César vu par Montherlant
Publié le 06 août 2010 par Argoul
« L’homme de pouvoir, jeune, déjà bête de proie. Et déjà un voyou. (…) Jules César lui-même ne dépare pas la série, par son côté voyou. Sa jeunesse est une latrine. Salonnard, tante peut-être, et d’autre part se servant des femmes : trois mariages et deux répudiations, toujours à de seules fins politiques ; démagogue effréné, et avec l’argent des autres, et voulant faire croire que c’est le sien (les ‘combinazione’ ridicules avec Bibulus et Crassus) ; tuant ou voulant tuer sans raison, autre que de faire sentir son poids ; pressurant l’Espagne pour son seul profit, embarquant la guerre des Gaules dans son seul intérêt personnel ; imposteur dans ses Mémoires, plein de trucages sordides ; corrupteur systématique du peuple ; inventeur du journalisme (les gazettes affichées), il ne lui manquait plus que ça ; et de l’argent, de l’argent, il me faut encore de l’argent ! Il y a dans tout cela une vulgarité telle qu’on est stupéfait que personne ne semble en avoir fait la remarque. Enfin on l’abat, mais ce faisan de génie a la cote pour l’éternité. » (Ecrit en 1943, Textes sous une Occupation).
Toute ressemblance avec des personnes du présent serait purement fortuite : l’histoire jamais ne se répète – les hommes, en revanche, ne changent jamais.
Henry de Montherlant, Essais, Pléiade Gallimard 1963, p.1494, occasion 45€