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Carmen les 2, 3 et 4 septembre à Haroué

Publié le 14 août 2010 par Lorraine De Coeur

La façade arrière du chateau d'Haroué, photo MC Poirier Vous avez peut-être rêvé devant les robes de princesses que je vous montrais début mai. Il est encore temps de le faire, de même que la visite de l’exposition consacrée au chantier du Centre Pompidou-Metz. Car il se passe toujours quelque chose d’intéressant à Haroué qui est cette année encore une escale des opéras en plein air.

Rigoletto avait enchanté la cour du château l’été dernier. Cette fois-ci c’est une femme qui en est la vedette : célébrissime Carmen qui, chantée en français, pourra se passer des surtitrages et être entendue « dans le texte » pour le plus grand plaisir des spectateurs. J’ai assisté à une représentation dans le parc du château de Sceaux pour pouvoir vous en rendre compte comme je l’avais fait précédemment.

Il me semble que cette Carmen est encore plus réussie que le spectacle précédent et il n’est pas présomptueux de la présenter cette fois trois soirs de suite (le 2 septembre étant une représentation supplémentaire).

La philosophie des opéras en plein air

Créé en 2001 par Tristan Duval, Opéras en plein Air est un projet artistique autant atypique qu’inédit, cherchant à donner droit de cité à l’art lyrique auprès d’un public qui en est souvent éloigné. La Lorraine a ainsi accueilli pour la première fois il y a deux ans Les Contes d’Hoffmann, mis en scène à Haroué par Julie Depardieu. Le blog était alors balbutiant et ne l’a évoqué que brièvement. 

Chaque saison se propose de revisiter respectueusement une grande œuvre du répertoire lyrique. La mise en scène est confiée à des créateurs parmi les plus importants. Avec un principe simple : décentraliser l’opéra pour aller là où les non-initiés oseront se rendre et cela sans perdre les amateurs éclairés.

Carmen photo MC Poirier

Le cadre doit rester prestigieux mais être moins impressionnant qu’une scène classique. L’extérieur désacralise la manifestation. C’est comme si la barrière sociale et intellectuelle était gommée par magie. Il devient facile de se risquer à aller à l’opéra. On ne va pas tergiverser sur la tenue de soirée. L’ambiance est forcément plus décontractée. Malgré tout se trouver dans l’enceinte d’un grand monument historique redonne ce qu’il faut de prestige pour rendre à la soirée son caractère d’exception.

Un auteur qui ne savoura jamais le succès
le décor de Carmen, photo MC Poirier

Georges Bizet est né en 1838 d’un père coiffeur-perruquier reconverti en professeur de chant, et d’une mère pianiste qui lui enseigna les premiers rudiments de l’instrument. Dès l’âge de 9 ans il entre au Conservatoire et écrit sa Symphonie en Ut à l’âge de 17 ans.
Il passe trois ans à Rome et se concentre sur l’Opera Buffa. À son retour sur Paris, il remporte un concours d’opéra-comique avec Le Docteur Miracle, créé aux Bouffes-Parisiens en 1857. Les pêcheurs de perles est créé en 1863 et quatre ans plus tard, La jolie fille de Perth lui valut quelques applaudissements mais le succès n’est pas au rendez-vous. Il réalise alors de nombreuses transcriptions pour piano d’oeuvres lyriques à la mode pour le compte d’éditeurs.

Après la guerre franco-allemande de 1870-1871, il écrit un opéra-comique orientaliste Djamileh puis se consacre à Carmen. Il espère répondre aux critiques qui l’ont accusé d’être compliqué et obscur. C’est d’abord un fiasco, et  Bizet ne vécut pas assez longtemps pour savourer l’extraordinaire célébrité que Carmen lui vaudra à titre posthume. Sa mort précoce à l’âge de 36 ans interrompit brutalement une carrière qui aurait sans nul doute été brillante.

