Des stars, de l’argent qui coule à flot, des émotions fortes, des chocs en veux-tu en voilà. C’est bien sûr notre feuilleton préféré : notre Top 14 adoré, fierté de tout un pays, qui devrait nous tenir en haleine jusqu’à la 80ème minutes de la finale du 4 juin 2011.
Finalistes 2009 et 2010, l'USAP et Clermont feront encore partis des favoris cette saison
Les favoris :
Il y a bien sûr le Stade toulousain qui au vu de son palmarès et de son quatrième étoile européenne décrochée la saison dernière fera encore figure d’ogre. Reste à savoir si les Toulousains arriveront à faire en 2011 ce qu’ils n’ont pas réussi à faire en 2005 et en 2010 à réussir sur les deux tableaux, européen et hexagonal. Surtout qu’avec sa pléiade d’internationaux, les joueurs de la ville rose seront encore très largement sollicités en cette année post-coupe du monde. Face aux champions d’Europe, les champions de France ne seront pas en reste : Ils ont à l’image des hauts-garonnais fait un mercato judicieux. Le Clermont Auvergne devra montrer son orgueil de champion dès la première journée en allant affronter les vice-champions catalans. L’USAP, meilleure équipe des deux dernières saisons régulières, champions 2009 et finalistes 2010 font également parti des favoris. Toutefois, avec leur maigre budget et leur recrutement plus que sobre, les Catalans font poser autour de questions autour d’eux. Les sang-et-or sont en revanche très actifs sur le marché des espoirs. Ainsi l’USAP a fait en sorte de pouvoir être au top au-delà des trois prochaines saisons. Seul l’avenir nous dira si ce choix est productif.
Les challengers aux dents longues
Bastareaud - Steyn, le choc entre les deux clubs franciliens promet
Cette année encore, les clubs ont gonflé leur budget. Nombreux sont ceux qui voudront renverser la hiérarchie. Le RC Toulon et le Racing Métro 92 semblent incontestablement les mieux placés. En plus d’avoir un effectif pléthorique en qualité, le club varois et le club franciliens pourront tous deux compter sur les qualités de leur entraineurs. Pierre Berbizier et Philippe Saint-André, deux références dans le monde du rugby. Les deux clubs ont également en commun d’avoir débuté il y a peu dans le Top 14 et d’avoir brûlé les étapes grâce notamment à des intersaisons tapageuses. N’oublions pas que, finalement, ce sont les deux clubs qui ont posé le plus de problèmes aux champions auvergnats. Impossible d’imaginer qu’après une saison difficile, le Stade français ne relève pas la tête. Le dernier exercice fut on ne peut plus compliquée pour les Parisiens. Cependant, soyons certains que sans les blessures à répétition, le changement de staff en cours de route, les suspensions de joueurs cadres, le Stade français aurait fait une toute autre saison. L’arrivée de l’entraineur australo-libanais Michael Cheika, lui aussi référence mondiale, devrait aider à mettre un peu d’ordre et à faire converger les talents parisiens dans le même sens. De plus pour la première fois depuis leur arrivée en 1998 dans le championnat les Parisiens n’auront pas à disputer les matchs de Heineken Cup. Ce qui sera vraisemblablement un plus pour cette saison 2010/2011 qui s’annonce, encore une fois, très chargée. Les finalistes de la Coupe d’Europe biarrots devraient être aussi faire parti de la fête et ont les capacités pour participer aux phases finales. Le nouvel effectif du BO a pris conscience de ses capacités à (re)devenir un grand d’Europe. Pour cela, les basques pourront compter sur des joueurs expérimentés comme Jérôme Thion, Dimitri Yachvili ou bien encore Damien Traille. Enfin, impossible d’oublier le Castres Olympique, au vu de la superbe saison effectuée l’année dernière. Il leur faudra apprendre à gérer les matchs de phases finales et ne pas reproduire les erreurs faites au Stadium en quart-de-finale face à Toulouse. Les Tarnais peuvent parfaitement imiter les Perpignanais et les Clermontois qui ont appris à gagner ce type de match face aux plus grandes écuries.
