Collage de textes par Marc-Antoine Cyr et Claude Poissant. Extraits des missives de Yann Martel à Stephen Harper et des œuvres qu’elles engagent.
Me voici au théâtre, après une journée où j’ai passé pas loin de six heures dans les Cafés littéraires. À entendre des mots. Des mots d’auteurs pour lesquels je venais de faire une place toute chaude, le temps de voir comment je m’entendrais avec eux. Bref, dès le départ, je me suis demandé ; vais-je trouver de la place dans ma tête pour ce spectacle mettant en l’honneur l’esprit percutant et persistant de Yann Martel, celui qui s’est acharné à poster livres et lettres à notre premier ministre, sans jamais recevoir le moindre petit accusé de réception.
J’ai commencé par regarder les déplacements de corps et d’intensité, me laissant imprégner de l’ambiance, du côté légèrement british, et on a fini par me soulever de mon siège pour m’amener ailleurs. Claude Poissant *(dernière phot0), le maitre de la scène, nous a ménagé plusieurs surprises avec des comédiens tels que Catherine Vidal *(robe fleurie), Macha Limonchik (1ere photo), Alexandre Goyette, Louise Laprade (en feu cette dame, robe bleutée!), Olivier Morin, Étienne Pilon. Ne comptez pas sur moi pour vous donner le nom des auteurs qui ont été lus, de toutes manières, par son livre, ou par son blogue « Que lit Stephen Harper ? », tout y est. Et plus, bien sûr. L’idée aux Correspondances étant de présenter un collage de missives qui virevoltent dans un tourbillon d’émotions, d’idées faisant bonds et rebonds, autrement dit, de monter ces lettres savoureuses en spectacle. Mission accomplie ! Le sarcasme fusait. Je ne saurais l'affirmer avec certitude, puisque je n’avais lu que quelques lettres signées Yann Martel, mais j’ai eu l’impression de rajouts de maintes railleries servant de mortier entre les missives. Mais je suis loin d’en être sûr, Marsi, lui, ne l’a pas entendu ainsi, croyant que les textes ont été pris au pied de la lettre.
Nous n'avons pas eu droit qu'à des lectures, aussi à des chœurs de chant et à des tableaux de personnages empreints de la franche complicité qui fait sourire. N’oubliez pas, des lectures c’est exigeant pour les comédiens, car ils ont bien sûr beaucoup moins d’heures de répétition que pour une pièce, mais sur une scène, on tolère mal l’erreur, et le « on » commence souvent par les comédiens eux-mêmes. Cette fierté de donner une prestation rythmée a donné un résultat qui martelait dans ma tête : mais quel travail gigantesque ... pour un soir !
Vraiment, une excellente manière de découvrir des auteurs, la seule vraie tristesse pour moi est qu’il y ait si peu de propositions québécoises. Si peu, mais si peu ! Elles se résument à du Gabrielle Roy. Où sont nos contemporains ? Existons-nous ? ... Toujours la lancinante question.
Je réécouterais n’importe quand cet échafaudage de lettres lues, déclamés, chantées, rangées et rageuses (légère la rage), mais autant que possible, la tête plus vide !
Coproduction Les Correspondances d’Eastman et du Festival international de la littérature.