornes, Miéville nous livre un roman-monde où tout est gigantesque, démesuré. La ville elle-même est un personnage en soi. Les intrigues multiples se croisent et s'entre-croisent pour emmener le lecteur à mille lieues de chez lui. Le style de Mièville est lui aussi impressionnant. Ciselé et précis, il amène l'image juste toujours au bon moment. Il est parfois si riche qu'on se sent noyé sous l'impressionnante masse d'informations que nous livre l'auteur en quelques pages, ou même quelques lignes. Perdido Street Station fait partie de ces romans qui restent profondément ancrés dans l'esprit de ses lecteurs. C'est une oeuvre sublime et indispensable. Je ne me suis pas encore plongé dans les romans plus récents de Miéville. J'avoue ici ma peur d'être déçu. Mais les très nombreux prix que cet auteur a reçus prouvent (ou pas) que mes réticences sont infondées...
Dans sa vie de tous les jours, China Miéville est aussi le militant d'un parti Trotskiste anglais (quand je vous disais que cet homme avait tout pour plaire...). En 2001, il s'est même présenté à la Chambre des Communes, sans succès. Mais sûrement est-ce mieux ainsi, car peut-être n'aurait-il pas eu autant de temps pour écrire ?
La revue Bifrost a même consacré son numéro 53 à cet écrivain pas tout à fait comme les autres. Elle lui consacre un dossier complet de 38 pages (avec une indispensable bibliographie tout à fait complète) et publie une longue nouvelle, forcément atypique. Si vous avez l'occasion de vous procurer cette revue, n'hésitez surtout pas, elle vaut vraiment le coup.
Voilà ce que je pouvais vous dire de China Miéville. J'espère vraiment vous avoir donné envie. Je pense que je reviendrai très rapidement vous parler de lui, surtout s'il se confirme qu'il vient aux prochaines Utopiales...