« Comme un éclat de rire
Vient consoler tristesse »
Damien Saez
Triste archange au paradis des fous
Voilà que nos chants tes cris secouent
Nos braises frayeurs fragiles en chacun
Regrets faussement éteints vivants chagrins
Méchantes sont les heures perdues de chemins en chemins
Tes poèmes pleurent le picaro humain
Ses rêves goulus qui brûlent son gosier chaque nuit
Et ses amours violentes à brûle-pourpoint
Sa voix étranglée par les treize coups de minuit
Cette Méchante que tu nommes putain de belle vie
Vos voyelles mutantes les colorées
Ne sont pas à vendre
Ne cesses-tu de nous rappeler
Nos voyelles, lettres frêles égarées dans le ventre du serpent alphabet, moins extravagantes
Sont à retordre à sophistiquer
Mouillées d’un alcool frondeur dans un savant désordre
Insignifiant anonyme On fait bander sa plume Mouiller la rime Enfin, fuir
Le réel
Et jouir quelquefois,
Et l’on zigzague Divague En vogue La vague A l’âme
Attendant L’ascension L’échafaud Direction l’Eternel
Tu sais moi j’ai les ailes exténuées déjà
Un rien de poésie à r’cracher sous la nuée tu vois
Et j’imagine déjà l’épitaphe Mélancolie sous l’oranger surplombant ma stèle
A faire grincer l’étoile qui palpite dans tes flammes
A Toi l’angelot grand diable d’écorché
Ton lamento se répand sur nos ombres qui clopinent sur le pavé
– lavé, l’extérieur nuit, luit –
Brillent les mirettes tende l’oreille à ta musique jets de pierres en poésie
Toi le poète le crieur le loup, résistant l’ancien l’afghan est mort comme son souvenir en chanson sa petite histoire
Va s’échouant en
Harakiri dans l’enfer des caniveaux
Trou noir et béant, bénissons d’avance nos mémoires
Bouche-bée, et
En chansons ou en talons
Gosier rougis par les pas perdus des femmes errantes, au
Gosier rougis par les treize coups de minuit
Et ta voix, l’ange
Pendant que les vers de baisers mangent nos mines tragiques
Rend au poing levé sa dignité qu’on a vite fait d’enterrer
Dans nos estomacs terreux, un rien cyniques
Vois-tu mon Ange ce qui me dérange
C’est l’insupportable couleur de la douleur
La mienne nourrie des leurs
A ceux-là les pourris les gueules safranées
Grimaces muettes farandoles macabres télévisuées aussi vite enterrées
- Guerre salope est la paix ses artefacts sans cesse rideau rouge mille fois levé -
Comédies du Vertige au métronome exact
Armes de destructions massives comme milliards de bénéfices en fumée
Mais nos petits intérieurs repus de quelques vertus sont peuples de mignons, grouillant de vices, je sais
Vas-y court sur ma paume comme un cancrelat toi
Ligne ensanglantée, court, et
La courbe équateur fait goguenard le tour de mon coeur
Et repart à la lune
Et coule ma douleur
Et tourne ma fortune
Et qui toussote croit étouffer le cri pâteux du chien humain
Mais l’ange est vaillant, à ses heures, poète veillant au grain
Au seuil céleste du grand départ pour l’autre bagne
Donne à la vermine impatiente à bouffer des vers
Car la mort parfois promet d’être moins amère
S’écrit-on en prières en oasis de Cocagne
Si je ferme les yeux bien forts sans doute ferais-je moins la fière
Dormeuse rêveillée quelle que soit ma patrie je consomme du sommeil noir
Et de la hargne
Poings d’ironie points de suspension
En suspension
Moderne
Comme l’homme-oiseau mon frère dantesque et noir qui ne s’envole qu’en pensée de son triste territoire
Photogénie grotesque de ce mémorable irakien qui me hanterait presque
Quelle que soit ma nuit mes pensées fument en sommeil ivoire
Vas-y bel ange défonce ta voix quant à moi je reprends anonyme ton refrain
J’ouvre grand mes yeux chimères bleues
Et lève ma plume à la dignité de mes frères chiens
Anonymes monstrueux aux culs défoncés à faire pleurer Dieu
Et faire vomir encore quelques bardamus humains
M’agrippant loin de toute pudeur toxique à ton auréole mélancolique
Nos voyelles mutantes les colorées
Ne sont pas à vendre
Pour les anges égarés saltimbanques fêlés
Autres Cracheurs d’encre Horlas perdus Fauteurs d’Art Craché
Saez
N’aie de cesse de crier