C'est l'été. Les journaux bullent. Les hommes politiques aussi. Mais ces moments, qui pour beaucoup d'entre nous sont des moments d'insouciance, ne le sont pas pour les journalistes ou les hommes politiques.
Pourquoi ? Parce que les institutions, et les journaux sont aussi des institutions, ne s'arrêtent pas, même si certains
prennent des vacances, même si l'actualité ralentie.
Je trouve ces moments de basse-eaux politiques souvent révélateurs.
Et la journée d'aujourd'hui ne fait pas exception bien au contraire.
Tenez prenons la Une du jour du grand quotidien de la droite française.
Ce matin Le Figaro s'extasie sur "le bel été des palaces français".
C'est vrai, nous étions très très inquiets pour les fleurons français du luxe qui avaient vu au coeur de la crise "leur taux d'occupation passer sous la barre des 50%". Nous étions sans aucun beaucoup plus inquiets pour le sort du Ritz, du Negresco ou encore du Lutetia que pour les 12 millions de sans-abris pakistanais ou les sinistrés des incendies russes.
Nous étions surement plus inquiets pour le sort du Bristol ou du Martinez que pour cet appartement que nous avons tant de mal à touver qui pour agrandir sa famille, qui pour son enfant étudiant ... ou qui simplement pour trouver un logement digne et salubre.
C'est normal, nous savons que nous pouvons compter sur un sous-ministre du logement. Enfin ... compter est un bien grand mot, vous m'avez bien compris.
Tout comme le centre d'intérêt du Figaro, l'occupation estivale de Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au Logement depuis juin 2009, est révélatrice.
La crise du logement constitue une des difficultés majeures des français. La France compte ainsi 3 millions de mal-logés selon la fondation Abbé Pierre. Mais Benoist Apparu pense d'abord à sa carrière et à sa notoriété. Et pas vraiment par l'action, le débat ou la proposition... Mais en donnant cette interview totalement dépolitisée pour L'Express hier, comme celle qu'il donnait à France Inter le 15 juillet dernier...
Une interview qui doit faire chaud au coeur aux habitants de la Cité de l'Etoile à Bobigny. Une Cité dans un état de délabrement incroyable mais dont la rénovation a été bloquée par le ministère de la Culture. Lequel a donné un an à des experts pour examiner la compatibilité du projet de rénovation urbaine avec le respect de l’œuvre de Georges Candilis, l’architecte de cette cité édifiée dans l’urgence des années 1950. MediaPart dans un très intéressant article explique que "la direction générale des affaires culturelles d'Ile-de-France veut réfléchir à sa valeur architecturale et historique et aux moyens de la préserver".
Ce que le minstre de la Culture fait d'une main, le sous-ministre du Logement l'ignore. Qu'importe si les habitants, amers et désespérés, doivent continuer à vivre dans l'insalubrité et l'insécurité matérielle comme le montre cette vidéo de MediaPart :
(Source : Médiapart)
C'est vrai que Benoist Apparu ne fait que s'inspirer de son nouveau modèle politique et de son patron, Nicolas Sarkozy. Lequel depuis qu'il a pris ses quartiers d'été au Cap Nègre ne cesse de communiquer sur sa "proximité" avec le petit peuple du coin.
Nous avions eu droit au publi-reportage de TF1 "Sarkozy et les beignets de Ginette". Et puis aujourd'hui via la presse anglaise c'est la séance photo "Sarkozy mal-rasé et qui mouille sa chemise en compagnie du petit peuple" à laquelle nous avons droit :
Enjoy comme disent les british...
Combien faudra-t-il de ces "publi-reportages" comme ceux-là pour faire oublier que Nicolas Sarkozy mouille sa chemise pour la bande du Fouquet's, pour le "Premier Cercle de l'UMP" qu'il réunit régulièrement indifféremment à l'Elysée ou au Bristol plutôt que pour les Français. Combien d'operations de com' pour faire oublier qu'il est l'homme des Bettencourt, des Bouygues plutôt que celui des habitants de la Cité de l'Etoile ?
Le MailOnline aura vu très juste en plaçant ce reportage photo sur les auréoles présidentielle dans sa rubrique "TV&Showbiz". On fait la Une des rubriques que l'on mérite... Pauvre France.
Par RichardTrois
dans http://www.lepost.fr/