C'est un
document interne qui n'aurait jamais dû quitter Google. Rédigé en 2008, exhumé aujourd'hui par le Wall Street Journal, il liste les idées qui pourraient être appliquées par le moteur de
recherche dans la publicité en ligne. Aitan Weinberg, un ancien de la régie publicitaire Doubleclick rachetée par Google aujourd'hui en charge de la publicité ciblée, en est l'auteur.
Le document comporte plusieurs sections, dans l'ensemble très sérieuses. On y parle des données récoltées par le moteur de recherche, susceptibles d'alimenter un répertoire des intérêts des
internautes. On y évoque la contribution des autres services de Google, comme YouTube et Gmail, à cette base de connaissances. On y propose une place de marché gérée par Google, où les annonceurs
viendraient échanger leurs listes d'utilisateurs.
Et il y a les idées qui concernent cette fois l'internaute, dont certaines (on ne sait pas très bien lesquelles) sont qualifiées de "délirantes". En voici quelques-unes (toutes sont listées dans
cette infographie) :
- Bloquer la publicité aux enchères. Les internautes pourraient enchérir sur les annonces qui les ciblent et définir un budget mensuel. S'ils gagnent, la publicité sera supprimée.
- Faire sa publicité chez ses proches. Les internautes auraient la possibilité de faire de la publicité auprès de leur cercle d'amis grâce à un système d'enchères adapté aux annonceurs personnels. Cela rendrait la publicité "divertissante".
- Vendre ses données personnelles. Les internautes pourraient choisir de vendre leurs données personnelles en échanges d'avantages, comme le paiement de leur forfait Internet par Google.
Le ciblage comportemental a bien été lancé auprès d'une sélection d'annonceurs l'an dernier. Mais la plupart des idées énoncées n'ont jamais vu le jour. Les propositions n'ont même pas été présentées aux dirigeants, selon le quotidien, et les suggestions "délirantes" porteraient bien leur nom. Ce document, daté, montre toutefois que les cerveaux de Google ont pleinement conscience de l'incroyable potentiel des données qu'ils brassent au quotidien. Et qu'ils se sont retenus d'aller trop loin. Mais à l'époque, Facebook n'était pas si menaçant dans la publicité ciblée.