Je profite de ces clés mises à libre disposition par Pierre-Arnaud, qui doit continuer à rouler (et se les rouler) entre l'île de Ré et le marais poitevin (enfin, j'imagine), pour embarquer ce camion sur les chemins de traverse de l'anecdote. J'ai fouillé dans le tas de notes qui ont précédé l'édition du livre, un petit carton de documentation diverse, cahiers, notes, photos, cartes routières, gri-gris et autres souvenirs de cette aventure...J'en ai ressorti un petit face à face, sorte de comparatif entre manuscrit de départ et page d'arrivée, en faisant l'impasse sur les autres étapes d'écriture (sinon ça prendrait trop de place). A titre de curiosité (et pour ceux qui ont de bons yeux) ça donne ça:
La page manuscrite a été écrite à l'automne 2007, dans une Penzion du côté de Kosice (prononcer Kochitsé), en Slovaquie. La tache, en haut à gauche, c'est un reste de verre de vodka polonaise. Ou plutôt plusieurs. Ainsi qu'une bonne bière tchèque. Parce qu'il n'y a pas de raison de ne pas vérifier sur le terrain ce qu'on a dans la tête. Et qu'après l'effort, un peu de réconfort ne nuit pas. Beaucoup non plus.
J'ai croisé pas mal de gens sur place: le personnel de l'Alliance française, une interprète, un expatrié français un peu louche ( trafic de voitures?), un ex-apparatchik de l'ancien régime soviétique et un vieil écrivain dissident (les deux dans la même journée), les habitants et le maire d'un minuscule village, enclavé à cinq cent mètres de la frontière polonaise. Après avoir trinqué à la Slovaquie et à l'alcool de prune, il m'a remis un livre traitant de la bataille de Kalinov (le village en question, en 1944), qui a opposé l'armée soviétique à l'armée allemande stationnée dans le coin. Sur la page de garde, on distingue un charmant petit badge à la gloire des sauveurs soviétiques. Qui ont eu tendance à s'installer sur place pendant près d'un demi-siècle (mais de ça, on n'a pas parlé: il faut parfois savoir éviter les sujets qui fâchent).
Dans l'extrait ci-dessus, on était page 148 et plus précisément à Berlin-Ouest. Autant dire qu'il s'est passé pas mal d'événements depuis les débuts à New-York. Là, je vous propose un rapide retour en arrière (c'est bien pratique, ces touches Rewind virtuelles). Nous sommes toujours à New-York, le personnage principal s'est envolé vers des horizons qui chantent, laissant Julian, son bras droit (et âme damnée), en carafe dans Manhattan. Qui commence un petit peu à s'énerver. Page 61.
Quand je vous disais qu'un des personnages s'était éclipsé... On est dans un avion, vol New-York/Paris, et accessoirement page 69.
(à la semaine prochaine, pour de nouvelles aventures)