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Anthologie permanente : Francis Ponge

Par Florence Trocmé

Pour le choix des textes de cette anthologie permanente d’été, Poezibao suivra encore cette semaine (avant une pause de quinze jours), le fil du livre de Jean-Claude Mathieu, Écrire, inscrire, sous titre ″Images d’inscriptions, mirages d’écriture″ (éditions José Corti 2010). Jean-Claude Mathieu, sur la trace des « inscriptions » cite d’innombrables poètes. Poezibao reprend certaines de ces citations et tente de les compléter, chaque fois que possible, par d’autres textes du même auteur.   
 
•La citation d’Écrire Inscrire  
[Chapitre « Une Tempête sur la page » 
« Quand on commence à inventer une langue elle balbutie. Ponge veut de la terre, des choses, plein la bouche, pour renouveler la poésie par un jargon balbutiant : 
″L’espoir est donc dans une poésie par laquelle le monde envahisse à ce point l’esprit de l’homme qu’il en perde à peu près la parole, puis réinvente un jargon Les poètes sont les ambassadeurs du monde muet. Comme tels, ils balbutient, ils murmurent, ils s’enfoncent dans la nuit du logos, -jusqu’à ce qu’enfin ils se retrouvent au niveau des RACINES, où se confondent les choses et les formulations″ » 
Jean-Claude Mathieu, Écrire inscrire, José Corti 2010, p. 240 
Citation, Francis Ponge, « Le monde muet est notre seule patrie », Le Grand Recueil, Méthodes, Gallimard, 1961, p. 198. 
•Deux autres textes de Francis Ponge 
« A chaque instant du travail d’expression, au fur et à mesure de l’écriture, le langage réagit, propose ses solutions propres, incite, suscite des idées, aide à la formation du poème. 
Aucun mot n’est employé qui ne soit considéré aussitôt comme une personne. Que l’éclairage qu’il porte avec lui ne soit utilisé ; et l’ombre aussi qu’il porte. 
Lorsque j’admets un mot à la sortie, lorsque je fais sortir un mot, aussitôt je dois le traiter non comme un élément quelconque, un bout de bois, un fragment de puzzle, mais comme un pion ou une figure, une personne à trois dimensions, etc. et je ne peux en jouer exactement à ma guise (Cf. la phrase de Picasso sur ma poésie*).  
Chaque mot s’impose à moi (et au poète) dans toute son épaisseur, avec toutes les associations d’idées qu’il comporte (qu’il comporterait s’il était seul, sur fond sombre). Et cependant, il  faut le franchir... » 
Francis Ponge, « My creative Methode », Le Grand Recueil, Méthode, Œuvres complètes 1, Bibliothèque de la Pléiade, 1999, p. 531 
*″Vous, vos mots, c’est comme des petits pions, vous savez, des petites statuettes, ils tournent et ils ont plusieurs faces chaque mot, et ils s’éclairent les uns les autres.″  
 
• 
[la fonction de la poésie est] de nourrir l’homme en l’abouchant au cosmos. Il suffit d’abaisser notre prétention à dominer la nature et d’élever notre prétention à en faire physiquement partie, pour que la réconciliation ait lieu. Quand l’homme sera fier d’être non seulement le lieu où s’élaborent les idées et les sentiments, mais aussi le noeud où ils se détruisent et se confondent, il sera prêt alors d’être sauvé »  
Francis Ponge, « Le Monde muet est notre seule patrie », Le Grand Recueil, Méthode, Œuvres complètes 1, Bibliothèque de la Pléiade, 1999, p. 630 
Francis Ponge dans Poezibao :  
Bio-bibliographie, extrait 1,extrait 2, extrait 3, extrait 4, extrait 5, ex. 6, « notes sur la poésie » 
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