Je vous avais promis ici (bande de veinards) un petit point sur la médiation wikipédienne. Et encore une fois l'actualité, par un heureux hasard, s'y prête bien.
Je ne vais pas revenir sur la fin des Wikipompiers, tout est déjà ici et là. Les Wikipompiers, pour ceux qui ne le sauraient pas, ont été remplacés par un Salon de Médiation, dont l'efficacité reste encore à démontrer. Outre l'activisme d'Iluvalar, déjà considéré comme grandement responsable de la faillite des Wikipompiers, et dont la seule présence sur cette page bloque toute tentative de résolution de conflits - voir ces deux exemples récents, assez illustratifs, pour comprendre la situation - les problèmes de ce salon tiennent à quatre éléments :
- Son fonctionnement est somme toute similaire à celui des Wikipompiers, pourtant si décriés : une partie à un conflit vient se plaindre et demander une médiation (ou plutôt qu'un médiateur s'empresse de venir dire qu'il a raison), et le médiateur prend en charge la situation. Je ne vois pas comment une méthode ayant montré son inanité pourrait aujourd'hui fonctionner, surtout avec des acteurs identiques.
- Peu de contributeurs en conflit, soit parce qu'ils ne le connaissent pas, soit parce qu'ils n'en ont pas envie, font appel au Salon de Médiation. C'est particulièrement vrai pour les utilisateurs les plus chevronnés (et donc les plus à même, pourtant, de connaître son existence) : en parcourant les requêtes en médiation, on s'aperçoit que ce sont surtout les nouveaux qui, sans doute guidés par les pages d'aide, y font appel. Le Salon souffre donc d'un net déficit de légitimité et de crédibilité, en dépit de sa relative ancienneté.
- Et qui explique en partie le deuxièmement : peu des cas soumis aux médiateurs du Salon sont réglés. L'efficacité n'est pas au rendez-vous.
- Comme les Wikipompiers, les médiateurs du Salon n'ont pas un début d'embryon de mandat communautaire pour faire ce qu'ils font.
De manière générale, j'ai déjà exprimé mon scepticisme sur l'opportunité et l'utilité d'une structure de médiation. En grande partie du fait de l'existence du Comité d'arbitrage. Généralement, les conflits sont tués dans l'oeuf par eux-mêmes ou finissent en arbitrage. Rarement la moindre médiation a pu changer ce déroulement des choses. C'est moins vrai aujourd'hui, à mon avis pour une raison simple : l'actuelle désagrégation du Comité d'arbitrage qui, clairement, entre arbitres aux abonnés absents et décisions de (non) recevabilité surprenantes et autres, ne remplit plus son office (je note à ce sujet le peu d'arbitrages initiés ces derniers mois, qui témoignent d'une défiance de plus en plus prégnante à l'égard de cet organe. J'y reviendrai sans doute prochainement).
Une procédure de médiation semble par conséquent nécessaire. Mais il faut alors gommer les défauts des précédentes : plus de souplesse, la fondation d'une légitimité communautaire et surtout plus d'Iluvalar. La meilleure solution me semble être une médiation informelle, au gré des contributeurs concernés : ceux-ci, en conflit, s'entendent sur l'identité d'un médiateur, et vont le trouver directement. La différence avec ce qui pourrait, après tout, se faire tout naturellement aujourd'hui, est qu'il faut encadrer ce processus : le médiateur ainsi validé par les parties doit être communautairement (via l'établissement de règles) pourvu de prérogatives lui permettant de trancher les litiges. Nous aurions ainsi un médiateur reconnu par la communauté, les parties en conflit et pas impuissant. Un vrai médiateur comme il n'en a jamais réellement existé sur Wikipédia.
Chiche ?