Jeunes pop: après la caravane des idées, la campagne sans idées!

Publié le 13 août 2010 par Letombe

Après la folle aventure estivale de la Caravane des idées, voici venu le temps pour les Jeunes pop d'élire leur président. Six candidats en lisse, un seul vainqueur, toutes les conditions semblent réunies pour que des voix s'élèvent, que des idées émergent, en un mot : que le débat soit. Mais débat ne rime pas toujours avec idées.



(dessin : Louison) Dans une semaine, la branche des jeunots de l'UMP, devra élire son nouveau président. Celui-ci sera confronté à un défi de taille : gérer la campagne présidentielle pour 2012.  En face de Benjamin Lancar, président sortant et candidat à sa propre succession, cinq jeunes umpistes de 19 à 29 ans comptent bien tirer leur épingle du jeu : Mike Borowski, Aurore Bergé -déjà candidate en 2008 et actuelle porte-parole des Jeunes pop-, Niels Verdonk, Louis Morin et Laurent Dubois. Entre les soupçons de fraude  et l'abondance de candidats, l'ambiance est à la controverse. Lancar doit affronter une pluie diluvienne de critiques ; de son bilan, ses détracteurs ne retiennent que le « buzz médiatique ». Mike Borowski, fondateur du collectif « Pour plus de démocratie dans les jeunes populaires », n'a pas de mots assez durs pour dénigrer l'action de son rival : « Il a fait fuir les adhérents, c'est le plus mauvais président des Jeunes populaires depuis l'époque des Jeunes RPR. Il fait de la communication creuse ». 

« On ne parle pas politique »

Et la campagne qui fait rage prouve l'absence de fond. Avec six listes en course, et des concurrents aussi différents que nombreux, les affrontements auraient pu, légitimement, prendre la tournure de débats d'idées. Les mesures sécuritaires annoncées par Sarkozy, la réforme des retraites, représentent autant de bonnes raisons de prendre position. Mais, plutôt que d'investir le terrain idéologique, les Jeunes pop préfèrent s'écharper sur des questions d'organisation interne. « On ne parle pas politique », regrette Mike Borowski. Le candidat originaire de Seine-Saint-Denis reproche au président sortant d'être une caricature du Jeune populaire et martèle sa volonté d'ouvrir l'organisation à un plus large public que les seuls militants parisiens du 16e arrondissement, étudiants à Science po. Droit dans ses bottes, Lancar réplique : « J'habite dans le 2e arrondissement ». Jolie joute verbale mais pour les idées il faudra repasser. 

« On fait de la pédagogie sur les réformes »

Et si les Jeunes pop n'avaient finalement pour seule vocation que celle de soutenir le président et plus globalement la majorité ? Début juillet, les militants en herbe fraîchement débarqués sur les plages françaises à bord de leur caravane dispensaient tous le même discours, resucée de celui de l'année précédente : « On fait de la pédagogie sur les réformes ». Benjamin Lancar, deux ans plus tôt, en avait déjà fait son cantique.

Soutenir oui, proposer jamais

Pourtant, en 2008, à l'occasion de son élection, le fougueux Benjamin avait déclaré, rempli de l'illusion de la jeunesse : « D'ici 2 ans, les Jeunes pop seront devenus le poil à gratter de l'UMP ». Certes, le lipdub mettant en scène ministres et militants poussant la chansonnette (en playback) main dans la main a dû sérieusement démanger le gouvernement, mais à part cet épisode haut en couleurs, la machine Lancar semble plutôt rouillée. Quand on interroge le jeune président sur ses priorités, la réponse fuse : « Le maillage territorial, un soutien sans borne à Nicolas Sarkozy ». Mais aucun positionnement idéologique. Il accepte de se définir du bout des lèvres « plutôt libéral économiquement, et conservateur sur les questions de sécurité ». Finalement, un jeune populaire qui se respecte épouse avec précision la ligne du parti et fait la promo de Sarkozy. Pas question de se poser en force de proposition: aux Jeunes pop on soutient, on ne suggère pas. Laureline Dupont - Marianne http://www.marianne2.fr/