« Les Nuits blanches » de Luchino Visconti ( Carlotta Films)
Sortie le 18 aout
Le film
4 out of 5 stars
Les bonus
3 out of 5 stars
Au théatre , comme au cinéma, Dostoievski a connu de nombreuses adaptations . Mais cette nouvelle éponyme à elle-même inspiré plusieurs créateurs , dont Robert Bresson (« Quatre nuits d’un rêveur »), et James Gray dans un ratage parfait à mon sens : « Two Lovers », que vous pouvez malgré tout découvrir dans ce blog .
Avec Visconti, ces artistes ont été marqués par cette étrange histoire d’une femme qui à la nuit tombée attend un homme qui ne vient jamais. Un passant a remarqué cet étrange manège , et s’éprend de la belle .
Sur cette mince intrigue , pleine de promesses cependant, le cinéaste italien déploie tous ses talents de metteur en scène pour se démarquer de sa période néoréalisme, afin d’ aborder quasiment l’extrême de la palette : un réalisme poétique , et baroque .Pour les décors on se rapproche de l’univers de Alexandre Trauner et de Marcel Carné (Les Enfants du paradis) ,alors que ses personnages , se profilent façon Arletty . Voyez Clara Calamai, dans un petit rôle de prostituée .Dans « Les amants diaboliques » du même réalisateur, c’était Giovanna .
Nos deux héros, épiés par Clara Calamai dans un petit rôle en forme de clin d'œil
C’est donc un film d’ambiance, et d’atmosphère, ordonné dans un noir et blanc ,tantôt ouaté, tantôt brumeux, mais souvent inquiétant . Le décor ,personnage à part entière, interroge à sa façon le quotidien des gens, alentour. Avec un projecteur diffus braqué sur nos deux héros , qui au jeu de la séduction décline l’amour sous ses facettes les plus noires . Impossible, désespéré, renaissant … et surtout complexe puisqu’il est aveugle.
Jean Marais,quelques apparitions
Ce que décrit très bien Luchino Visconti, avec ces deux êtres aux antipodes l’un de l’autre, mais qu’une même solitude rapproche de façon inexorable. Marcello Mastroianni, , excelle dans la posture de l’homme , aussi candide qu’émouvant , face à celle qu’il vénère et qui ne voit rien , sinon un grand frère, puis un ami très proche. Il s’agit de Maria Schell , que le réalisateur avait remarqué dans « Gervaise » de René Clément, lors d’un festival qu’il présidait . Et la dame ne lui fait pas défaut, rehaussant pour l’époque, la modernité du ton et des propos . Il s’agit bien d’une adaptation, et la liberté qui s’en dégage , va crescendo pour exploser totalement lors d’une scène dans un dancing ,époustouflante, sublime,inattendue, et de mémoire , même pas citée dans l’œuvre de Fedor Dostoïevski
Qu’importe , c’est toute la dimension créatrice de Visconti qui ici s’expose pour notre bonheur . Le final ,mélange de mélodrame et de romantisme chichiteux, est un peu arraché par les cheveux . Quelques mèches seulement, qui n’enlèvent rien à la coupe parfaite du maître.
Noir & Blanc 97 mn
19.99
SUPPLÉMENTS
. COSTUMES INTEMPORELS (23 mn)
Nuits blanches a nécessité une extrême précision appuyée par la volonté du perfectionniste Visconti. Comment travailler les costumes avec le noir et blanc ? Comment adapter le roman de Dostoïevski ? Piero Tosi costumier du film et fidèle collaborateur de Luchino Visconti, revient sur ces questions. Il nous dit que son maître ne voulait pas de « sur-mesure » . Alors pour ses premières collaborations, « j’arrêtais les gens dans la rue , pour leur acheter leurs vêtements. Ils ne devaient pas être lavés, afin de garder la température du corps . C’est ainsi que j’ai appris mon métier ».
Tosi évoque aussi la façon dont Visconti travaillait sur « Les nuits blanches » pour avoir le ciel, les orages, la brume « de manière très théâtrale » . Il lui fait part de certains doutes et regrette encore aujourd’hui « que Jean Marais, apparaisse réellement dans le film. Je l’imaginais encore plus énigmatique, filmé de loin, ou de dos . La fin m’a déçu ». Effectivement, je le comprends.
. ONIRISME ET RÉALISME (24 mn)
Vieri Razzini, critique de cinéma et producteur, explique comment Luchino Visconti et son équipe artistique orientent personnages et mise en scène vers une certaine théâtralité, entre onirisme et réalisme.
. BANDE-ANNONCE