Lettre 74
En moi, il y a un vide infernal, Ilana, mais mes os disent : nous pensons.
Admettons que j’atteigne l’âge de cent ans – pourquoi pas ?
Comprends, s’il te plaît, qu’il me faille pour une fois pouvoir aussi parler ainsi.
Sois remerciée, remerciée
Beaucoup de calme, beaucoup de vérité, beaucoup de compréhension, beaucoup –
Paul
21.1.70
Poème 19
Längst
hat uns das Fremde im Netz,
die Vergänglichkeit keimt
ratlos durch uns hindurch,
zähl meinen Puls, auch ihn,
in dich hinein,
dann kommen wir auf,
gegen dich, gegen mich,
etwas kleidet uns ein,
in Taghaut, in Nachthaut,
fürs Spiel mit dem obersten
Ernst.
20.1.1970
Depuis longtemps
ce qui est étranger nous tient dans ses filets,
l’éphémérité germe,
désemparée, à travers nousprends mon pouls, lui aussi,
compte-le, en toi,alors nous nous imposerons,
contre toi, contre moiquelque chose nous habille
de peau de jour, de peau de nuit
pour le jeu avec le suprême sérieux.
Paul Celan, Ilana Shmueli, Correspondance (1965-1970), éditée par Ilana Shmueli et Thomas Sparr, traduction de l’allemand, révision et adaptation des notes de Bertrand Badiou, Le Seuil, 2006, p.113
Paul Celan dans Poezibao :
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sur parole (R. Klapka)
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