Je deviens experte en plats du pauvre, en recettes de fond de placard bricolées avec des ingrédients qui n'en sont même pas, en boustifailles de fins de mois difficiles et en steaks de vaches maigres. Pourtant ça va, promis, c'est juste le hasard du frigo, et l'envie de cuisiner qui va plus vite que la capacité de l'homme à aller remplir le réfrigérateur.
Dernière trouvaille de mon panier bio hebdomadaire : le chou. Le chou est à placer dans la même catégorie que les blettes : quand on me le cuisine, je le mange, mais je ne sais pas m'en dépatouiller seule. Sauf que maintenant, je suis une grande fille et il va falloir faire son chou sans broncher.
Une rapide recherche d'idées de chou sur internet m'a rappelé que le chou se marie visiblement à merveille avec le porc. On trouve des tonnes de recettes de potées à accommoder avec des lardons, de la saucisse, et autres cochonnailles grasses et fondantes. Or il y a deux choses essentielles que l'on ne trouve pas à Pékin (je veux dire, à des prix corrects ou dans un rayon de moins de 10 km) : les lardons et le fromage rapé. (oui, bon, il y a aussi les pignons, les pépites de chocolat, les gousses de vanille entière, le camembert et les fromages en général, la cannelle, la bouillon cube bio, l'agar-agar, le sirop d'agave, le pâté, les sardines à l'huile, la fêta, ...) C'est tout bête, mais ça limite quand même vachement les petites fioritures sympas dans les plats.
Pour manger mon chou, je me suis inspirée d'une recette de chez 750g (ce qui est une première car j'évite généralement ce site comme la peste pour ses photos pourries et ses recettes désordonnées et rédigées par des analphabètes) :
Ingrédients :
- un chou vert
- de la viande de porc
- du jambon cuit ou du veau
- quelques foies de volaille
- de la mie de pain rassi trempée dans du lait
- un œuf entier
- de l'ail, du persil
- sel, poivre
et pour l'accompagnement : lardons, champignons, vin blanc, oignons, carottes, tomates.
Plonger le chou dans l'eau bouillante pendant 5 minutes. L'essorer, l'effeuiller et sécher les feuilles séparément. Hacher ensemble le porc, le jambon ou le veau, les foies de volaille, quelques gousses d'ail, le persil. Mélanger la mie de pain égouttée, saler et poivrer, lier avec un œuf entier. Mouler la farce dans les feuilles de chou.
Faire revenir les feuilles de chou farcies dans l'huile d'olive quelques instants, retirer du feu. Faire revenir à leurs tours les champignons, les lardons, les oignons, les carottes râpées et les tomates épépinées et coupées en dés. Arroser d'un grand verre de vin blanc, remettre les feuilles de chou dans la cocotte et laisser mijoter à tout petit feu pendant 1h à 1h30.
Variantes de l'Ingrédient manquant :
- Par définition, même si j'avais eu tous les ingrédients, je n'aurais pas suivi à la lettre une recette de chez 750g. Mais là, en l'occurrence, je n'avais vraiment pas de quoi farcir mon chou de façon aussi riche.
- pour la viande : parmi les denrées à base de viande que l'on pouvait trouver dans la maison, il y avait une vieille tranche de jambon cuit, mon chat qui venait justement d'élire domicile dans le panier à provision et un plein Tupperware de gésiers de poulet fumés du Shandong qu'une stagiaire zélée m'a ramené d'un séjour chez ses parents et que je tente désespérément d'écouler depuis. Le gésier de poulet du Shandong a la particularité d'être confit dans le sel, se rapprochant par là de sa cousine la morue, ce qui le rend immangeable tel quel. Le chat ayant protesté, j'ai opté pour 4 gésiers fumés (yes ! plus que 38 à finir !) et la tranche de jambon.
- pour le pain : le mien n'était pas rassi, mais il a fait l'affaire quand même. Je l'ai mouillé avec du bouillon de poule à la place du lait, et le goût était vraiment relevé par le bouillon, c'était très sympa.
- sans l'œuf : oups, j'ai oublié de mélanger avec un œuf entier... Visiblement ça n'a pas posé problème, à par peut-être au niveau de la tenue lors de la cuisson.
- avec des champignons : faute de champignons de Paris en boite, quelques shiitake séchés que l'on aura réhydratés dans l'eau bouillante 5 minutes font bien l'affaire. Le mixer, en revanche, n'aime pas trop leur texture caoutchouteuse...
Au final, j'ai obtenu une farce composée de 4 champignons shiitaké, 1/2 oignon rouge, 4 tranches de pain mouillées de bouillon de poule, 4 gésiers fumés, une mini tranche de jambon, quelques brins de céleri pour remplacer le persil, 3 gousses d'ail. Je n'ai pas re-salé à cause du goût très très fort des gésiers confits dans le sel, mais évidemment, il faut bien penser à rectifer l'assaisonnement en fonction des ingrédients utilisés.
Verdict : une grosse rigolade au moment du ficelage de chou. Heureusement que nous étions 2 et que nous n'étions pas pressés, c'est grandement déconseillé si vous êtes seul. Le chou a refusé de coopérer et il a fallu beaucoup de force pour le maîtriser.
Les choux ont complètement fondu à la cuisson, laissant échapper toute la farce (du coup, je vous épargne la photo post-cuisson qui ne donne pas du tout envie). C'était vraiment très goûteux, mais c'est un plat qu'il faut éviter de servir si on a des invités et qu'on veut impressionner car ça ne ressemblait vraiment à rien !
La conclusion est qu'on peut farcir à peu près n'importe quoi avec à peu près n'importe quoi. Vive la cuisine.
Mais j'ai utilisé du fil élastique de couturière faute de ficelle à poulet, et c'était pas le plus pratique !
Merci beaucoup Gwen pour cette super adresse ! J'allais aller voir chez Jenny Lou's, mais si c'est bio, c'est bien mieux !