Par Joachim Massias, Dirigeant du cabinet Cerialis, coach et conseil auprès des créateurs et dirigeants d’entreprises
1. Pourquoi s’associer ?
S’associer est une décision lourde de conséquences. Les raisons en sont multiples.: peur de se retrouver seul à prendre les décisions, besoin de disposer de compétences complémentaires, besoin d’argent, facteur positif d’entraînement, gagner en crédibilité, profiter d’un réseau de connaissances etc.
S’associer, c’est s’engager, faire des concessions, s’assurer que l’on a les mêmes règles du jeu, accepter de ne plus être le seul aux commandes.
Mes conseils : Réfléchissez bien avant de vous engager dans une association. Qu’il s’agisse de la famille, d’un ami ou d’une personne que vous ne connaissez pas encore, s’associer entraîne des avantages mais également un certain nombre de contraintes qu’il faut absolument évaluer.
2. Reconnaître les apports de chacun
Lorsque l’on s’associe, chacun apporte sa vision au projet. L’un des points important est que les idées de l’un et de l’autre soient bien prises en compte. De cette manière, l’association peut démarrer sur des bases saines et en évitant les malentendus.
Les apports peuvent être intellectuels, physiques ou sous forme de biens.
Mes conseils: Afin d’éviter les malentendus, il suffit de constituer une liste de ce que chacun apporte au projet. Cette phase est rarement respectée, pourtant, elle permet de détecter rapidement s’il n’y a pas dès le départ des divergences qui peuvent s’avérer dangereuses dans la vie de l’entreprise.
3. Avez-vous les mêmes valeurs ?
Cela peut paraître évident mais votre association sera d’autant plus durable que vous partagez des valeurs communes. La notion de valeurs couvre un grand nombre de domaines : type de management, même éthique, préoccupations environnementales communes, équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle etc.
Par contre, ne confondez pas les valeurs communes et le mode de vie de chacun. En effet, vous pouvez très bien avoir des valeurs partagées mais un vécu complètement différent qui enrichira la vie de l’entreprise.
Mes conseils: ce point prend rapidement de l’importance car de nombreuses divergences peuvent naître lors des discussions journalières et même si la diversité de pensée est importante, l’expérience m’a montré que des divergences de fond peuvent très vite envenimer une situation difficile dans l’entreprise ou entraîner une disparition des échanges entre les deux associés ce qui peut avoir des conséquences néfastes dans l’entreprise.
4. Etre honnête entre associés
Etonnant comme point mais créer une entreprise oblige à se confronter à de nombreuses difficultés. Il vaut donc mieux que les relations entre associés soient saines et dénuées de petits mensonges qui peuvent plus tard être découverts, de non dits qui peuvent mettre l’autre en difficulté même si c’est sans le vouloir.
Mes conseils: L’honnêteté dans le cadre de l’association est primordiale et pas si facile que cela à respecter car les susceptibilités des associés peuvent être fortes et entraîner des dialogues « approximatifs ». Or l’associé est sensé être celui sur lequel on peut compter en cas de besoin et un petit mensonge peut vite rendre la relation bancale et donc à risque pour l’entreprise et son devenir.
5. Prévoir le pire en amont
Comme lorsque vous construisez vos statuts, vous devez prévoir ce qui pourrait arriver en cas de rupture de votre association ou de difficulté. Cette réflexion est d’autant plus importante pour les créateurs qui créent leur entreprise avec un associé à parts égales.
Vous devrez discuter et trouver un accord sur les modalités de rupture de l’association si l’un des deux veut partir, savoir quelles sont les conditions d’entrée d’un nouvel associé, quelles sont les possibilités pour l’un des associé de céder tout ou partie de ses parts etc.
Mes conseils : Difficile mais essentiel, il n’est pas envisageable de démarrer l’entreprise sans avoir mis noir sur blanc et signé les conditions d’évolution de l’association. L’expérience montre trop d’exemples d’entreprises qui ont déposé le bilan pour un simple désaccord entre les associés.Il ne faut donc pas hésiter à faire un pacte d’actionnaire ou tout autre document qui servira plus tard de référence en cas de conflit. Les clauses à intégrer peuvent être très différentes en fonction du projet (clause de non concurrence, distribution des bénéfices, clause de médiation, d’exclusion de l’un ou de l’autre, d’égalité, d’antidilution, de sortie conjointe, etc.).
6. Définir précisément le rôle de chacun
Il ne faut surtout pas considérer que cela va de soi. Afin d’éviter que l’un des associés soit surpris d’avoir à réaliser des tâches qu’il pensait vous voir occuper, vous devez, si possible de manière ludique et concrète imaginer toutes les tâches qu’il y aura à réaliser dans votre entreprise et quelles seront celles qui vous reviendront et celles qui reviendront à votre associé. De cette manière, vous évitez les incompréhensions dans les premiers mois de lancement de l’entreprise.
Mes conseils: De la même manière qu’il est important avant la création d’entreprise d’avoir couché sur papier les principales décisions à prendre dès que survient un problème entre les associés, pensez à écrire sur papier sur 2 colonnes quelles seront les tâches de chacun. Cela revêt un autre avantage car vous êtes obligé d’apprendre à déléguer certaines tâches que vous souhaitiez peut-être réaliser mais que vous devrez attribuer à votre associé pour équilibrer le travail.
7. Une équipe unie
Que ce soit vis-à-vis de vos collaborateurs, de vos clients et de vos fournisseurs, soyez attentif à donner une image d’unité de votre association. Il n’y a rien de pire que d’avoir une équipe de direction dont les membres.
Mes conseils: Il n’y a rien de pire que d’avoir une équipe de direction divisée dans une entreprise. Tout du moins, il peut arriver que vous ayez des divergences dans vos prises de décisions mais vous ne devez à aucun moment les laisser transparaître. L’effet est désastreux sur les collaborateurs auprès de qui vous allez perdre toute considération.
8. N’hésitez pas à parler « perso »
Vous aurez sans doute à partager des journées et des semaines bien chargées avec votre associé. N’hésitez pas à aborder des sujets personnels. Vous devez pouvoir parler de vos coups de blues afin de permettre à votre associé de ne pas hésiter à en faire autant.
Mes conseils Il est primordial d’apprendre à détecter chez l’autre les moments de baisse de moral. De cette manière, votre équipe gagne en solidarité et donc en efficacité.
9. Prévoir le long terme
Dans la vie de chacun, les perspectives d’évolution changent dans le temps. Ce que vous aviez décidé au départ n’est peut être plus d’actualité quelques mois ou années après. Pour éviter d’être mis ou de mettre l’autre devant le fait accompli par surprise, pensez à faire régulièrement une réunion qui n’aura pour but que ce sujet. N’hésitez pas à avouer que vos perspectives ont peut-être changé et aidez votre associé à en faire autant.
Mes conseils : Ce point est difficile à réaliser car il est rare que l’un des associés ose avouer que ce que l’on a décidé ensemble a changé. Pourtant, la relation gagne en cohésion si chacun sait que l’autre peut s’exprimer sans tabous.
10. Choisir le moment du départ
Si vous avez décidé de quitter l’entreprise et que vous devez l’annoncer à votre associé, évitez de choisir un moment où l’entreprise est dans une phase délicate. Les priorités d’une entreprise en difficultés est que chacun puisse se serrer les coudes pour trouver des solutions et pas d’ajouter un poids supplémentaire à la situation.
Mes conseils: A mes yeux, ce point est important car il relève de l’éthique de chacun.
N’hésitez pas à me faire part de vos réactions et de vos expériences en participant ci-dessous.