Dans son édition d'aujourd'hui 24 heures ici [d'où provient la photo ci-contre] a lancé une vraie bombe, en fait un pétard mouillé. Sous le titre : "Terminé, le geste écolo : le plastique finit au feu", le quotidien lausannois nous en apprend de belles : trier le plastique ne sert à rien, bien au contraire. Décidément l'écologie n'est plus ce qu'elle était...
La scène se passe à Payerne. Le responsable de la déchetterie, Alexandre Zurkinden, annonce la nouvelle donne :
"On ne trie plus le plastique, sauf le PET ! Tout le reste doit aller aux ordures ménagères".
D'abord le recyclage du plastique autre que le PET [80% du PET est recyclé en Suisse, un record] est très coûteux :
"Le procédé est compliqué et peu rentable, nous dit la journaliste de 24 Heures, Sarah Bourquenoud. Fabriquer du neuf coûte moins cher que le recycler, malgré la hausse du prix du pétrole. "
La preuve ? La seule entreprise du coin qui faisait ce recyclage, Swisspolymera ici, a mis la clé sous la porte, il y a deux ans déjà [ce que Sarah oublie de nous préciser].
Il fallait trier les différents plastiques ... parce qu'ils ne sont pas tous recyclables. En fait seulement 50% étaient utilisables. Sans compter qu'après il fallait écouler le produit fini, ce qui était "folklorique" aux dires de l'ancien directeur.
Mieux :
"Brûlé dans les usines d'incinération, le plastique est considéré comme un excellent combustible" ajoute Sarah.
Un comble : avec le tri fait par les consommateurs, ce combustible venait à manquer aux déchetteries.
Si le plastique est en trop grande proportion, la température dans les fours augmente trop. Mais, mélangé à d'autres déchets, si possible compostables et humides, il fait merveille ...
Ce qui vaut à Payerne vaut dans tout le canton de Vaud et ailleurs ... L'Office fédéral de l'environnement, OFEV, préconise même le retour généralisé à l'incinération du plastique. Ce qui n'est pas nouveau.
En effet, dans un magnifique rapport sur le Recyclage des matières plastiques en Suisse - en date du 11 juillet 2001 ! - le même OFEV concluait déjà ici :
"De l’avis de l’OFEFP [Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage, qui devait fusionner le 1er janvier 2006 avec l'OFEG, l'Office fédéral des eaux et de la géologie, pour devenir l'OFEV], les coûts élevés, le risque de contamination des produits recyclés et surtout le peu d’incidence sur les quantités de déchets s’opposent sans ambiguïté à ce que les collectes sélectives des déchets ménagers de plastique soient généralisées. C’est pourquoi l’office n’est pas favorable aux efforts consentis à cet effet."
Ce n'était pas parole en l'air :
"Sa position est notamment étayée par une étude exécutée récemment par l’Institute of Industrial Technology (TNO) des Pays-Bas sur mandat de l’Association of Plastic Manufacturers (APME). Pour des raisons écologiques, économiques et sociales, la collecte et la valorisation des bouteilles en PET sont la seule forme de recyclage des plastiques issus des ménages qui trouve grâce à ses yeux."
Du coup, avec 9 ans de retard :
"Les communes renoncent de plus en plus au recyclage de ce matériau."
D'autres communes, telle Avenches, ne se résolvent pas à désespérer les consommateurs, vu qu'elles ont du mal à leur inculquer pour rien ce réflexe écolo :
"[Elles] continuent à jouer la carte écolo, même si le tri est inutile."
Le plastique continue donc à être trié... pour être de toute façon mélangé aux autres déchets, en déchetterie.
Comment dit-on déjà quand on se moque du monde ? On dit que l'on prend les gens pour des c...
Francis Richard