Charlie Jones’ Big Band

Publié le 12 août 2010 par Cloudsleeper

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Charlie Jones’ Big Band

‘Wash The Dirt Off These Hands’

Charlie Jones’ Big Band

Non, il ne s’agit pas du groupe du beau-fils de Robert Plant parti en carrière solo, c’est juste des lads de chez nous qui font une sorte de country blues sombre et poisseux. Ça vous rappelle un duo bruxellois ça ou quoi ? Eh bien c’est vrai que certains titres appartiennent à cette veine de country blues tel que Black Box Revelation le joue avec ‘Never Alone Always Together’ mais on ne trouve guère de rock garage explosif chez Charlie. Leur trip se situe dans des morceaux plus lents aux sons vraiment ténébreux et dans un registre vocal plus travaillé (les harmonies carrément hypnotiques sur le très bon ‘Where I Draw The Line’), bref plus Mark Lanegan que Black Keys. ‘Summer Queen’ et ‘Give Up’ dépouillés mais peu aboutis laissent également entrevoir de belles qualités de songwriting folk avant qu’un très beau final tout en ‘Helter Skelter’ ne vienne saccager ce disque tout en force et en finesse. Mention spéciale pour ‘Lay Down’ dont le piano embrumé et nostalgique évoque les Nits. Même si le niveau d’écriture de l’album est parfois inégal, ce groupe est assurément à suivre d’autant que le leader Jan Verstraeten a eu la bonne idée de s’entourer de multiples musiciens (mais toujours pas de bassiste !) ajoutant des couleurs intéressantes et de riches idées qui seront à coup sûr approfondies ultérieurement. (jd)

Horace Andy

‘Serious Times’

Groove Attack/Rough Trade

Voilà un Jamaïcain qui n’est pas près de se faire jarter de Couleur Café et autres. Tous les néo-bien-pensants du monde se retrouveront autour de ce disque pour dire qu’il est fréquentable car ni trop ceci, ni trop cela. En somme on a du Horace Andy tel qu’on le connaît depuis quelques années avec ses chansons reggae plus placides et lisses que jamais et qui sonnentcomme de pénultièmes répétitions de ce qu’il sait faire. Pour un monsieur avec une discographie si imposante on aurait pu attendre quelque chose de moins convenu. Bon dieu, serait-il lui aussi appuyé l’industrie FM et corseté par des groupes de pressions ? Il semble hélas qu’il se fonde à merveille dans ce moule sans cesse croissant qui contribue à l’uniformisation des goûts pour être sûr de ne heurter personne. D’où ces chansonnettes fort bien produites dans un son reggae classique mais particulièrement ennuyeuses et qui finissent toutes par se ressembler. Pour Horace Andy comme pour beaucoup d’autres, voilà à quoi mène ce règne galopant du politiquement (et musicalement) correcte. Après son prochain disque avec Black Eyed Peas et David Guetta, il sera temps de refermer la discographie. (jd)


The Ettes

‘Look At Life Again Soon’

Suburban Records

Suffragettes ? Bachelorettes ? The Hut comme le gros Jabba ? Het quoi finalement ? Ce suffixe on ne peut plus féminin laisse toutes les suppositions ouvertes. En fait, il s’agit d’un trio de deux filles, un mec qui nous vient de Nahsville. Sur leur premier album, les voix sucrées et poppy croisent le chemin des sons des guitares grasses et garage à souhait. À première vue, pas besoin de beaucoup de fioriture dans ce son : une grosse pédale fuzz avec un max de réverb. Ça suffira pour obtenir un mélange réussi de titres punk girly sur des beats sixties bien cadencés et mis en place. À y regarder de plus près, il a sûrement fallu pas de gros efforts numériques pour obtenir un son si ancré dans l’analogique et surtout pour arriver à concilier girly et garage en rendant celui-ci suffisamment cheesy pour ne pas effrayer les jeunes filles farouches de 14 ans ainsi que les radios. Néanmoins ça dépote gentiment sur les onze titres d’une durée totale d’une autre époque, 27’ ! (jd)


Lady Daisey

‘In My Pocket’

BBE

Voyons un peu ce qui traîne dans ses poches, à la petite Daisey, dernière signature de l’excellent label anglais BBE. Comme de Funès identifiait un vin rien qu’à sa couleur, sa robe et tout le bordel, bref sans le goûter, les couleurs roses/rouges de la pochette laisse voir qu’on s’adresse à un public féminin et jeune, de même que ce gros plan sur le visage angélique mais peu apparent de Daisey. La casquette bouffante façon année 30 négligemment posée sur le côté et le piercing nasale laisse supposer un cross over censé être anti-conformiste entre soul et de hip-hop. Alors que le grain de la photo découpée en trois façon sixties accentue l’habillage old school, de sorte à toucher également un public un peu plus mature. Un parfait exemple de target transgénérationel plus que probablement. Le verdict ? Ben oui, c’est ça sauf qu’on est frappé par la voix ultra sucrée et carrément juvénile de la petite qui contraste avec une production plutôt savante mais pas clinquante, comme si on avait passé tout ça dans un huit pistes point barre. Bref moderne et soul, à l’instar de ‘Goes Down Like’ samplée du sublime ‘Didn’t I’ de Darondo. Et voilà, « That’s entertainment » comme dit le grand, le fabuleux Robbie Williams dont son exceptionnel Live at Summer Banks, « Give it up for Kylie ». Qui ça ? (jd)


