Ben n'en v'là une, qui fait dans les extrêmes. V'là une église qui brille par sa monumentalité architecturale, et qui brille également par son insignifiance historique. Vous ne pouvez pas la louper des yeux, elle est énorme, une des plus grandes églises de notre petite capitale, place de la paix ("náměstí Míru"): l'église Ste Ludmila, visible depuis les Alpes sur Google Earth par beau temps. Et parce qu'il ne faut pas jeter mémé avec l'eau du vin, ben du coup, je vous en fais une publie rapide.
Ste Ludmila était la grand-mère de notre St patron de Bohême, St Venceslas, et elle fut faite étranglée à l'écharpe par la maman d'icelui, "Drahomíra ze Stodor", la femme de son fils "Vratislav", père de St Venceslas (vous suivez?). Malgré que la légende de Ste Ludmila (bonne catholique), de St Venceslas (élevé en bon catholique par sa bonne grande mère catholique), de "Drahomíra" (bougresse païenne) et de l'écharpe du crime... malgré que tous puent l'intoxication catholique au détriment de la vérité historique, elle (l'allée gende) est extrêmement encrée dans la mémoire du pays (plus d'information dans "Fuit in provincia Boemorum", ou "il était une fois en le royaume de Bohême"). Aussi notre capitale se devait d'avoir au moins une église consacrée à la bonne sainte (catholique), et cette occasion s'offrit aux Praguois en fin du XIX ème siècle. Tiens, rapide parenthèse. Le fait que Ste Ludmila et sa bru ne pouvait se blairer est connu. Et comme dit précédemment, la race des curés est allée mettre ce fait sur le compte de l'éternelle querelle pagano-catholique, genre la victoire du catholicisme (bon) sur la paganisme (mauvais). Erreur historique et prosélytisme primitif. Après avoir mis les petits bouts les uns derrières les autres, les experts en sont arrivés à des conclusions révolutionnaires mais 'achement cohérentes, qui illuminent un peu différemment quand même la légende des curés. Selon eux (les experts), "Drahomíra" n'était pas la mère naturelle de St Venceslas, mais sa belle-mère. Lorsqu'il fut petit, le St patron perdit sa maman (inconnue) et fut élevé par sa grand-mère (Ste Ludmila). Son papa "Vratislav" (alors prince régnant de Bohême) se remaria (avec "Drahomíra") et eurent plusieurs gnards, dont "Boleslav" (le cruel) qui assassina par la suite son propre frère régnant St Venceslas. En fait la querelle des 2 gonzesses n'avait d'autre dessein que de mettre au pouvoir son gnard favori (St Venceslas pour Ste Ludmila, et "Boleslav" pour "Drahomíra"). Et tout ceci explique assez facilement les querelles de succession à la mort de "Vratislav", la mise à l'écart de la femicide par son fils qui ne l'était pas (son fils), l'assassina du frère par son frère (qui ne l'était qu'à moitié), et les interventions Saxonnes et Bavaroises dans le règlement de la succession. En fait tout cela n'était que banale querelle politique, et n'avait pas grand chose à voir avec la religion (sinon politique). Et pour refermer cette parenthèse, signalons encore que même Ste Ludmila n'était pas en ses débuts sur les calendriers Goodyear du Vatican. En effet, la pauv' vieille et son mari "Bořivoj" reçurent le baptême de St Méthode en personne, prêcheur et vangélisateur en langue vulgaire plutôt qu'en Latin, ce qui n'était pas spécialement du goût des papes romains. Aussi il fallut attendre plus de 150 ans après sa mort (en 921) afin que ne se développe le culte de Ste Ludmila (fin du XI ème siècle), et il fallut encore attendre 50 ans de plus afin qu'elle ne soit canonisée (en 1143, parfois 1144) et finalement imprimée dans l'hagiographie officielle de Rome. En cette période, le pays était en manque flagrant de saints locaux alors que la demande était en pleine croissance, aussi il fallut rapidement subvenir au besoin afin de développer le business en Bohême, et l'on canonisa à grand renfort d'alléluia des macchabs pas forcément méritants pour peu qu'ils répondaient aux moins à 20% des besoins du poste à pourvoir (Latin courant exigé).
