Posté par laetSgo le 14 août 2010
Du coup, j’ai du me contenter de la radio, les quelques fois où nous utilisâmes notre char à bœuf des temps modernes. Et en particulier France Info, because mes stations habituelles ne diffusaient pas de bulletin d’info à ces moments-là. Je n’ai donc pu ignorer le discours de Grenoble. Non, je n’ai pas ouï sa diffusion ou re-diffusion (de toute manière, la voix de notre Président dont l’ego est inversement proportionnel à la taille me file des boutons donc j’aurais zappé). Uniquement les points marquants relayés par des journalistes en mal d’actu, ravis de diffuser des propos xénophobes, aux relents nauséabonds d’évènements du passé dont on souhaiterait qu’ils n’aient jamais eu lieu. Ca m’a fait passer l’envie d’écouter plus longtemps. Il y a info, et il y a gesticulations. Nuance.
A un autre moment, c’est de l’affaire Bettencourt qu’il s’agît. A l’affut de la moindre nouveauté, j’appris que Woerth était en garde à vue. A vrai dire, je ne sais si c’était une GAV, mais en tout cas, il était interrogé. Diantre, j’allais enfin pouvoir suivre un nouvel épisode de la sage de l’été, cette sordide affaire, ô combien révélatrice du mélange des genres dont les politiques de notre pays sont si friands. Et bien je suis restée sur ma faim.
Il était interrogé (le jour J). Il avait été interrogé (le lendemain du jour J). Mais encore ? Bezef, que dalle, circulez, y’a rien à voir. L’encre de la signature de la pauvre comptable n’était pas encore sèche sur le procès verbal du nième interrogatoire qu’elle subît, que déjà, des morceaux choisis, des morceaux de roi visant à jeter l’opprobre sur toutes ses déclarations, fuitaient allègrement dans la presse. Mais pour le comptable de l’Union des Magouilleurs Populistes, pas de fuite, pas de trace, pas vu, pas pris. En tout cas sur les ondes radiophoniques. Je n’avais la possibilité de vérifier toutes les autres sources qui, j’en suis convaincue, m’en auraient appris plus. (Il s’avère à posteriori que la radio n’a pas éludé, et que rien n’a fuité en réalité, mais imaginez ma frustration sur le coup !!!).
J’ai aussi bien évidemment été tenue informée des feux en Russie. Mais j’attendis longtemps un début de trace d’explications du pourquoi du comment : il me fallut lire le Canard pour avoir plus que de l’info « brute », sans contexte, sans recul, et, j’ose le dire, sans valeur ajoutée aucune. (j’avoue, je n’ai pas résisté à l’achat du Canard lors de l’une de nos incursions urbaines : il y a des choses sur lesquelles on ne peut transiger
En me cantonnant à la radio, je n’eus à aucun moment d’informations sur les sujets qui m’intéressent d’habitude. Pas un mot sur la tentative d’achat par un groupe canadien d’un gros fournisseur d’énergie icelandais, et sur les manifestations que cela à déclenché dans le pays. Pas un mot sur la situation grecque (à part me semble-t-il l’annonce vague d’une grève – une de plus, quels branleurs ces grecs ! pourraient pas se laisser empapaouter sans rien dire ?) et la hausse massive du chômage par la grâce des réformes entreprises par le gouvernement socio-démocrate. Pas un mot sur la fin de non recevoir que s’est pris le FMI en Hongrie, et ce alors même que ce sont des libéraux au pouvoir, parce qu’il voulait faire abroger une loi (temporaire je vous rassure, amis capitalistes) visant à taxer les banques. Jubilation quand j’ai lu le communiqué sur le site du FMI ! Et retour à l’envoyeur avec intérêts, si je me souviens bien des propos de DSK dans son interview (complaisante, mais c’est inutile de le préciser) où il jurait les grands dieux que c’étaient les hongrois* tous seuls (et jamais ô grand jamais le FMI) qui avaient choisi et adopté les réformes. Arf, j’en rigole toute seule ! Si même la Droite se met à taxer les banques, où va-t-on !
Tout cela pour dire que si je devais me contenter de ce que j’entends à la radio (et je ne parle même pas de la désinformation des jités), mes connaissances de l’actualité seraient très limitées, bien encadrées et sans danger pour les pouvoirs en place. Non que je représente un quelconque danger par ma petite personne (Didier, Suzanne, c’est une figure de style, je suis plutôt grande), mais la connaissance a toujours été, sera toujours une menace pour les élites dominantes. Elle ne doit pas être mise entre toutes les mains. Elle doit être balisée, contrôlée, rester inoffensive, innocuite (je sais, ça fait bizarre, mais j’ai pas réussi à dégoter le substantif d’innocuité…si un lettré pouvait me l’indiquer…). Je ne suis donc pas prête à renoncer au web et je suis très heureuse de vous retrouver !
*Correction : c’est de la Roumanie dont parlait DSK nommément lors de l’interview, mais ses propos avaient valeur générale donc cela vaut aussi bien pour la Hongrie.