Je me souviens parfois des leçons de morale que notre institutrice de cours élémentaire nous dispensait vers le milieu du siècle dernier. Assis parmi mes camarades, je clamais alors : « Quand on veut, on peut ! » en martelant de mon poing mon pupitre pour bien souligner le dernier mot, exprimant ainsi ma détermination. Il est également une autre maxime qui m’est restée de cette époque innocente : « Qui vole un œuf, vole un bœuf ». Des événements récents démontrent qu’elle est toujours d’actualité.
Je veux parler du cas de Lies Hebbadj. L’affaire a éclaté en avril dernier lorsqu’une de ses compagnes a été verbalisée pour « circulation dans des conditions non aisées » (article 412-6 du Code de la route). Contrairement à ce que divers médias rapportent, elle n’a pas été verbalisée pour port d’un niquab, pour la simple raison qu’à ma connaissance ce délit n’existe pas, du moins pas encore. Pour éviter à nos braves policiers d’autres recherches longues et pénibles dans le Code de la Route, je leur rappelle un autre article, le 416-1, qui spécifie ceci : « En agglomération, l'usage de l'avertisseur sonore n'est autorisé qu'en cas de danger immédiat. Les signaux émis ne doivent pas se prolonger plus qu'il n'est nécessaire. Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux dispositions du présent article est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe ». Voilà qui devrait leur assurer une source de contraventions beaucoup plus abondante que la chasse au niquab.
Ce Monsieur Hebbadj est également suspecté de polygamie. Quels seraient donc les officiers d’état-civil qu’il aurait réussi à abuser pour pouvoir se marier dans une mairie alors qu’il était déjà légalement marié ? En réalité, il dispose manifestement de plus d’un foyer, chacun étant pourvu d’une femme et éventuellement d’enfants, mais il est loin d’être le seul dans ce cas. Il en va de même pour la suspicion de fraude aux aides sociales. Il appartiendrait ainsi à une catégorie de délinquants assez bien fournie mais où les sommes escroquées s’expriment à chaque fois en milliers d’euros plutôt qu’en millions, sans cesser d’être condamnables pour autant.
On le soupçonne également de travail dissimulé, d’escroquerie et une de ses compagnes vient de l’accuser de viols et de violences. Là aussi, il se trouve en bonne compagnie bien qu’il soit rare de voir une seule personne faire l’objet de tant d’accusations. En fait, il semblerait qu’il n’ait pas volé un seul œuf mais plusieurs. Réjouissons-nous : dans son infinie sagesse, le procureur de la République de Nantes vient de décider de confier une enquête judiciaire à un juge d’instruction. Ainsi cette affaire qui fait trembler sur ses bases la République sera résolue par un magistrat indépendant. Ceci démontre bien que : Qui vole des œufs vole un bœuf.
Je vous expliquerai bientôt comment d’autres événements récents m’ont fait comprendre que l’on avait omis de m’enseigner en morale la proposition contraire : Qui vole un bœuf vole un œuf.