Bon, mais revenons à notre église. Alors au début, en la commune de "Vinohrady" y avait pas d'église, et les habitants devaient se rendre en la commune de "Vršovice", dans l'église Ste Mari Magdeleine (devenue St Nicolas lors de la reconstruction gothique de 1374) afin d'assister au culte, pour ceux qui le souhaitaient (assister au culte). Après la bataille de la montagne blanche, les jésuites prirent en main les besoins spirituels des indigènes, et le culte se déroula à partir de la seconde moitié du XVIII ème siècle dans la petite "chaplette de la Ste famille", au bas des escaliers de "Nusle". Mais la population croissant, l'édifice devint exigu, et il fallut rapidement penser à plus grand. Eh oui. Alors que "Vinohrady" était pendant des siècles un champ vide avec quelques hectares de vignoble seulement, la commune devint indépendante (de Prague) en 1849, et connut un réel boom immobilier comme humain au point qu'en 1879, elle devint ville indépendante. En 1884, l'on fonda la paroisse de Ste Ludmila, et en 1885 l'on s'aperçu qu'on n'avait pas d'église (entre autre, parce qu'on n'avait pas d'Internet haut-débit non plus). "Ah ouais, c'est couillon" s'exclama le maire d'alors (eh ouais encore...) aussi l'on célébra temporairement les offices dans la chapelle de l'école communale rue de Belgique. Lorsqu'icelle devint exigüe itou, l'on déménagea le St fourbi dans la chapelle de l'école communale "Na Smetance". Lorsqu'icelle devint exigüe itou aussi, les paroissiens firent enfin remarquer que l'on pourrait peut être construire un édifice approprié au culte catholique, parce que les déménagements d'école en école allaient finir par lasser (au mieux) voire développer des prédispositions pédophiles (au pire) auprès des ouailles (l'Irlande était encore loin de la Bohême au XIX ème siècle, mais déjà l'on prenait des précautions...). Commença alors une campagne de propagande en faveur de la construction d'une généreuse église place Purkinje ("Purkyňově náměstí", aujourd'hui place de la Paix), campagne qui s'acheva le 8 novembre 1888 par l'acceptation du projet par le conseil municipal. Le 25 novembre de la même année, jour de la Ste Catherine (mais ç'aurait pu être la St André, ç'aurait rien changé), l'archevêquécardinal "François Schönborn (Buchheim-Wolfsthal)" (dit Fanfoué Beau-Né) goupillonna la pose de la première brique à l'eau bénite, fit péter quelques "benedictio Dei omnipotentis" sur la tête des notables, et après avoir avalé son cornet de merguez-knedlík-mayo en 3 temps 4 mouvements, s'échappa à l'autrichienne afin d'assister à la finale Slavia-Sparta au stade de "Strahov". La construction put commencer.
Signalons encore que l'association de soutien à la construction de l'église votive Ste Ludmila sur les vignobles royaux ("Vinohrady" = vignobles, appellation toujours en vigueur en souvenir de l'implantation en ce quartier de vignobles d'origine bourguignonne par le bon roi Charles IV, au XIV ème siècle) eut pour mission de promouvoir le projet auprès des sponsors individuels comme institutionnels, et les quelques 1000 membres qui la composaient eurent un grand mérite dans la récolte des fonds financiers. Du coup la construction allait bon train, tellement bon train que l'empereur en personne vint (en train) mettre un oeil sur le chantier en 1891. François-Joseph s'exclama "ach ja, sehr schön, wirklich sehr gut gemacht, finden wir". Puis il serra les paluches des notables, et après avoir avalé son cornet de merguez-knedlík-mayo en 3 temps 4 mouvements, s'échappa à l'autrichienne afin d'assister à l'ouverture de la grande "exposition générale" organisée en l'honneur du centenaire de la première expo industrielle de 1791. Quatre ans plus tard seulement, le gros oeuvre était terminé, et le 8 octobre 1893, l'on fit reviendre l'archevêquécardinal "Fanfoué" pour une énième cérémonie. Cette fois-ci notre bougre se fit entourer des évêques de Prague (Bohême) "Ferdinand Kalous" et de "Olomouc" (Moravie) "František Bauer", au motif que la nouba allait être d'enfer, et qu'ils ne devaient en aucun cas louper le festin (ni les majorettes). Et la bamboula fut grandiose. Mise en musique par les choeurs des bénédictins du monastère d'Emmaüs, et mise en scène par les pom-pom-nonnes du couvent Ste Agnès, quelques 80.000 personnes y assistèrent. Cependant seuls 15.000 privilégiés purent se rendre dans la nouvelle maison du saigneur (vouis, je sais, "seigneur" je devrais écrire), mais comme aurait dit ma femme de ménage, on reviendra quand ça sera terminé, parce que tant que les rideaux ne sont pas posés aux fenêtres... Cette fois les prélats n'avaient pas d'autres obligations par ailleurs, aussi ils restèrent jusqu'à la fin d'la teuf qu'ils clôturèrent jovialement à 22h afin de se conformer à la réglementation relative au tapage nocturne en entonnant "ah le petit vin blanc...", plus approprié en la circonstance que le traditionnel "te Deum laudanus...".
