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Un chauffeur du MSPP vient de m’apporter une correspondance du Ministre, directement à mon bureau. Il était écrit sur l’enveloppe ‘À Monsieur Jean-François Labadie, …’ En ses bureaux’. Cette lettre signée de la main du Ministre, le Ministre signe toutes les lettres qui sortent de son bureau, on doit être bonne centaine à l’avoir reçue, en leur bureau pour tout le monde. En fait, il n’y a pour ainsi dire pas de poste en Ayiti, tout courrier circule par chauffeur, de main à main. Imaginez quand vous invitez plusieurs centaines de personnes à une rencontre, c’est du fuel et du temps de chauffeur à faire les quatre coins de la ville. Quand le temps se fait pressant, ce qui la norme en Ayiti, le personnel du bureau se met sur le téléphone pour faire l’invitation. Ce n’est pas choquant, mais je ne m’habitue pas à ce formalisme ayisien. Dans ma tête de nord-américain (je ne présumerais pas que dans la tête de tous les occidentaux c’est la même chose), ce genre de pratique demeure inopportune, coûte cher, génère des retards non pertinents et des bouchons mais surtout, est un clavaire au plan écologique !! ‘C’est une des beautés de notre pays, on refuse de sombrer dans la facilité qu’offre la technologie !’ ‘T’es sérieux… tu veux me faire croire qu’il y a un certain charme dans l’affaire ?’ Mon interlocuteur était en fait un peu gêné, sentant qu’au plan de l’efficience, la pratique mériterait d’être revue. ‘Tu sais, si on commence à faire circuler les invitations par courriel, ce sont des milliers d’emplois qui seront perdus.’ Cette nouvelle salve faisait aussi patate, ‘songe à ce qu’on pourrait faire faire de plus utile à ces milliers d’employés…’