Pour comprendre l’histoire

Carmen, ©Didier Doussin – Opéra en Plein Air

Photo Didier Doussin

Cet opéra est probablement  le plus joué dans le monde.
Le livret de Meilhac et Halévy, tiré de l’oeuvre de Prosper Mérimée est exceptionnel, fidèle aux deux principes fondamentaux de l’opéra les idées sont simples et directes, et les motivations claires, ce qui n’exclut pas la subtilité. Chaque acte est subordonné à un seul principe dramatique : Acte I, Carmen séduit Don José ; Acte II, Carmen brise José ; Acte III, Carmen abandonne José et Acte IV, José tue Carmen.

Quelques mots sur la direction artistique

En parallèle de sa maîtrise d’Information et Communication et de la préparation d’un Master d’Etudes Théâtrale, Manon Savary commence à travailler en 2001 comme assistante de Jérôme Savary sur la mise en scène de la comédie musicale Chano Pozo au Teatro America à La Havane puis avec Alfredo Arias sur la création de Madame de Sade de Yukio Mishima au Théâtre national de Chaillot en 2004. Henry-Jean Servat l’engage comme assistante sur la création de  La Traviata de Verdi du festival Opéra en Plein Air. Ensuite elle enchaine les mises en scène de théâtre et de comédie musicale, a fondé sa compagnie et connait très bien aussi le métier de régisseur.

Patrick Poivre d’Arvor fut bachelier à 15 ans. Il parle plusieurs langues, a publié son premier roman Les enfants de l’aube à 17 ans, et a longtemps réussi à mener en parallèle son travail de journaliste et une activité d’écrivain avec une cinquantaine de livres.  Le dernier , Fragments d’une femme perdue, paru cette année, en dit long sur sa connaissance de l’âme féminine. Mélomane fervent (il va au moins trois fois par mois à l’opéra), il avait depuis longtemps envie de travailler sur un opéra. Son binôme avec Manon a été productif. Ils ont conjugués leurs talents pour harmoniser une mise en scène différente des versions habituelles comme vous pouvez le deviner sur ce petit film tourné pendant les répétitions :

Opéra en plein air : dans les coulisses d’une répétition – kewego

Paul-Emmanuel THOMAS fait partie de la nouvelle génération de jeunes chefs d’orchestre français aux trajectoires multiples. Il a dirigé de nombreuses formations à Liège, Nice, Monte-Carlo, Turin … après avoir fait ses débuts avec l’Orchestra Sinfonica de San Remo et le violoniste David Grimal. C’est aussi un interprète éclectique et curieux des courants musicaux de son temps.

Les lorrains apprécieront de savoir que Jean-Michel Adam a fait des études de musicologie au Conservatoire régional de Lorraine, et qu’il est passé par les Beaux-Arts de Metz. Il  a réalisé des mises en scène et signe régulièrement des décors pour le théâtre, les variétés et de cinéma.
C’est lui qui avait réalisé les décors de Rigoletto l’année dernière.

Carmen, opéra en plein air, photo MC Poirier
David Belugou est le seul non américain à avoir reçu le « Barrymore Award » du meilleur costumier. Décorateur par vocation dès l’enfance, il a travaillé une dizaine d’années pour des compagnies de cirque avant d’élargir son domaine au théâtre, à la musique, à la comédie musicale puis à l’opéra et au cinéma.

Les chanteurs ne sont pas (encore) des célébrités mais ils sortent des plus grandes écoles d’opéra et leur talent est déjà immense. Après une saison à chanter un opéra en plein air beaucoup ont reçu des prix, comme celui  de l’Adami ou une Victoire de la Musique Classique dans la catégorie « Révélation Lyrique de l’année».

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Renseignements et billetterie

Les prix des billets s’étalent entre 44 et 79 €.

Réservations : Office du tourisme de Nancy 03 83 35 22 41, de Metz 03 87 55 53 76 ou d’Épinal 03 29 82 53 32

Pour lire le compte-rendu de la soirée à Sceaux cliquer ici.


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