Les morts de faim
Le CSBJ leader du groupe des morts de faim
J’ai mis du temps à trouver un nom à cette catégorie. Même s’il n’est en rien génial, je pense que ce nom leur collera parfaitement à la peau. Pour l’instant ces clubs n’ont jamais rien gagné. Avant, il y avait deux ou trois grosses équipes et il y avait toujours une place ou deux à distribuer pour les morts de faim. Aujourd’hui, avec huit grosses formations pour 6 places, on a du mal à imaginer l’une de ses équipes surprendre les mastodontes et se glisser dans les six. C’est tout de même ce qu’à réussi à faire Castres l’année dernière. Dans ce monde de gros bras et de gros sous, la première des valeurs reste malgré tout le travail et le sens de l’équipe. Le CA Brive-Corrèze pourrait être celui-là. Montpellier n’a pas fini de décevoir ses dernières années. Dans ce contexte, il sera intéressant d’observer l’attitude du duo Béchu-Galthié. Sans oublier qu’en plus d’avoir du talent le capitaine Ouedraogo et le numéro 10 Trinh-Duc commence à avoir une sérieuse expérience. L’Aviron Bayonnais l’a échappé belle en 2010 et les 4 millions d’euros de budget supplémentaire seront-ils suffisant au maintien ? A force de se faire piquer tous ses meilleurs joueurs chaque année le CSBJ commence à avoir un effectif qui semble bien maigre sur le papier, même si le club rhônalpin a toujours su sortir de son chapeau de jeunes talents. Mais attention, il arrive un moment où le seul amour du maillot ne suffit plus. Le sport pro, c’est avant tout du commerce et des affaires, et il est pertinent de noter que le budget du Lyon OU, pensionnaire de ProD2, est aujourd’hui comparable à celui du CSBJ. Quant à Agen et La Rochelle, les deux promus : ils auront fort à faire dans ce contexte. Leurs recrutements furent discrets mais semblent sensés. Tous ces clubs aborderont le Top 14 le couteau entre les dents, comme des morts de faim. Espérons qu’ils ne calculeront pas trop : et qu’ils nous réserverons de belles surprises. Ils ne sont pas dans le meilleur des championnats pour rien et on bien l’intention de nous le faire comprendre. En Basket, les Bobcats de Charlotte, les Hornets de la Nouvelle-Orléans ou les Los Angeles Clippers seraient des caïds dans n’importe quel autre championnat.
Les joueurs
Morgan Parra, la star du rugby français en 2010
Les stars françaises
C’est un luxe en France. A l’heure où les meilleurs éléments des équipes de France de foot, de baskets ou de hand sont obligés de s’exiler en Angleterre, en Italie, en Espagne ou aux Etats-Unis, l’élite des rugbymen se sent bien à la maison et n’a pas trop la bougeotte. Et pour cause, le Top 14 reste le championnat le plus lucratif du monde, du coup les spectateurs et les télés répondent favorablement, et ce qui est un cercle vicieux dans les autres sports devient un cercle vertueux chez « nous ». Dans ce qui constituera la dernière ligne droite avant la Coupe du Monde de Nouvelle-Zélande, il sera particulièrement intéressant d’observer le parcours des Français. Bien sûr pour leur personnalité attachante, leur look, leur gentillesse ou tout du moins pour leur disponibilité Sébastien Chabal, Frédéric Michalak ou bien encore Mathieu Bastareaud attireront les foules et le grand public. Quoique le Toulousain devra avant tout se remettre de sa vilaine blessure. Les amateurs de rugby, eux, s’intéresseront également à un joueur comme Morgan Parra et sa capacité à prendre les rennes du XV de France. Côté toulousain on sera particulièrement attentif à la prestation du capitaine Thierry Dusautoir, le flanker a mis la barre tellement haut ces dernières années que faire aussi bien constituerait déjà un immense exploit. Exploit qui semble nécessaire pour relancer une machine tricolore bien rouillée. On sera également attentif aux sorties du Perpignanais Maxime Mermoz, qui comme je le recommandais a perdu cet été ces quelques kilos de trop (-5 kilos) et devra nous faire oublier une saison en demi-teinte. Les espoirs placés en lui sont tout simplement immense, à lui de ne pas nous décevoir et d’arracher les billets pour la Nouvelle-Zélande. N’oublions pas les besogneux comme les Biarrots Fabien Barcella et Imanol Harinordoquy ou le montpelliérain Fulgence Ouedraogo. D’autres joueurs encore inconnu du grand public pourraient marquer les esprits, je pense notamment au wallisien PJ Lakafia ou au clermontois Wesley Fofana.
