Tout s’est produit très rapidement sans avoir vraiment le temps de réaliser ce qui se passait. En fait, j’étais en train de rouler sur la côte après Iquique sur une sorte de corniche bordée par des précipices assez abruptes. Je dois dire que j’attaquais pas mal car ces routes étaient sinueuses et j’avais plus de 600 kilomètres dans les jambes ce jour là, bref, j’avais envie d’une bonne bière quoi! Je suis donc arrivé à un virage à 180° dans une pente descendante, je l’ai pris à 70km/h sans trop exagérer mais j’étais loin de me douter qu’un vent de malade
m’attendait de l’autre côté du virage, un vent qui a littéralement levé ma moto et qui m’empêchait donc de me pencher pour continuer à prendre mon tournant. A cet instant précis, je fonçais tout droit vers la barrière de sécurité et derrière, le précipice… Je ne sais toujours pas comment j’ai eu le merveilleux réflexe de coucher la moto par terre pour éviter ce qui aurait pu être vraiment très très grave, à savoir tomber de la falaise…
Par chance, une camionnette de 3 hommes me suivait et ils m’ont vu chuter. Ils se sont arrêtés et m’ont directement porté secours, j’étais complètement sonné, ailleurs… J’ai eu trop de bol car un de ces hommes était le responsable du contrôle technique du coin et il s’est occupé de remorquer ma moto tandis que les deux autres me conduisaient aux urgences où je me suis fait recoudre le genoux, +/- 20 points, pas très joli de voir sa rotule, bref je vous passe les détails! Mon pied était quant à lui assez mal en point aussi, il me fait d’ailleurs toujours un peu mal aujourd’hui. A l’hôpital (si on peut appeler cet endroit par ce nom), j’ai été reçu comme un prince… Les infirmières m’ont prodigué les soins avec une attention toute particulière. Le seul hic, c’est qu’il n’y en avait qu’une qui avait moins de 50 ans et ce n’était même pas la plus jolie! Apparemment, je ne serais pas le seul à avoir eu un accident à cet endroit, Tocopilla est mieux connue sous le nom de « madre del viento » ou « mère du vent »…
Deux jours après l’accident, j’ai décidé de me remettre de mes émotions en allant à San Pedro de Atacama où une copine de
Bruxelles m’a rejoint, Dominique. Nous avons passé un délicieux moment dans cet endroit très laid-back. Au « menu », fêtes, restaurants, détente à l’hostel, petits cafés sur des terrasses ensoleillées, lecture et photos. Le pied (très mauvais choix d’expression vu les circonstances, je sais)! Nous y sommes restés 4 nuits. Il régnait d’excellentes ondes dans notre hostel, je le recommande fortement: le Backpackers. Un mot sur cet endroit vraiment cool: San Pedro de Atacama est une petite ville située sur l’alti-plano chilien, juste à quelques heures de route de la Bolivie et de son fameux Uyuni.
J’ai également eu l’occasion de faire du cheval à la fin de mon séjour à San Pedro. Je dois dire qu’avec mes points au genou, ce n’était pas très confortable mais le jeu en valait la chandelle. J’ai pu observer un lever de lune dans la vallée de la … lune! C’était un moment unique que j’ai eu la chance d’immortaliser (cfr l’image principale actuelle de mon blog) lors d’un petit apéro que la guide m’avait préparé. Ensuite, je suis rentré à cheval au clair de lune à travers les vallées où de mystérieux jeux d’ombres ont nourri mon imagination. Je n’oublierai pas cet instant d’aussitôt.
Après avoir profité de 4 jours de farniente, il était temps de rentrer sur Tocopilla pour s’occuper de ma petite sauterelle blessée elle aussi. Heureusement que c’est une robuste! Elle n’avait pas grand chose à part des griffes sur le flanc gauche et une direction complètement faussée car la fourche était tordue. J’ai tant bien que mal essayé de la faire redresser mais elle ne roulait plus droit. J’ai donc du rouler presque 200 kilomètres dans cet état pour rejoindre une ville plus importante et espérer trouver un mécanicien compétent, je dois dire que je ne me sentais plus très à l’aise sur la moto, je ne voulais vraiment pas rechuter…
Arrivé à Antofagasta, deux choix se sont présentés à moi: soit je fais réparer la moto sur place et je reste le temps qu’il faut pour que tout soit en ordre (pas très drôle), soit j’essaie de trouver un camionneur qui descend jusque Santiago et qui veut bien nous y amener, ma sauterelle et moi. C’est finalement cette option que j’ai choisie. C’était vraiment l’aventure… Mouha!
J’ai donc partagé 48 heures de la vie d’un routier chilien dans une cabine, ma foi, fort étriquée. L’homme parlait très vite avec un accent prononcé, si bien que je ne comprenais pas très bien tout ce que se disait… Tout ce que je peux vous dire c’est que j’ai rarement rencontré quelqu’un qui parlait autant. Je pense qu’il devait être tout simplement très heureux d’avoir trouvé un nouveau compagnon de route. Au bout d’une heure, je connaissais les caractéristiques techniques de son camion par coeur, l’endroit où il a rencontré sa femme et l’âge auquel son fils a perdu ses dents de lait… Je dois dire qu’à certains moments, j’aurais payé très cher pour un peu de silence dans cette cabine. Au moment d’arriver à Santiago, l’homme s’est jeté dans mes bras, m’a fait promettre que nous resterions en contact toute notre vie et j’ai carrément du le forcer pour qu’il accepte mon argent… Que de belles émotions!
Bon avec tout ça, je n’ai pas parlé de la montagne et du ski dans les Andes. Ce sera l’objet de mon prochain article! I’ll keep you guys updated!
Les photos sont ICI