Un festival «au sommet» - à tous points de vue!
C'est cette année la septième édition de ce festival «Les Sommets du ClassiquE» (avec un E final majuscule, comme Espoirs, Etoiles et Enchantement). Ce festival, qui se tient à Crans-Montana au début du mois d'août, représente une «entreprise» délicate, qui exige la collaboration étroite de bénévoles dévoués, de sponsors généreux, d'artistes de talent et d'un public assidu qui les soutient en étant au rendez-vous.
Cette année est très «espagnole» et très «Chopin», même si évidemment les grands compositeurs classiques allemands et slaves, incontournables, restent très présents. A chaque jour suffit sa surprise, car les musiciens ne cherchent qu'à vous étonner!
Ce qui frappe le mélomane, c'est d'abord la qualité des interprètes qui interviennent au cours du festival. Pour qui a suivi le festival depuis ses débuts en 2004 (ce qui est notre cas), force est de reconnaître que la qualité était au rendez-vous chaque année, et ce dès l'origine. Mieux: la qualité augmente chaque année, si bien qu'on se demande où cela s'arrêtera... Certes, le ciel est la limite», mais précisément les organisateurs doivent avoir des arrangements avec le ciel pour approcher ainsi de la perfection chaque année, malgré tous les obstacles en travers de leur chemin, entre journalistes grincheux, crise économique et imprévus de toutes sortes!
Car c'est un dosage équilibré qu'ils nous proposent entre gloires musicales, artistes confirmés et jeunes talents. Cette année, des monstres sacrés de la musique française comme Michel Legrand ou Natalie Dessay cotoient la jeune violoniste surdouée Masha Diatchenko, le violoncelliste Adrien Frasse-Sombet si ardent à «expliquer» sa musique, et plusieurs jeunes pianistes de très grand talent, dont François-Xavier Poizat, un habitué des lieux dont Martha Argerich saluait le «lyrisme profond», et les brillantissimes Denis Kozhukhin, Alexey Sychev, Christopher Falzone, Nazareno Ferruggio, Liebrecht Vanbeckevoort… La liste est longue et ceux que nous oublions nous pardonneront.
On en vient parfois à se demander si ces «jeunes virtuoses du futur», que le festival cherche à promouvoir, ne seraient pas en fait des extraterrestres, tellement leur art touche au sublime, tout en paraissant si simple et si naturel qu'on a presque l'impression que, somme toute, «c'est facile». Cette facilité apparente est justement la marque du talent; elle cache toujours un travail acharné et un énorme investissement personnel, car le don et la technique ne suffisent pas à faire un virtuose, il faut en plus de ce savoir-faire une compréhension approfondie de l'œuvre pour aboutir à une musicalité unique, rencontre du compositeur et de l'interprète, celle qui distinguera un Glenn Gould d'une Martha Argerich ou d'un Horowitz. C'est la maturité de ces jeunes qui étonne le plus - mais il est vrai qu'ayant souvent débuté le piano ou le violon à l'âge de 4 ou 5 ans ils ont eu tout le temps nécessaire pour mûrir, si tant est que ce fût nécessaire! Puissent-ils continuer à enchanter leur public (valaisan ou non) encore très longtemps.
Un grand bravo aux organisateurs, et un grand merci aux artistes! Quant au public, c'est nombreux qu'on l'attend: la musique élève, et transporte sur des «hauteurs inspirées» qui n'ont rien à envier aux plus hauts sommets!
Thierry Falissard