Sarko peut se reposer tranquille chez belle-maman au Cap-Nègre: la machine à gaffer de l’UMP ne prend pas de vacances, avec en première ligne Frédéric Lefebvre et l’inoxydable Brice Hortefeux, barrant toujours plus à droite.
Dans la séquence « après-vente » des propos sécuritaires du chef de l’Etat, le premier à dégainer fut Frédéric Lefebvre, qui déclarait la semaine dernière au micro d’Europe1:
(…) la question des étrangers, c’est un problème majeur dans notre pays (…) La délinquance, chacun sait qu’il y a des liens avec l’immigration, c’est souvent pas correct le dire, mais chacun le sait.
Du bon « rouge qui tâche » comme l’aime Sarko, censé rassembler la droite dure et les électeurs égarés du FN au premier tour de la prochaine présidentielle, marqué au bon sens du bistrot du coin, et plus digne d’un Jean-Marie Le Pen que d’un porte-parole du parti majoritaire.
Mais Lefebvre n’allait pas tenir la vedette longtemps. C’était sans compter l’inoxydable Brice Hortefeux, exécuteur des basses oeuvres de son mentor Nicolas Sarkozy. Ce dernier – toujours sous le coup d’un procès pour injure raciale (et point encore déchu de sa nationalité auvergnate ?) – vient en effet de déclarer sur RTL à propos de son meilleur ennemi Lies Hebbadj :
Cet individu est présumé coupable de polygamie, de fraude aux prestations sociales, c’est à dire d’avoir bénéficié de manière indue et injuste d’allocations familiales, d’allocations de parent isolé.
Tout en réitérant sa volonté de déchoir le suspect de sa nationalité en cas de condamnation – lavant là plus blanc que Sarko et inventant là encore de nouvelles raisons de déchéance de nationalité.
Cette déclaration pose toutefois deux problèmes majeurs: le premier est que l’on n’est pas, n’en déplaise au ministre, « présumé coupable », mais « présumé innocent » avant que la justice ait rendu son jugement. Mais là encore, le ministre ne fait-il que de s’aligner sur la conception très particulière de la justice de Nicolas Sarkozy, qui n’avait pas hésité à qualifier de « coupables » les prévenus lors du procès Clearstream, ce qui lui avait valu ce rappel à l’ordre en bonne et due forme par Olivier Metzner, l’avocat de Mr de Villepin:
C’est cela le respect de votre tribunal ? de votre parquet ? C’est cela qu’un président de la République donne comme spectacle à la France de la justice? La présomption d’innocence est un droit fondamental. Et le président de la République la bafoue en direct devant des millions de Français ! On a déjà voulu pendre Dominique de Villepin à des “crocs”. Maintenant, on le dit déjà coupable !
Deuxième point, symptomatique là encore de la vision sarkozienne de l’exercice du pouvoir, le ministre – d’Etat, doit-on le rappeler ? - préjuge ce faisant d’une décision de justice qui ne lui appartient pas et viole par là même un des principes fondateurs de la démocratie: la séparation des pouvoirs.
Mais c’est vrai que nous n’en sommes décidemment plus à ces subtilités près, dans cette république qui de plus en plus nous donne l’impression d’être – n’en déplaise à la Droite – dirigée par des « voyous » – fussent-ils authentiquement français ceux-là.