Les probabilités que la Fed maintiennent ses taux directeurs lors de son Comité de politique monétaire qui se tiendra demain sont extrêment fortes ( → Finance - La Fed scotchée à des taux zéro d'ici la fin 2010 ? )
Mais après les chiffres de l'emploi publiés vendredi dernier la visibilité a finalement baissé d'un cran ( → Economie : la difficile lecture des chiffres de l'emploi US )
La volatilité s'est également accrue avec des marchés européens qui se sont aujourd'hui purement et simplement recadrés à la hausse sur le rebond de Wall Street en toute fin de semaine après fermeture des bourses européennes et ce d'autant qu'une frange du marché s'est mise à anticiper un geste de la Fed sur la base des chiffres en demi-teinte publiés sur l'emploi.
Les 2 articles ci-dessus mis en lien vous donneront les détails de la situation de l'emploi et des probabilités de relèvement de taux d'ici la fin d'année, voyons ici de manière la plus concise possible ce qui pourrait motiver un tel geste et ses probabilités d'apparition.
Si l'inflation basse et les données sur l'emploi ne militent pas pour un relèvement de taux en l'état, la baisse n'est pas non plus possible avec des taux directeurs déjà plaqués à zéro depuis des mois. Une des mesures possibles pour assouplir serait de revenir à des méthodes non-conventionnelles comme en 2008 et 2009 (liquidités, achats d'obligations etc..), mesures sur lesquelles une partie du marché spécule en même temps qu'un statu quo sur les taux.
Fondamentalement, le taux de chômage officiel ci-dessus stagne depuis plus d'un an entre 9,5 et 10 %. Si on compare la période actuelle avec toutes les périodes de récession depuis la seconde guerre mondiale en retenant uniquement le taux d'accroissement du chômage à partir du 1er mois de chaque récession, la position actuelle sur le front de l'emploi reste identique à celle qui prévalait cet hiver alors que dans le même temps, en moyenne sur plus d'un demi-siècle la décrue du chômage s'amorçait nettement plus tôt à chaque récession.
Habituellement, 14 mois en moyenne après le début de la récession le taux de chômage commençait à s'infléchir (en vert ci-dessus). Au cours de cette récession, le chômage n'a au contraire cessé de grimper durement 23 mois. En 1990-91, au bout de 31 mois, l'accroissement du chômage était totalement résorbé et en 2001 cela a pris 47 mois, une perspective qui est totalement hors d'atteinte actuellement et que ne démentent absolument pas les prévisions du Comité de politique monétaire de juin dernier qui relevait même ses projections pour 2010 et envisageait avec de très faibles probabilités un retour sous 7 % en 2012 (ci-dessous)
Une grande part de l'attention demain portera sur la teneur des propos de la Fed sur ce sujet et d'éventuelles révisions de ses projections car, fondamentalement, face à ce constat en forme "d'enlisement" sur le chômage, un geste pour tenter de booster encore l'économie trouve des arguments.
Sur la date et la nature du geste lui-même, l'approche est plus complexe. Il est à noter toutefois que ce geste éventuel de la Fed fait l'objet de rumeurs depuis des semaines alors que les questions sur la croissance ont été en s'accroissant dans le même temps. Entre rumeurs et réalité, il y a souvent un pas mais cette rumeur trouve un argument plus objectif avec la baisse des taux d'intérêts et surtout un différentiel entre les taux des obligations gouvernementales US à moyen terme (2 an et 5 ans) qui se resserrent assez nettement autant qu'ils plongent avec l'atteinte d'un point bas de 20 mois vendredi soir.
Compte tenu de ce retour sur les niveaux post Lehman Brothers de la fin 2008, un tel geste n'est pas totalement impossible et gagnerait en probabilités dans les semaines à venir si ce mouvement baissier et de resserrement devait se prolonger.