Et maintenant quelques mots sur l'édifice à proprement parler. Les amateurs d'architecture auront sans aucun doute reconnu le style néogothique à tendance Allemagne du Nord. C'est tout en brique, et c'est du "Josef Mocker" tout craché, avec l'avantage cette fois-ci qu'il ne bousilla rien, vu que c'était du "à partir de rien". Si vous lisez mes publies depuis le début (et je vous en suis gré), alors vous savez que le Seep (Joseph) néogothisa d'innombrables édifices à Prague comme dans tout le pays. Or certains... beaucoup... d'aucuns estiment que ses "interventions" sur ces monuments furent plutôt malheureuses, et que leur restauration (souvent néogothisation) tenaient plus de l'épuration, de l'assainissement, voire de la stérilisation du style originel supprimant à jamais les caractéristiques séculaires. Tiens, parenthèse, savez vous ce qu'écrivit l'historien et crivain "Pavel Nauman" à propos de not' architecte: "toute son oeuvre, est une sorte de panoptique thanatocrate du gothique. Se sont des enfants mort-nés, des décorations et des maquettes en tôle". C'est sévère et sans appel moi j'dis. Et donc la conception, la maîtrise d'ouvrage en fait, c'était du Seep. Mais la construction, la maîtrise d'oeuvre en fait, c'était du "Antonín Turek". Ce dernier nom ne vous dira sans doute pas grand chose, car il était l'architecte dans l'ombre des architectes (cf. "Vinohradské vodárny", "divadlo na Vinohradech", ou "škola Na Smetance" puisque je vous en ai parlé), cependant il réalisa un fantastique projet de lui-même: la reconstruction d'une usine insignifiante en fabuleuses halles (commerciales) de style art-nouveau ("vinohradská tržnice"). L'édifice existe toujours et abrite aujourd'hui un complexe commercial (ben tiens) de qualité moyenne, mais j'invite les fans de ce prodigieux style art-nouveau à visiter ce bâtiment, il est splendide. Et maintenant une anecdote pour ceux qui connaissent un peu Vienne (en Autriche, pour ceux qui ne connaissent vraiment pas). J'ai lu à propos de notre église, qu'elle aurait été inspirée par l'église St Othmar de Vienne. Sans dec, seul un blaireau empaillé eut pu affirmer une telle couillonnerie. D'abord St Othmar ne possède qu'une seule tour, centrale qui plus est. Et ensuite, parce que c'est pas du tout pareil puisque c'est totalement différent. A la grande limite, la Rudolfsheimer Kirche aurait pu servir de modèle, mais pareil, faut être aveugle de l'oeil droit pour ne pas s'apercevoir qu'il n'y a qu'une seule tour à gauche (bien que 2 étaient prévues sur les plans). Bref, notre église Ste Ludmila possède 2 tours latérales d'une hauteur de 60 m (chacune), de surface carrée et de largeur à la base pratiquement équivalente au fronton, ce qui leur donne un effet massif et imposant, effilé cependant par les 5 étages qui vont en se resserrant donnant à l'ensemble un mouvement élancé vers le ciel. Chacune des tours dispose en son sommet d'une horloge, et se termine par une flèche de forme octogonale. Au dessus de la croisée du transept se trouve une autre petite tourelle appelée chais pas comment (sanctussier? En Tchèque c'est "Sanktusník") contenant une petite cloche utilisée lors du sanctus ("Sanctus, Sanctus, Sanctus Dominus Deus Sabaoth..."). Le corps de l'édifice est un tri-vaisseau classique en forme de croix, d'une longueur de 50 m et d'une largeur de 30 m. Le matériau de construction est la brique, le ciment et la sueur des poils du Portugais. Sinon l'élément distinctif et particulier (mais faut être sur la place pour le voir) est l'escalier d'accès, qui fait le bonheur des mariés, des junkys et des pigeons (chais pas si c'était l'intention première du Joseph?).
