Chronic'art fête ses dix ans, bonne occasion pour l'Ombre du Z. de se déployer sur la mouture actuelle de ce magazine hybride, né sur le
net avant d'investir à l'automne 2001 les étals des kiosques. Magazine culturel généraliste (BD, musique, cinéma, littérature, société, jeux vidéo, arts plastiques...), il rentre dans la case des lectures
hardcore. Impossible en effet de s'enfiler un article ou une
interview, notamment celles de penseurs, entre deux arrêts de métro/bus ou en s'écoutant un classement de l'importun Dechavanne en fond et espérer en retirer quelque chose (du sens, un aiguillage, une éclarcie...) : les références philosophiques, les termes ultra-spécialisés ou les anglicismes dans l'ère du temps se dressent en de provocatrices saillies type "oui, toi, là, t'es déjà
has-been" tandis que le mot préféré de la rédaction semble être post-modernisme.Langage pompeux et rosseries gratuites (le classement des pires écrivains de l'année, ça c'est de la rébellion),
Chronic'art agace facilement.
Pourtant, il demeure bien plus fréquentable que d'autres confrères qui se garent via le même créneau, au hasard,
Les Inrockuptibles. Parce que ses attaques font souvent mouche et que le ton qui est le sien lui permet de nager à contre-courant de certains consensus. Parce que la rugosité de son écriture s'accompagne d'analyses qui vont souvent plus loin que le simple
test de produits culturels. Parce qu'il est l'un des rares organes papier à pouvoir être qualifié de défricheur, les sorties (au pire éclectiques, au mieux originales) qu'il met en avant et les coups de cœur non-conformistes qu'il accorde contrebalançant allègrement la restriction quantitative que sa ligne éditoriale lui impose. Un carcan, enfin, que son prolongement sur le
web met en pièces, ce "magazine culturel connecté" ayant trouver la recette homogène pour durer dans les deux mondes.
Chronic'art (Les Editions Réticulaires) - Depuis 1997 (toile) et 2001 (papier)
Verdict du Père Siffleuret demi