Les stars étrangères
Juan-Martíin Hernandez revient en France pour le bonheur des amoureux du beau-jeu
Le Top 14 Orange sera encore cette année le championnat le plus attractif puisant grosso-modo dans tous les réservoirs à talents de la planète : Les joueurs des îles du pacifiques, les Afrikaners, les treizistes australiens ou bien encore les joueurs de la Pampa argentine. C’est à mon sens le plus beau succès de notre championnat. Des talents comme Juan-Martín Hernandez, Jonhy Wilkinson, Felipe Contepomi, Napolioni Nalaga, James Haskell, Carl Hayman, Georges Smith ou François Steyn offrent au Top 14 un rayonnement mondial !
Les nouveautés
L’application du règlement concernant les JIFF dès cette saison devrait changer petit à petit la figure de notre championnat. Cette mesure semble aller dans le bon sens, tant qu’elle est appliquée avec parcimonie. L’autre grande nouveauté est bien sûr l’introduction d’un plafond salarial comme c’est le cas dans de nombreux autres sports. Notamment outre-Atlantique. Pour l’instant cela ne semble pas porter préjudice à l’attractivité de notre championnat.
La formule du championnat sera reconduite. En effet, si elle a pour défaut de rajouter une journée supplémentaire à un calendrier déjà surchargé, reconnaissons-lui le mérite de nous tenir en haleine tout au long de la saison, les clubs se sentent tous concernés jusqu’à la dernière journée de la saison régulière. Du coup, les clubs n’hésitent plus à délocaliser. Nous compterons cette année au moins une vingtaine de délocalisations supplémentaire. Même les promus, comme Agen, devraient s’y mettre. Nous aurons donc des matchs de championnat dans les plus beaux stades de l’hexagone. Le Racing devrait également délocaliser le derby francilien au Stade de France, ce qui sera une grande première à Saint-Denis. Quant à Paris, ils entament une série de trois années au Stade Charléty. Ce sera l’occasion pour le club de la capitale de nous montrer s’il a la capacité de réunir un minimum de 20 000 spectateurs pour les « petites » affiches de championnat. Le club champion sera probablement celui qui saura le mieux s’adapter aux nouvelles règles mises en vigueur la saison dernière dans l’hémisphère sud autour de la zone plaqueur-plaqué. Il s’agira ici d’un changement majeur.
Notons que pour la première fois, seuls 5 clubs du Top 14 appartiennent au grand Sud-ouest (Bayonne, Agen, Biarritz, Toulouse et Castres). Ce qui semble indiquer que le rugby n’est plus un sport régional, mais possède de plus en plus la dimension nationale qui lui manquait.
Le futur
Si le Top 14 Orange connaît un succès croissant, il doit dès à présent penser à son développement afin de le faire perdurer. Je vois deux grands axes à suivre :
- La construction de nouvelles enceintes sportives ultramodernes comme elles existent dans de nombreux autres pays. Les délocalisations pour l’instant connaissent un grand succès. Mais ce système à ces limites.
- Comme je l’ai déjà évoqué dans un autre billet, le développement d’un véritable site internet pour le Top 14 qui répondrait aux normes des domaines web des autres grandes ligues de la planète sport.