Passons à la déco, parce qu'il y a plus à dire sur ce sujet. Au dessus des escaliers donc, se trouve un portail d'entrée, au dessus duquel encore se trouve un tympan (de portail). Au milieu Jésus, bénissant les mariés, les junkys et les pigeons. Sur les côtés, St Venceslas et Ste Ludmila agenouillés en adoration devant le fils de dieu. Au dessus de cette jolie fresque, dans un cercle, dieu et le St esprit sous l'apparence d'une colombe (parce que représenter sculpturalement un St esprit, c'est aussi compliqué que représenter un pet de nonne, faut du vrai talent pour ça). Ca, c'est le travail de "Josef Václav Myslbek", un des plus renommés sculpteurs de notre pays, dont tout le monde connaît au moins le St Venceslas sur son canasson au sommet de la place du même nom (Venceslas, pas canasson, le nom de la place). Sur les côtés du portail se trouvent 2 niches avec dedans 2 statues latérales (de côté, genre). La première représente St Procope, oeuvre de "František Hergesel (fils)" (pas spécialement connu, il sculpta la copie de St Yves sur le Pont Charles [original de "Matyáš Bernard Braun"] ou quelques statues sur la caisse d'épargne municipale connue de tout touriste qui descend de la place Venceslas vers celle de la vieille ville ["Městská spořitelna pražská, Rytířská 29"], ou encore quelques gargouilles sur la nouvelle partie Ouest de notre cathédrale St Guy). La seconde statue représente St Adalbert, et c'est une sculpture de "Antonín Procházka" (pas spécialement connu, sinon qu'il est le co-auteur des 2 titans du portail d'entrée dans le château de Prague [de 1902], ou encore avec son pote précédent "František Hergesel (fils)", des statues de la façade de la mairie de "Louny"). Ensuite, si vous levez les yeux vachement beaucoup, au dessus de la rosace, vous verrez un autre tympan avec une autre niche avec une Ste Ludmila dedans (ben tiens), oeuvre de "Ludvík Šimek" (plus connu, en particulier pour son Jungmann sur la place homonyme au bout de la rue "Národní", ou son chevalier "Bruncvík" sous le pont Charles, lorsque vous vous penchez du pont vers la berge côté "Kampa", ou encore le St Venceslas au château de Prague, place St Georges, dans le coin haut de la nouvelle prévôté [architecte "Josef Mocker" immer noch]). Maintenant si vous faites le tour de l'église, chaque bout du transept (toujours à l'extérieur) possède sont propre tympan avec sa propre niche et sa propre statue. Au Nord se trouve donc St Cyril par "Bernard Otto Seeling" (auteur de quelques broutilles sur le Rudolfinum et sur St Pierrépaul à "Vyšehrad"...), et au Sud St Méthode (ah ouais?) du même sculpteur. Bon, z'avez tout vu du dehors? Alors hop, on rentre dedans.