DJ RKK

‘Elektropic Vol.1’

Naïve

Si vous n’y comprenez rien à ce langage musical ne dites pas : « je suis trop bête et paresseux pour comprendre cette musique ». Dites plutôt : « je souffre d’un acouphène qui m’empêche d’ENTENDRE ce type de musique ». Ça s’appelle l’acouphène sélectif. C’est très pratique et ça marche très bien, il paraît même qu’on peut l’utiliser pour postuler à un boulot de premier ministre, personne ne vous le reprochera. Tropique au compteur, Remy Kolpa Kopoul, (par ailleurs voix historique de radio Nova) est déjà l’auteur des deux compilations ‘Brasil Do Futuro’ et ‘Latino Do Futuro’. Ici, il élargit encore les horizons et creuse dans des sons un poil plus brut. De New-York à Buenos Aires en passant par Miami, Bogota, La Havane ou Rio, on navigue entre baile funk des favélas, la cumbia digitale (El Hijo de la Cumbia), afrobeat sauce Brazil (DJ Tudo), coco du nordeste brésilien, la salsa, le tango (Gota Project), les connexions sont bien variées, le son trendy et le résultat haut en couleur. On n’en reste pas moins exclusivement dans le latino, évoluant dans un groove le plus souvent mid-tempo qui a moins vocation à vous emmener vers la piste de danse qu’à vous faire siroter un cocktail bleu et vert. Avec un titre pareil, on attend avec impatience un ‘Elektropik’ vol.2 faisant la connexion entre des sons similaires venus d’Afrique et leurs cousins baile funk (un peu plus explicites que sur le Vol. 1) ou les basses de Miami. Ce qui devraient franchement remuer du popotin. (jd)

Walter Gibbons

‘Jungle Music’

Strut

Voici la première compilation multi-label proposant un éclairage fort intéressant du travail d’un des grands innovateurs dans l’art du extended mix 12’’ apparu au milieu des années 70. Walter Gibbons se fit connaître dans le Bronx pour mixer en même temps deux mêmes disques afin de rallonger ainsi un morceau et le restructurer pour les besoins du dancefloor, posant ainsi les bases du disco et des mix de dance music. Remixant à tour de bras et ré éditant nombre de titres avec force breaks, percussion tribales et effets bluffants, il créa son propre style appelé par ses contemporains la « Jungle music ». C’est au travers de collaborations avec des stars et moins stars des années 76-86 qu’on peut entendre l’étendue de son travail : Gladys Knight (‘It’s a Better Than Good Time’), Bettye Lavette (‘Doin The Best That I Can’), Arthur Russel (‘See Through’) etc. Attention c’est quand même daté, estampillé d’époque avec envolées de violons jusqu’à plus soif, comme on les aime dans La croisière s’amuse mais c’est aussi un abécédaire de l’art du remix. Le second CD propose des travaux plus expérimentaux développés au cours des années 80, dont l’intriguant proto new beat/electro ‘Set It Off’ de Strafe. Comme cela arrive souvent dans ces univers riches d’excès en tout genre, Gibbons crisa, se converti à la religion et devint DJ de musique… gospel avant de mourir su SIDA en 1994 dans l’indifférence. Bel hommage donc à quelqu’un qui fut un grand pionnier. Qui d’autre que le label Strut pouvait proposer cela ? (jd)


Various

‘Heritage’

Munich Records/Skinfama

La diaspora congolaise de Belgique entend marquer de ses mots et ses sons le cinquantième anniversaire de l’indépendance et questionner son identité, son histoire et sa relation au monde. Pas de tcha tcha tcha ici mais du son urbain et des textes coups de poing. Ce qui n’est pas étonnant lorsqu’on sait que c’est Pitcho qui est aux commandes du projet, avec le soutien de la Communauté française et Africa Tervuren. Le disque s’ouvre sur un texte poétique et urbain glanant quelques scènes crues de Kinshasa le long du boulevard du 30 juin. Sur des beats soignés et variés signés Solal, s’entrechoquent les « crises de nègres », les procès, les espoirs, le passé, le futur… C’est toute une conscience collective qui trouve un moyen pour s’exprimer mais également pour jeter des ponts entre deux époques, deux identités, deux pays qui jadis faisaient un (ou 25/75, c’est selon). Interrogeant cet héritage, ces artistes n’hésitent pas à aller jusqu’au bout de leurs revendications, de leurs contradictions sur des thèmes essentiels : l’inter culturalité, l’intergénérationnel et l’insertion citoyenne. Un disque fort qui on l’espère trouvera un plus qu’un échos en Belgique comme en RDC. (jd)