Les médias bruissent des réactions à la “une” de Marianne titrant sur “Le voyou de la République”. Même si je n’approuve pas toutes les positions de ce magazine, même si je trouve cette “une” un peu accrocheuse, j’avoue une sympathie globale pour cet hebdomadaire populaire à l’ancienne, ne mâchant pas ses mots et qui a toujours été en pointe pour la défense des libertés.
Au delà du contenu franchement émétique du discours de Grenoble, voyou ou non ? Peut être pas, mais traitre certainement, comme a pu le constater J. Chirac dans les années 90. Voyou ? Pas forcément, mais, tel un parvenu, fasciné par le fric ostensible, les Rolex et autres fautes de goût. Voyou ? Peut-être pas, mais mégalomane persuadé d’être le plus intelligent et le plus malin, menant sa majorité à la trique, fastueux avec ses proches, méchant et n’hésitant pas à humilier ceux qui déplaisent. Voyou ? Peut-être pas vraiment, mais à coup sûr l’inverse de Robin des Bois, prenant aux pauvres pour donner aux riches.
Il en a pourtant quelquefois le langage et la grammaire approximative, les gestes vulgaires et les mimiques forcées. Reconnaissons que celui qui s’intitule DRH du parti Socialiste ne fait pas montre d’une hauteur de vue présidentielle. Celui qui annonce en meeting Ump: “Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit”, ne prouve pas une grande intelligence, franchement contredit par la réalité dès les semaines suivantes.
Voyou? Peut-être, mais petit alors, car seuls les petits voyous aiment afficher des mines menaçantes, des attributs voyants, comme le Fouquet’s ou le yacht des amis. A l’opposé de la discrétion traditionnelle des grands du milieu ou des mafias, seuls les petits voyous, les tous petits, adorent s’exhiber et faire parler d’eux par tous les moyens.
Reconnaissons cependant qu’un voyou, un vrai, généralement, ose affronter ses adversaires alors que le moindre de ses déplacements est, en rupture avec les Présidents précédents, entouré de quelques milliers de gendarmes, policiers et CRS, hélicoptères et véhicules blindés, dans des lieux en état de siège. De ce point de vue là, mais de celui-là seulement, je trouve qu’effectivement, Marianne se moque du monde.
Alors, que dire de Mme Morano, la distinction et la subtilité faites femme, et de ses protestations exigeant de Marianne des excuses et l’accusant, par cette “une”, de “salir la République” ? Si notre république a effectivement grand besoin d’une bonne toilette, voire un vrai ramonage, ce n’est pas du fait de l’hebdomadaire.
Voir l’article de JF Kahn dans Marianne. Voir aussi “Un magazine peut-il titrer “Sarkozy voyou ?”, Le Monde ainsi que les commentaires des lecteurs. “Marianne - Cette une qui dérange”. France-Soir.
- “Pourquoi les blondes votent à droite”. Rue 89 .
- “Le quinquennat au bord du “naufrage digital ?”. NetPolitique.