Dedans, c'est joliment peint, et tout particulièrement dans la nef principale. Maintenant gaffe, parce que selon mes sources, ces peintures seraient d'un certain artiste viennois du nom de "Johann Jobst". Hum... peut-être, sinon que je n'ai trouvé aucune trace de ce bougre. Mais alors aucune du tout. Du coup, soit il avait un autre prénom, un autre nom, ou les 2, ou carrément mes sources sont erronées... Bref, ce qui est sûr (parce que c'est flagrant) ce sont les thèmes. Le premier c'est les saints populaires de notre pays: on peut y voir (entres-autres) St Jean Népomucène, le Cyril et mes Thodes, St Guy et St Zikmund, Ste Agnès, St Ivan et un plus rare 9parce que Morave), St Jean "Sarkander" sur lequel vous pouvez lire plus de détails dans une précédente publie. Pis y a le thème des personnages de l'ancien test amant: on peut y voir (entres-autres) Daniel, Jeremiah, Isaak, Abraham, Ezéchiel, Noé é Tsétera... Du même auteur que j'en suis pas sûr qu'il s'appelait ainsi, on retrouve une série de 9 tableaux dédiés à Ste Ludmila sur les thèmes de sa vie: Ste Ludmila visite les prisonniers, Ste Ludmila rachète les pécheurs, Ste Ludmila soigne les orphelins, Ste Ludmila bâtit des sanctuaires, Ste Ludmila enseigne le savoir à St Venceslas, Ste Ludmila se coupe les ongles des pieds, Ste Ludmila déguste des merguez à la fête de l'oignon, Ste Ludmila se rase les jambes sous la douche avant d'enfiler ses collants, et Ste Ludmila meure étranglée à coup de couteau, l'enquête étant court.
L'autel central en forme de baldaquin néogothique est une oeuvre de "Čeněk Vosmík" (l'Atlas supportant le globe terrestre sur ses épaules à la gare centrale, quelques copies des statues du pont Charles originellement "Brokoff" fecit...) sur une idée 'achement originale de "Josef Mocker" noch einmal. Le fourbi se compose d'une statue de Ste Ludmila (la revoilà), d'un crucifix d'à Jésus, et d'un médaillon avec dieu l'père dedans. En 1922, l'on compléta l'équipement de l'église d'un autel secondaire sur la gauche. Celui-ci se compose d'une vierge Marie sur son trône, le p'tit Jésus dans les bras, tous deux entourés de Ste Ludmila (l'est partout celle-là), de St Venceslas (celui de la place), de St Adalbert (près du lampadaire), de St Procope (qui fume un clope), de Ste Agnès (qu'on voit ses fesses) et de St Jean Népomucène (qui trouve que c'est obscène, qu'on voit les fesses de Ste...). Dans le fond se trouve une peinture monothématique tripicturale: le couronnement de la vierge, l'annonciation (à la vierge), et la visitation (de la vierge). Mais je ne me rappelle plus du nom de son barbouilleur (de la peinture). A l'opposé de cet autel secondaire, du côté de l'épître, se trouve un autre autel secondaire représentant les zévangélisateurs St Cyriléméthode, et sous-eux, un bas relief évoquant la bénédiction romaine de la liturgie slave, et le baptême de Ste Ludmila et de son mari "Bořivoj". La maîtrise d'ouvrage est de "Štěpán Zálešák" (pas trop connu hors République, mais sculpteur extrêmement prolixe en son pays, principalement en art religieux) alors que la maîtrise d'oeuvre est de "Jan Kastner" et d'un certain "Lukavský" dont j'ignore tout. C'est comme la chaire. Elle serait l'oeuvre d'un charpentier nommé "Zik" ou "Zika", mais je n'ai rien trouvé dans mes encyclopédies le concernant. Il serait d'ailleurs tellement insignifiant, que les 4 évangélistes seraient d'inspiration "Antonín Procházka", et nom du "Zika" (apparemment "Jiljí Zika"). Et pour terminer sur les autels, l'on trouve encore dans la nef principale 2 autels mineurs consacrés à St Joseph et St Antoine que je vous signale pour l'anecdote suivante. Mes ouvrages hagiographiques et iconographiques ne cessent de rappeler que ces 2 saints (Joseph et Antoine) sont souvent représentés portant le p'tit Jésus dans leurs bras (va faire son p'tit rot), de par "leur amour pour ce dernier". J'me demande comment on représentera les évêques irlandais, pour leur amour envers les... bref...
