Ils sont quatre, vêtus de noir, une allure à la fois souple et un peu raide ; ils sont danseurs et viennent dans l’espace public, pour y mettre un peu de trouble. Quatre fois dix minutes de troubles à l’ordre public sans avoir l’air d’y toucher.
Chacun porte une boule colorée avec laquelle il va se confronter sur une chanson en allemand qui dit « Ich warte » (J’attends) ; chacun engage les mains, le corps autour de cet objet rond qui se déforme sous la pression des doigts, et finit par prendre l’empreinte du visage qu’on présente ensuite au public.
Une séance de massage originale à laquelle consent une jeune femme : les deux danseurs vont dessiner autour d’elle et sur elle des courbes, des points, des lignes, toute une géométrie dans l’espace ; un moineau osera venir manger une frite chapardée à la terrasse d’un restaurant, trouvant sans doute que le cercle des spectateurs lui accorde suffisamment hospitalité et protection puisque la jeune femme y ferme les yeux.
Descendons à présent les marches. Le décor y est dur, rideau de métal et dalles minérales, la danse n’y est pas faite de toucher ni de caresse ; gestes nets, jambes solides, regards froids, aucun sourire ; et, soudain, au bout des doigts levés vers le ciel si lointain, fleurissent quatre fleurs dont les couleurs éclairent l’offrande faite à quatre spectateurs.
Nous connaissons maintenant les quatre danseurs, mais de nouveaux spectateurs nous rejoignent surpris. Deux par deux, les danseurs vont se livrer à un strip tease pas ordinaire sur les pavés de la Cour Saint Emilion, à Paris. Dix couches de vêtements vont voler dans les airs, tandis que les corps vont peu à peu se révéler en tournant comme tournent les danseuses dans les boites à musique. Il y a un moment de l’effeuillage où notre quatuor ressemble à celui que nous avons découvert il y a près d’une heure, devant les boules de couleur, et puis nous voyons de plus en plus de peau. Et j’attends…
Ce spectacle était présenté dans le cadre de Paris Quartier d'Eté.