Erik Truffaz est un trompétiste suisse né en 1960 et initié à la musique par son père, lui-même musicien de variété. Il suit des cours au conservatoire de Chambéry tout en espérant pouvoir un jour en vivre. Ses préférences vont alors vers le rock mais c'est en écoutant Miles Davis, et notamment l'album "Kind Of Blue", qu'il envisage de changer d'orientation. Il se consacre alors au jazz, impressionné sans doute par la virtuosité du maître trompétiste, et certain maintenant que cette musique propose bien plus que ce qu'il en connaissait jusqu'ici. Il fonde alors un premier groupe à 30 ans et remporte en 1993 le prix du Jury du concours de la Défense, avant de partir en tournée mondiale puis de sortir l'année suivante un premier album sous son nom, appelé "Nina Valeria".
L'artiste se révèlera surtout au sein d'une nouvelle formation, un quintette aux influences jazz/hip-hop avec lequel il débutera une longue collaboration. C'est aussi avec ce groupe qu'il est approché par le label Blue Note, premier français à y être signer.
L'album "Bending New Corners" dont je vous parle aujourd'hui, le deuxième de la série, sort en 1999, fort de la considération de "The Dawn" publié un an plus tôt, et que Gilles Peterson et quelques radios indépendantes ont beaucoup aimés, n'hésitant pas à en faire la publicité en déclarant avoir trouver en lui le digne héritier de Miles (là, je ne suis pas d'accord, mais passons). Pour ce nouvel essai électrique, la recette est la même que précedemment (on ne change pas une équipe qui gagne). Patrick Muller au Fender Rhodes, Marcello Giuliani à la basse, Marc Erbetta à la batterie, et Nya (sur 4 titres), jeune rappeur anglophone et pièce maîtresse essentielle à la singularité de l'ensemble.
A l'écoute, on navigue paisiblement sur une mer électrique. Les climats sont variés, brumeux, sombres, aquatiques (comme ce chant de baleine que tente d'atteindre E.Truffaz). On est là en plein melting-pot de jazz et de musiques urbaines, méticuleux et regroupé.
Je pourrai tout de même reprocher par moment ce style feutré et mat que le trompétiste joue sans aucun vibrato, et dont je regrette de temps en temps le mimétisme flagrant empreinter au grand Miles (n'est pas Miles qui veut).
Malgré tout, Erik Truffaz s'en sort plutôt bien et parvient à nuancer son jeu de phrasés planants et hypnotiques, en général suivi par une section rythmique hip-hop ou drum and bass bien assuré.
Un mélange qui, il y a 11 ans, n'était pas des plus fréquent et qui en aura contenter plus d'un, à commencer peut-être par vous.
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