J'ai relevé sur le Bistro d'hier une discussion assez intéressante (comme quoi, tout arrive ). Clicsouris pose ici plusieurs problématiques qui se rejoignent : faut-il tenir compte de l'audimat (pour reprendre son expression) des articles et privilégier les plus lus ? Mais dans ce cas, comment s'organiser ? Faut-il se concentrer sur les articles les plus importants (mais comment déterminer ces derniers ?) indépendamment du nombre de leurs consultations ? Et, la question qui apparaît en filigrane : y a-t-il des sujets à traiter prioritairement en fonction d'un critère d'encylopédicité plus ou moins prononcé ?
Déjà, une remarque s'impose : chacun est libre, avec quelques limites bien sûr, de contribuer sur ce qui lui chante. Difficile donc d'établir des programmes contributifs, comme le propose Clicsouris, visant à favoriser les contributions sur tel article ou à propos de tel sujet. Ils ne pourraient évidemment n'être qu'indicatifs, en aucun cas contraignants. Cette limite pratique - mais ô combien essentielle - posée, il n'en demeure pas moins qu'une encyclopédie n'est pas un simple amas désorganisé de connaissances. Wikipédia, malgré sa nature spécifique - collective, instantanée, anti-élitiste (mais cela ne va pas sans inconvénients, comme l'explique très bien Yohan Picot dans cet article que je vous mets en lien et que je vous conseille vivement de lire) - doit faire preuve d'un minimum de cohérence dans ses approches et traitements. D'où l'établissement de projets thématiques visant, avec plus ou moins de succès, à uniformiser les articles sur le sujet donné. Sauf que la cohérence globale interprojets est alors quasi-inexistante, malgré toutes les décisions communautaires. Bref. Tout cela pour dire qu'un projet ne peut qu'orienter ses participants, et que si ces derniers préfèrent malgré tout traiter de sujets périphériques avant de créer et de peaufiner les articles de base, on ne peut pas y faire grand chose. Même s'il est regrettable qu'une encyclopédie disserte sur l'accessoire avant l'essentiel (en principe, elle doit faire l'inverse, posant d'abord les bases avant d'élargir la vision...).
Se pose donc au-delà la question de la hiérarchie des savoirs (oui, oui, on arrive au sujet du billet, déjà bien esquissé
). Incontestablement, cette hiérarchie existe : c'est la différence entre ce qui est général et ce qui relève du détail (cf paragraphe précédent) mais aussi, et surtout, entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Et c'est là le noeud du problème : il faut évaluer cette importance (ce qui est fait avec le projet Wikipédia 1.0 mais, comment dire, bof...) en fonction de certains critères. Lesquels ? Déjà, je réponds à la première question que j'ai posée en élimininant le nombre de consultations ("l'audimat"). Car ce qui est intrinsèquement important, en terme de "savoir" au sens large, n'est pas forcément le plus intéressant ni le plus accessible. Wikipédia est faite pour ses lecteurs mais pas que. L'idéal serait donc de procéder comme ce qui devrait être fait sur chaque projet. Aller du plus général au plus détaillé, ici aller de l'essentiel au moins important, en fonction d'un programme prédéterminé. Ou en tout cas se concentrer sur ce qui est habituellement abordé dans une encyclopédie avant tout. Autrement dit, pour simplifier (et même être simpliste), les maths et l'histoire avant les mangas (désolé Darkoneko) et le catch. Enfin, ce n'est qu'un idéal... parmi d'autres. Car tout ici n'est qu'affaire d'interprétation, évidemment. On tombe même dans de vieux débats sans fin. Il n'empêche, on ne m'enlèvera pas l'idée qu'il est problématique de voir des thèmes mineurs ou superficiels pleins à craquer d'AdQ alors qu'il reste tant de choses à faire en histoire, en économie ou en sciences. Oui, je sais, je suis snob, là.Reste la suggestion de se concentrer exclusivement ou quasi sur ce qui existe déjà, au détriment donc de la création. Bon, cela ferait hurler les inclusionnistes, et semble de toute façon irréalisable. Il ne faut pas n'importe quoi sur Wikipédia, je l'ai toujours dit, mais je ne suis pas sûr que bloquer toute extension au profit de la consolidation serait synonyme d'amélioration qualitative (quoique...). Éventuellement, la création, proposée sur le Bistro, d'un projet transversal se consacrant à l'étoffement de l'existant est une piste à creuser. Mais je ne suis pas convaincu que cela aurait des effets extraordinaires.
De toute façon, il ne faut pas perdre de vue que ce qui importe sur Wikipédia, c'est de prendre du plaisir à contribuer, à apporter à autrui. Sur ce que l'on veut. C'est ce qui a toujours fait la richesse de Wikipédia, malgré les inévitables inconvénients que je viens de décrire. C'est même son axiome initial. Peut-être que ce genre de contraintes n'est donc pas souhaitable, finalement.