Après Paris et Issy-les-Moulineaux,c’est au tour de Lyon, Grenoble et Nantes de fournir des accès Wi-Fi publics. Mais pas toujours aux mêmes conditions.
L’idée qui guide les municipalités est de permettre aux citadins et aux promeneurs de consulter leurs messages, de surfer sur le Web, de s’informer et de se divertir à partir de leur ordinateur portable, de leur assistant personnel ou d’autres appareils communicants comme les téléphones Wi-Fi ou l’iPhone.
L’expérimentation lancée à Lyon début décembre, en partenariat avec Neuf Cegetel et SFR, se concentre actuellement sur trois zones : la place Bellecour, une partie des berges du Rhône et de la rue de la République, et la place Louis-Pradel, située devant la mairie. Mais l’enthousiasme reste encore assez limité. La première semaine, une petite centaine de connexions ont été recensées sur le réseau opéré par SFR, provenant pour l’essentiel des techniciens. Aujourd’hui, ce sont d’abord les mauvaises conditions climatiques qui limitent l’intérêt des internautes nomades. «Je me vois mal aller sur les berges du Rhône pour taper sur mon ordinateur avec des moufles», regrette Jérémy en pianotant sur une table du Starbuck Coffee qui vient d’ouvrir ses portes. Ce sera pour le printemps.
«Il fait trop froid pour rester en plein air»
Pour tout arranger, la municipalité a fait preuve d’une relative discrétion sur le lancement de l’opération. C’est par hasard que Julien, cadre dans une banque, a profité du réseau, à l’occasion d’une pause cigarette en bas de son bureau. «Je voulais essayer de me connecter à mon entreprise avec mon tout nouvel iPhone et c’est alors que j’ai découvert la connexion de la ville.»
Naviguant entre deux bureaux, Lionel accueille pour sa part l’initiative avec enthousiasme : «Ce sera mieux que de s’installer dans un bar où l’ambiance est sympathique, mais pas toujours propice au travail.» L’accès Wi-Fi offert par la municipalité est gratuit, mais alors qu’on peut profiter directement de la liaison dans les zones couvertes par Neuf Cegetel, il faut remplir un formulaire dans les zones équipées par SFR et fournir un numéro de mobile pour recevoirle code qui permet de se connecter.
D’autres villes se sont engagées dans des initiatives similaires. La Mairie de Grenoble, qui a décidé de déployer un réseau Wi-Fi gratuit d’ici à la fin de 2008, a commencé par équiper plusieurs sites : Jardin de Ville-place d’Agier-place de Gordes, Jardin des Plantes, Hôtel de ville-Parc Paul Mistral, places Victor Hugo, Saint-André et Grenette.
À Nantes, c’est l’opération Nantes Wi-Fi Cité qui donne depuis quelques jours accès sans fil à Internet depuis les principales places et les grandes artères, certains cafés et restaurants. Une centaine de bornes couvriront l’essentiel du centre-ville d’ici à l’été. Mais ce service ne donne accès gratuitement qu’au site de la municipalité. Pour naviguer sur Internet, il faut souscrire un abonnement mensuel, acheter un forfait journalier ou hebdomadaire ou payer à la durée, à partir de 3€ l’heure.
Même principe à Issy-les-Moulineaux, ville pionnière dans le domaine. Le réseau sans fil public, confié aux opérateurs Neuf Cegetel et Orange, donne accès gratuitement aux sites Web de la mairie, mais la navigation sur Internet est payante. Orange propose des tarifs compris entre 4,50 et 50€ pour des connexions d’une durée de 1 heure à 50 heures. Neuf Cegetel offre l’accès gratuit à ses clients et vend des forfaits à 1,50€ par heure aux autres consommateurs.
Le modèle adopté par Paris Wi-Fi est totalement gratuit. Lancé l’été dernier par la ville et la région Ile-de-France, en partenariat avec SFR et Alcatel-Lucent, il couvre des jardins publics et plusieurs établissements municipaux. «Nous avons terminé le déploiement dans les 54 bibliothèques de la ville, les 20 mairies d’arrondissement, une vingtaine de maisons d’arrondissements et une partie des musées et des jardins de Paris», indique un porte-parole de la municipalité. Au total, 400 bornes sont réparties dans plus de 260 lieux municipaux. Et le succès se confirme. En consultant les premières statistiques, les services de la ville ont même identifié les emplacements les plus fréquentés, comme la place des Vosges, le parc Monceau ou les Buttes-Chaumont.
Maux de tête et vertiges
Chaque zone couverte par un point d’accès est signalée par un logo Paris Wi-Fi. Un message apparaît alors sur l’écran de votre appareil équipé en Wi-Fi pour vous demander si vous voulez utiliser ce point d’accès. Validez, puis lancez votre navigateur Internet qui chargera automatiquement la page d’accueil de Paris Wi-Fi. Une fois les conditions générales d’utilisation acceptées, cliquez sur «connexion» : dès que la liaison est confirmée, vous pouvez naviguer en toute liberté pendant un maximum de 2 heures. Pour en profiter plus longtemps, il faut recommencer le processus de connexion. Attention : le service Paris Wi-Fi n’est accessible que de 7 heures à 23 heures et dans la limite des horaires d’ouverture des sites municipaux qui le proposent. Une carte publiée sur le site de Paris Wi-Fi permet de connaître l’emplacement de tous les points d’accès (1). Pour Cédric, jeune étudiant, le Wi-Fi gratuit, c’est d’abord pour le plaisir. «On peut consulter les vidéos en ligne sur YouTube ou tchatter avec les copains entre deux cours.» PC portable dans son sac à dos, il préfère néanmoins s’installer dans un café ou dans une bibliothèque près de son université ou que de s’aventurer dans un parc. «En hiver, il fait trop froid pour rester en plein air. Et puis, j’ai un peu peur qu’on me vole mon ordinateur.» Pour d’autres habitués qui ne disposent pas de connexion à Internet à la maison, l’accès public se révèle bien pratique. La multiplication des bornes et des accès sans fil proposés gratuitement par les restaurants, les cafés et les hôtels pourrait même permettre, à terme, de se passer d’opérateur téléphonique, de plus en plus de téléphones pouvant communiquer par Wi-Fi. Une perspective qui préoccupe les opérateurs téléphoniques…
D’ailleurs, le Wi-Fi parisien ne fait pas que des heureux. Une quarantaine d’employés de la municipalité, surtout dans les bibliothèques, estiment que les bornes d’accès sont responsables des maux de tête et des vertiges qu’ils ressentent. Le 30 novembre, les services de la Ville ont décidé de désactiver les bornes concernées et de commander des relevés des rayonnements électromagnétiques tout en observant que les émetteurs utilisés sont identiques à ceux qui équipent les box ADSL des particuliers. «Nous nous appuyons sur les avis scientifiques, explique-t-on à la Mairie de Paris. Or, ils affirment que les signaux Wi-Fi sont beaucoup moins puissants que ceux des téléphones portables. Mais nous restons très attentifs aux risques liés à ces technologies.»