SOCIÉTÉ :
Pour Gérard Minet, président régional de la Ligue des droits de l'homme à Lille, la politique des autorités se résume à un verbe : expulser.
Un campement de Roms «évacué» hier à Lesquin, près de Lille, annonce la préfecture du Nord. Votre réaction?
C'est l'application bête et méchante des directives nationales.
La préfecture indique que les familles ont été orientées vers l'Office français de l’immigration et de l’intégration pour un éventuel «retour volontaire vers leur pays d’origine».
C'est la politique traditionnelle de la Préfecture. Ils donnent deux possibilités. La première, c'est le retour au pays avec 1000 euros par adulte et 300 euros par enfant. La deuxième, c'est l'obligation de quitter le territoire français, l'OQTF.
Neuf personnes sur les 48 ont l'obligation de quitter le territoire. Vous pensez que si les 39 autres refusent le retour volontaire, c'est l'OQTF qui les attend?
J'en suis persuadé. A chaque fois qu'on rencontre un représentant du préfet, la réponse est claire : c'est soit le retour volontaire, soit l'OQTF. J'ai posé la question à la sous-préfète à l'égalité des chances, c'est la même réponse. Il n'y a pas d'autre politique, il n'y a pas d'hébergement d'urgence, pas de crédits, pas de politique d'accueil.
En gros ils ont le choix entre partir et partir?
Partir avec des sous ou partir expulsés. Troisième possibilité : on les déplace. Rue de Marquillies, il y a deux ans, ceux qui avaient une caravane en état de marche ont été escortés par la police jusqu'à Lens, et puis débrouillez-vous. Mais ça ne règle rien non plus. Ceux qui arrivent en Roumanie avec 3000 euros par famille reviennent quand ils ont tout dépensé. D'autres disparaissent, par crainte d'être expulsés. C'est ce qui s'est passé cet été à Mons-en-Baroeul, près du futur parking du Grand stade. On n'arrive plus à localiser un des deux groupes qui étaient là, originaire de Tismisoara.
Ça pose un problème de suivi.
Ils ont de nombreux enfants. L'essentiel, c'est la scolarisation, y compris dans le domaine de la sécurité. Sans scolarité, pas d'intégration. Sans intégration, il y le risque de la violence. La priorité, c'est de trouver des terrains, pour que ces enfants aillent à l'école.
Recueilli par Haydée Sabéran.
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