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Un president, un crash, un roman !

Par Citoyenhmida

Un auteur au nom à consonance maghrébine, sinon marocaine! Pourtant, Mohammed HANIF est pakistanais, officier de l’armée de l’air, puis journaliste dans de grands quotidiens américains, avant de travailler pour la BBC.

Un titre assez bizarre : « ATTENTAT A LA MANGUE » pour ce roman paru en septembre 2006 chez les « Editions des 2 terres » dans une traduction de l’anglais réalisée par Bernard Turle !

UN PRESIDENT, UN CRASH, UN ROMAN !

Pourquoi ce titre, simplement parce le nœud du roman se dénoue en fait  lors d’une « modeste soirée mangues à bord de PAK ONE » » !

PAK ONE est l’avion présidentiel de Zya Ul-Haq, le dirigeant pakistanais qui a tenu son pays d’une main de fer pendant une décennie après son coup d’état de 1977.

PAK ONE, un C 130, l’avion le plus sûr du monde, va exploser en plein ciel, au dessus du désert de Bahawalpur, lors de la « modeste soirée mangue », avec à son bord le président pakistanais, la plupart des dirigeants militaires du pays et l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique.

Les faits sont réels et remontent au 17 août 1988 : on ne put jamais établir  s’il s’agissait un accident ou un attentat.

Mohammed HANIF partit donc de cette réalité  pour écrire un roman, autour d’une intrigue plutôt effilochée et décrit le cœur du pouvoir au Pakistan sous la dictature de Zya Ul-Haq.

L’intérêt principal de l’ouvrage réside dans cette autopsie d’un régime où le président, obnubilé par d’éventuels complots, tient son pays, ses dirigeants militaires et son gouvernement sous une chape de plomb qui finit par lui faire perdre le sens des réalités !

Le roman de Mohammed HANIF est très bien documenté et certaines scènes révèlent un réalisme absolument époustouflant. On pourrait cependant penser à beaucoup d’autres chefs d’état en découvrant le quotidien de Zya Ul-Haq : on y retrouve presque  du Ceausescu, le roumain, du Kadhafi, le libyen, du Saddam, l’irakien.

Cela  commence par la paranoïa du président pakistanais entamant ses journées par le choix aléatoire d’un verset du Coran, qui déterminera ses décisions et même son humeur (page 44 et suivantes).

Le premier conseil après son coup d’état, tenu en présence de huit de ses généraux (page 55 et suivantes) nous montre comment Zya Ul-Haq parvient les mater littéralement en leur imposant la lecture d’un verset du Coran.

La convocation de l’ambassadeur des U.S.A. à une réunion nocturne inopinée avec un prince saoudien et le directeur de la C.I.A. (page 115 et suivantes) sont un morceau d’anthologie où l’on découvre les facéties dont sont capables ceux que l’on suppose être les grands de ce monde.

Autre passage assez amusant que celui de la visite médicale à laquelle se plie de bien mauvais gré le dirigeant pakistanais (page 138 et suivantes).

La description d’une cérémonie de remise de dons à des veuves nécessiteuses – en fait des femmes de fonctionnaires triées sur le volet, sécurité oblige – démonte le processus de désinformation des pakistanais par les organes officiels de presse (pages 192 et suivantes).

D’autres scènes mettent en exergue  des moments-clé de la vie du dictateur pakistanais, comme ses relations très particulières avec l’officier chargé de sa sécurité personnelle (page 250 et suivantes).

Le reste du roman est une suite assez confuse d’événements auxquels on peut éventuellement  s’intéresser si l’on apprécie le genre : un corbeau porteur d’une malédiction funeste, une aveugle condamnée à la lapidation, le vrai faux suicide d’un haut gradé de l’armée, un jeune officier  de bonne famille et aux mœurs équivoques, une pléthore d’autres personnages qui ajoutent plus de la confusion que de l’intérêt à ce roman !

Mais finalement, ATTENTAT A LA MANGUE constitue une excellente lecture pour les vacances !


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