Huit nouvelles nous racontant le va-et-vient d’habitants de ce petit village israélite qui calmement passe dans la quiétude les nombreuses guerres de son pays. Oz nous décrit ce village en ces mots : somnolent, vieux d’un siècle au moins avec des grands arbres, ses toits rouges et ses exploitations agricoles transformées pour la plupart en caves à vin de production artisanale, d’olives épicées, de fromages fermiers, de condiments exotiques , de fruits rares et de macramé. Les anciens bâtiments avaient été convertis en petites galeries exposant des objets d’art importés, des jouets décoratifs africains, du mobilier indien. Tel-Ilian était un village séculaire, environné de champs et de vergers. Certains habitants s’occupaient encore d’agriculture et employaient des ouvriers étrangers. La plupart avaient affermé leurs terres pour se reconvertir dans les chambres d’hôtes, les galeries d’art, les boutiques de mode, quand ils ne travaillaient pas à l’extérieur.
D’une écriture très classique, intemporelle, observatrice du détail, Oz décrit avec tendresse ces personnages attachants, une femme vivant avec son vieux père grincheux qui entend toutes les nuits creuser sous la maison, un agent immobilier qui convoite une maison centenaire pour la transformer en résidences secondaires destinées aux week-ends et aux vacances. Et dans Les étrangers, ce tout jeune homme, taisant, refoulant, son amour pour cette jolie bibliothécaire deux fois son âge. Chaque nouvelle possède un attrait particulier décrivant cette façon de vivre de ce petit bourg israélien, qui au fil des ans donne place à la modernité. Fait particulier, l’auteur cultive un suspens tout au long de ses récits et laisse son lecteur pantois, à lui-même, libre de développer sa propre conclusion. Amos Oz, né à Jérusalem en 39, devient un important écrivain de sa génération, lauréat du prix Femina roman étranger en 88 avec La boîte noire.