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"Droit de passage" : exercez-le, ne vous arrêtez pas devant !

Par Tred @limpossibleblog
Il y a quelques jours, je mentionnais la lente mais quasi inexorable autodestruction de la carrière d’Harrison Ford, ex-gloire du cinéma américain qui ne prend décidément pas assez soin de sa filmographie depuis quelques années. Tous les éléments allaient contre Droit de passage, dernier film en date au générique duquel figure Harrison à sortir dans les salles françaises. Deux ans dans les tiroirs avant de nous parvenir. Sean Penn ayant demandé à être coupé au montage. Un film remanié contre l’avis de son réalisateur. Un bouche-à-oreille mauvais.
Parce que j’ai toujours laissé leur chance aux films d’Harrison Ford (même cette horreur de Firewall, c’est dire…), j’y suis tout de même allé, à moitié curieux. A la sortie de la salle, si je m’étais appelé Janice j’aurais certainement crié « OH, MY, GOD ! » avec le ton de la désolation pour signifier au mieux ce que je pensais du film de Wayne Kramer. Ses précédents Lady Chance et La peur au ventre m’avaient bien plu, mais là, je ne trouve rien de bon à dire à l’encontre de ce film, qui il faut l’admettre ne bénéficie pas du montage souhaité par le cinéaste (satané Harvey Weinstein, qui a encore fait parler ses fameux ciseaux…).
Comment décrire Droit de passage… Disons qu’il s’agit d’une tentative de film choral sur la question de l’immigration aux États-Unis un peu à la manière de Collision de Paul Haggis. Sauf que la copie n’atteint jamais le modèle, qui à défaut d’être un grand film abordait la question de l’intégration et de la tolérance avec justesse. Droit de passage se contente lui d’une démagogie de bas étage nous expliquant ce que c’est que d’être américain, ce que ça fait d’être américain, ce qu’on doit ressentir quand on a la chance d’être américain, ce qu’il ne faut pas faire si on veut être un bon américain. Sans rire.
Le film se veut un hymne à la tolérance, mais est tellement lourd et centré sur les bienfaits de la bannière étoilée qu’il se fait parfois insultant, souvent ridicule dans son discours. Les personnages musulmans sont particulièrement mal traités, entre la lycéenne voilée au discours inintelligible et agaçant sur les attentats du 11 septembre, et la famille iranienne qui maltraite la plus jeune sœur parce qu’elle est trop américaine, le film s’enfonce dans la caricature mal décrite. Les personnages se voient accordés si peu de temps que les traits sont grossiers et pas crédibles pour un sou. Ray Liotta passe du gros dégueulasse forçant une clandestine australienne à être son esclave sexuel à l’amoureux incompris d’une scène à l’autre. Dans ces moments-là, on sent que le film a été largement amputé en salle de montage.
Heureusement, Droit de passage est un tel n’importe quoi qu’on parvient parfois à se marrer. Mais je ne saurais dire ce qui est le plus drôle entre Harrison Ford s’escrimant à parler espagnol avec les yeux du type qui ne comprend pas grand-chose à ce qu’il dit et cherche son texte, ou un chanteur américain nommé Phil Perry qui magnifie (je rigole) l’hymne de l’Oncle Sam avec émotion à la cérémonie de naturalisation géante, devant un immense drapeau américain avec quelques scènes de coupe où l’on voit le dénouement d’une des intrigues, censée être touchante je crois (je crois…).
Il reste bien le petit jeu du « Mais dans quelle série je l’ai vu celui-là ?! ». Pas mal comme film, Droit de passage, pour ce petit jeu. « Oh ! Ranjit, le chauffeur de taxi de How I met your mother !! Oh ! Sarah Shahi, la partenaire de Damien Lewis dans Life ! Oh ! Il jouait pas dans Les 4400 lui ? Et lui !! Il était génial dans Band of Brothers !! ». Sinon en dernier recours, il reste toujours la magnifique plastique d’Alice Eve, vue récemment dans Trop Belle ! mais pas aussi dévêtue qu’en clandestine dans Droit de Passage.
Non mais quand même, au bout du compte, je pense que les gargouillis d’Harrison Ford en espagnol, c’est ce qu’il faut retenir de Droit de passage. Quand j’y repense, le sourire me vient aux lèvres. Finalement, ça valait le coup de le voir ce navet !

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