Roman - 500 pages
Editions Gallimard - septembre 2008
Editions Livre de Poche - juin 2010
Olanna et Kainene sont les soeurs jumelles d'une famille instruite du Nigeria. Pleines d'avenir, Olanna est amoureuse d'Odenigbo, intellectuel politique militant, et Kainene, plus réservée, est attirée par Richard, un journaliste anglais passionné par les cultures nigérianes. Le désir d'indépendance de la région du Biafra va conduire à une guerre civile qui plongera cette famille dans la tourmente...Chimamanda Ngozi Adichie avait déjà impressionné son lectorat avec son premie roman L'hibiscus pourpre. Elle n'en est pas à son premier coup d'essai, et ce second cru ne déçoit pas. Par sa langue riche, elle plante par des descriptions précises un décor réaliste qui rappellera à certains l'atmosphère ouest-africaine, et qui apprendra à beaucoup ce qu'étaient les atrocités et les circonstances de la guerre du Biafra.
Extrait :"Odenigbo se dirigea vers Amala, mais il s'arrêta à une certaine distance, ce qui l'obligea à tendre et allonger le bras pour lui donner la clé. Elle la lui prit délicatement d'entre les doigts ; ils ne se touchèrent pas. Ce fut un moment infime, bref et fugitif, mais Olanna remarqua qu'ils avaient soigneusement évité tout contact, tout effleurement de la peau, comme s'ils étaient unis par la connaissance commune d'un fait si monumental qu'ils étaient déterminés à n'être unis par rien d'autre."Du Nigeria, et de la région du Biafra, il en était question aussi dans le roman L'Africain de JMG Le Clézio récemment lu (et certainement aussi dans Onitsha que je n'ai pas encore lu). Mais Chimananda Ngozi Adichie donne une grande importance aux personnages du roman, leurs certitudes et leurs doutes, leurs actes anodins ou lourds de conséquences. Les personnages secondaires se révèlent d'une véritable épaisseur romanesque, à l'image d'Ugwu, le domestique lettré, le boy, admirateur d'Odenigbo, son maître, son "employeur" qu'il admire, et de sa "Madame" qu'il cherche à protéger. Témoin attentif, il se glisse souvent dans la peau du narrateur pour nous montrer leur histoire à travers ses yeux, leur guerre à travers ses manipulations...
Un pavé humain, trop humain, qui se dévore avec le plus grand intérêt et un bel attachement.
.L'avis de Gangoueus - Chez GangoueusL'avis de Woland - Les manuscrits ne brûlent pas