Pis y a les vitraux. Alors les guides s'extasient dessus, les couleurs, etc... Personnellement... enfin bon. Ils représentent des saints (ben tiens), et tout particulièrement (plus saints que saints) les vitraux du transept, qui représentent les martyrs de Ste Ludmila et de St Venceslas. J'ignore qui en est l'auteur, d'autant plus que certains vitraux n'ont pas survécu les bombardements alliés de la fin de la seconde guerre mondiale. Par contre selon les sources, les thèmes auraient été inspirés par les plus grands artistes de l'époque, genre "František Ženíšek", "František Urban" (les splendides peintures intérieures de l'église St Pierrépaul de "Vyšehrad"), "František Sequens" ou "Adolf Liebscher" (pour changer des François). Par manque de pognon, les vitraux ont été financés par de bienfaisants bienfaiteurs dont la longue liste est précieusement conservée par la mairie de la ville, pour le cas qu'on ne sait jamais, où que des fois ça pourrait servir un jour, genre. Alors je vous passe les détails de la liste, mais on y retrouve un futur maire, les Lobko (sont partout ceux-là aussi), un doyen de la paroisse locale, des frères servants (ordre de Malte?), des époux (dans la tête?) et des quidams.
Après son édification, l'église comptait 5 cloches (6 avec le curé). Une Ste Ludmila de presque 3 tonnes, un St Venceslas de 1,3 t, un St Adalbert de 800 kg, un St Procope de 530 kg, et une petite vierge Marie de 78 kg. Toutes 5 sortaient de l'atelier des saintiers "Diepold", et aucune ne survécut les réquisitions des 2 guerres. Enfin si, la petite Marie, mais elle se fêla après la première guerre mondiale et fut fondue. En 1925, l'on remit des cloches au sommet de Ste Ludmila, cette fois des ateliers "Herold" de "Chomutov". Pareil, guerre, réquisition, et seul un petit tocsin vit la libération. Il fallut attendre 1993, afin qu'on réinstalle une nouvelle cloche sur St Venceslas, apparemment don privé, genre "tiens, j'ai une grosse cloche à la maison et chais pas quoi n'en faire. Ben j'vais n'en faire cadeaux à la paroisse. D'toute façon j'peux même pas en jouer après 22h, alors hein, avec tout c'que ça bouffe et l'entretien qu'ça coûte, autant qu'ça profite n'à quelqu'un". Sympa moi j'dis. Mais la cloche privée ne faisait pas assez de ramdam, alors on en installa 2 autres provenant de l'église du sacré coeur laquelle en faisait trop (de ramdam). Et puisqu'on parle de bruit, tiens, parlons un peu de l'orgue (non, je plaisante, je suis un grand amateur de musique d'orgue d'église, surtout en sauce avec des zairelles en qu'on plote). Cet orgue est d'une valeur historique comme musicale inestimables, puisqu'il est le dernier grand orgue de "Emanuel Štěpán Petr" encore en fonction dans son état d'origine (l'orgue, Emanuel Etienne Pierre, lui, est décédé depuis une paire de semaines). Les tuyaux aillant survécu les réquisitions des 2 guerres mondiales, l'on peut encore entendre sa tonalité inaltérée d'influence romantique (fin du XIX ème siècle). Construit en 1898 sous le numéro d'opus 117, il se compose de 3000 tuyaux, 3 claviers manuels et un pédalier (clavier pédestre) offrant 46 registres lorsqu'on sait en jouer. Outre ses qualités sonores, il présente également des éléments techniques que nombreux orgues ne possédaient toujours pas plusieurs dizaines d'années plus tard: assistance pneumatique des commandes (genre direction assistée), mémoire mécanique des combinaisons de registres, ou siège chauffant côté conducteur pour faire fesse aux hivers vigoureux.
