Compilation de reprises de l’album #3 de Diabologum
proposé par le site A découvrir absolument mis en ligne le 31 juillet 2010 disponible ICI
Il l’a fait! Il a osé le faire! Gérald de Oliveira, créateur du webzine ADA (A découvrir absolument) devenu depuis peu essentiellement le support des compilations découvertes qui ont fait une partie de son succès, l’a fait! Le bougre il a osé proposer à des artistes divers et quasi inconnus de reprendre l’intégralité des morceaux du mythique #3 des toulousains Diabologum.
Hommage, sacrilège? Oser toucher à ce qui pour beaucoup (quasi) quadras notamment, musiciens ou non, fut un album fondateur. #3 c’est l’étonnante excellente idée des débuts 90′s : un mélange de rock, de collages musicaux et textes parlés. Écoute inédite à l’époque, entre surréalisme musical et une érudition limite prétentieuse (ce qui sera parfois reproché, à tord, aux membres du groupe). C’est un album qui pour beaucoup a accompagné l’adolescence ou les premiers pas dans la vingtaine : époques où notre part sensible et émotionnelle est à son comble. On n’oublie pas facilement ses premières désillusions et les “…il n’y a rien à gagner ici…” qui les accompagnaient. #3 est un objet précieux non seulement parce qu’il n’est plus édité (pièce mythique du catalogue Lithium) et donc rare mais aussi parce que cet album fait parti de ces quelques œuvres qui dans nos vies ont jalonné un avant et un après. [Pour l'anecdote personnelle, ce fut le seul objet qui créa litige lors du partage des biens de mon récent divorce : mon ex-mari étant celui qui découvrit les toulousain et acheta ce disque... Il eut cette intelligence du cœur de me laisser l'objet sachant à quel point je m'y étais attachée.] Historiquement c’est l’album qui annonce déjà la séparation des deux têtes “pensantes” de Diabologum : Arnaud Michniak et Michel Cloup. Avec un morceau comme “Les Angles” c’est le commencement de Programme qui s’écrit, quand Michel Cloup est sans doute déjà titillé par des envies d’Expérience.
Alors voilà, prendre le risque de s’attaquer à un tel album nous rend à la fois émus et craintifs. Quel plaisir de revoir sous le feu de l’actualité musicale revivre tous ces morceaux sous un jour nouveau quand égoïstement on aurait envie d’hurler au sacrilège. D’ailleurs personne n’a véritablement pris la relève depuis toutes ces années, beaucoup s’inspirent et revendiquent une lignée toulousaine mais rien n’a jamais su égaler ces morceaux si particuliers. Pour cela il n’est pas forcément très facile d’accueillir avec une oreille bienveillante ces essais de reprises : entre curiosité et exigence. La première écoute fut pour moi douloureuse . Parce que l’inconscient était trop marqué musicalement et émotionnellement par l’album original pour m’en détacher. A part deux, trois coups de cœur immédiats mes premiers avis se limitaient à des “non mais je rêve!”, “mais c’est quoi ce truc!?”.
C’est après de nombreuses écoutes, en s’imprégnant de ces interprétations et arrangements inédits et oubliant le passé que de fil en aiguille on prend le plaisir de la découverte et que l’on apprécie le bel effort des artistes ayant participé au projet. Certains morceaux sont pour le moins bluffant, offrant une relecture originale. “La maman est la putain” (pas le plus évident à retravailler) auquel se sont attaqués les membres de The Camping Car Suicide offre une approche destabilisante et vraiment réussie car inattendue (Il fallait se démarquer de l’originale tellement impressionnante) -je n’en dévoilerai pas plus sur ce titre qu’il faut ” découvrir absolument”. Dans le même état d’esprit l’interprétation libre d’”Une histoire de séduction” que nous propose Alexperimental est assez convaincante. Il y a les valeurs sûres qui n’ont pas besoin de trop en faire pour qu’on aime d’emblée leur reprise : c’est le cas de Laudanum sur “Il faut” ou encore Pumuckl avec “A découvrir absolument”. Parmi les belles découvertes l’interprétation toute en simplicité de “La neige en été” par Blue Haired Girl est fort émouvante et charmante. “Blank Generation” par Ged et “Dernier étage” par Jameson Test ont su garder leur puissance originale. Karl–Alex Steffen nous offre une surprenante version d’un instant précis. Le chant quelque peu appuyé étonne mais la force des arrangements donnant une ambiance presque angoissante à la Twin Peaks au morceau est une approche intéressante. Arnane s’attaque au poids lourd de l’album, “Les angles”, donc forcément il nous est difficile d’oublier l’interprétation oppressante d’Arnaud Michniak pour adhérer à cette version un peu plus “légère.” La reprise qui m’a véritablement agacée reste celle de Crack sur “365 jours ouvrables” avec ses arrangements Bontempi fêtes foraines limite dance… mais à force d’écoutes : je m’y suis fait.
En tout cas merci à tous ces artistes qu’il convient maintenant de découvrir pour ce qu’ils font, merci à Gérald de Oliveira de nous avoir le temps d’un album refait vivre un peu de nos 20 ans.
En écoute :