En 1974, nos camarades con-munistes mirent en chantier le métro, et l'église fut fermée pour longtemps. Etait-ce afin d'éviter un éventuel accident, du fait que le trou du tunnel passait sacrément près des fondations de la maison d'à bondieu? En tout état de cause, une telle précaution n'est pas à l'ordre du jour en ce moment avec la construction du tunnel de Blanka, alors qu'elle serait fichtrement bienvenue. Bref, l'on en profita donc pour restaurer l'intérieur. En 1980 l'on posa un nouveau toit en ardoise de Moravie (qu'ils n'aillent pas dire qu'on ne les aime pas, les Moraves), et selon certaines sources, les camarades ingénieurs con-munistes planifièrent la durée des restaurations jusqu'en l'an 2000. Aujourd'hui, une telle durée semble totalement absurde, mais dans le contexte de la planification quinquennale d'avant, dans le cadre des compétences prévisionnelles d'un conducteur de tracteur, et dans les conditions d'expérience du bâtiment dont disposait l'équipe de kolkhoziens agricoles, honnêtement, 20 ans ça pourrait même sembler presque optimiste à y regarder de plus près. Alors miracle ou pas (on est dans une église), les travaux avancèrent si bien qu'en hiver 1984, la nef Sud de l'église fut terminée, et l'on y put célébrer la messe de minuit en l'honneur du camarade Jésus. Il fallut cependant attendre 1992 (et non 2000) afin que tout soit terminé. Et le 16 septembre de cette année (pas celle-ci, celle de là-bas, 1992), le cardinalarchevêquaujourduinenretraite "Miloslav Vlk" vint poser les rideaux sous les "Allah akbar" des fidèles.
Et maintenant quelques historiettes, anecdotes et autres curiosités. Selon une de mes sources, après la nouba de 1893 de l'archevêquécardinal "František Schönborn", l'on (il?) fit déménager les reliques de St Ludmila et de St Venceslas en notre église. Hum... pas sûr parce qu'aujourd'hui St Ludmila repose en l'église St Georges (au Château) depuis le X ème siècle, tandis que St Venceslas repose en notre cathédrale St Guy (au Château itou) depuis le X ème siècle (itou). Et en dehors du fameux vol de 1142 (cf. "Canonici Wissegradensis Continuatio Cosmae", tout dernier paragraphe), lorsque le maçon et tailleur de pierre Werner ("Wernherus") déroba une partie des reliques de Ste Ludmila (mais son fils les rapporta), je ne me souviens pas que les reliques des 2 saints auraient séjourné ailleurs (même pas à l'expo de Shanghai 2010). Alors s'ils y ont reposé, en Ste Ludmila, c'est vraiment en attendant, histoire de changer d'air, mais pas plus. Sinon parmi les mariages célèbres, l'écrivain "Jaroslav Hašek" et l'homme politique "Edvard Beneš" jurèrent fidélité à leurs épouses respectives en l'église St Ludmila. Dès sa construction, l'édifice fut électrifié, aussi les cierges ne sont là que pour la parade, histoire d'occuper le sacristain. Lors du millénaire de la mort de St Venceslas en 1929 (aujourd'hui 1935, parce qu'avant, on croyait que St Venceslas était mort en 929, mais maintenant on sait que c'était en 935), l'archevêque de Prague "František Kordač" éleva la paroisse (comme l'église) en archidoyenné. Pis c'est tout.
Alors comme dit au tout début, Ste Ludmila n'est pas une exclusivité. Genre si vous faites l'impasse dessus, vos voisins ne vous jetteront pas des pierres non plus. D'autant plus qu'à l'instar de toutes les églises du pays (hors hyper centre ville de Prague, tourisme oblige), elle est généralement fermée. Et pour peu qu'elle soit ouverte, il est interdit d'y photographier. Fermer les monuments historiques et interdire de photographier de partout, c'est une vieille tradition tchèque datant de l'ancêtre Čech, qui eut dit comme ça: "tu ne photographieras point rien du tout; tu ne laisseras point rien d'ouvert aux touristes; tu ne souriras point à personne même s'il laisse du pourboire en Euro; tu ne diras point rien qui puisse faire plaisir à ton prochain (ce con)" puis il rajouta encore "et si jamais il te venait à l'idée d'entraver un des ces commandements mon cochon, même d'un subreptice regard flou de l'oeil droit, j'te dis pas la savatée au cul que j'viendrai te met' de mes babouches pointues." Les boules! Et depuis, ben c'est comme ça ici, en République Tchèque. Sinon Ste Ludmila, vous la trouverez là: 50°4'31.672"N, 14°26'13.364"E.