Les New-Yorkaises par Edith Wharton

Par Mango
Les New-Yorkaises  sont trois femmes influentes  de la même famille aisée, la mère, la fille, la belle-fille, de caractères et de comportements très opposés et surtout aux choix de vie très différents.Le récit se partage en trois livres selon l’évolution de l’influence de  chacune sur les événements familiaux. Toutes les trois sont belles, toutes les trois sont riches, toutes les trois sont courtisées mais dans ces années du début du XXe siècle, les plus jeunes revendiquent  toujours plus de liberté.Ce sont les femmes qui imposent leur rythme et  les hommes trinquent !Pauline Manford, la mère, a eu deux enfants de deux hommes différents,  Jim et Nona. Son premier mari, Arthur a sombré dans l’alcoolisme et le second qui aime Jim comme son propre fils, apprécie de plus en plus la femme de celui-ci, la jeune Lita qui ne rêve que de faire du cinéma. Mrs Manford est une femme très occupée,  à la vie parfaitement bien réglée, aux horaires très minutés, bien tenus par sa dévouée secrétaire. Elle s’étourdit  en étant partout,  en s’occupant de tout, quitte à se contredire      comme lorsque, dans un moment de trouble et d’égarement, elle  commence un discours destiné au Comité du contrôle des naissances  et le  termine par un hymne à la maternité! Elle est au cœur de la vie mondaine et sociale de sa ville et se rend indispensable pour échapper à la réalité . Elle ne veut rien voir de ce qui peut aller mal autour d’elle et cette attitude causera en partie le drame final. Quant à Nona, la fille du second mariage, c’est la plus équilibrée des trois. Elle ne cherche que l’harmonie de sa famille et  renonce au mariage avec l’homme qu’elle aime pour ne pas peiner sa femme car il est marié.Ce n’est pas l’histoire elle-même qui me séduit mais, comme toujours avec cette romancière, c’est sa façon de cerner ses personnages au plus près de leur apparence car tout se joue dans les rencontres feutrées de cette société mondaine  d’une ville qui bouge très vite. Le temps manque pour s’analyser vraiment. Le style suit les pensées souvent frivoles ou papillonnantes des uns et des autres, Le drame s’enfle en sourdine mais on ne veut surtout pas s’en préoccuper outre mesure. On remet sans cesse  les vrais soucis au lendemain mais les bonnes manières ne suffisent pas à arrêter ou à discipliner les sentiments qui n’en explosent que plus violemment par la suite.J'ai beaucoup aimé.   
       Oui, ils avaient tous besoin  d'aide, même s'ils ne le savaient pas, et le Destin semblait l'avoir placée, elle, Nona, au point d'intersection de toutes ces vies, comme un poste de secours près du virage le plus dangereux d'une course automobile, ou comme un système d'aiguillage dans une grande gare de triage.     (Lita)  Elle entra calmement, presque timidement, de ce pas léger qui tenait du glissement et du flottement; et aussitôt, malgré les vingt personnes assemblées, elle eut le parquet luisant et tous les miroirs pour elle seule. Toujours elle avait le cjic pour qu'on s'écarte à son entrée, si discrète soit-elle...     Elle se sentait rassurée du simple fait d'avoir écrit à son fils: elle avait toujours la secrète conviction qu'une chose était vraie si on la disait - à plus forte raison si on l'écrivait. 
Participation n°5 au Challenge Edith WhartonLes New-Yorkaises de Edith Wharton(Flammarion, 2000, 298 p), traduit de l’anglais par Jean PavansTitre original : Twilight Sleep, 1927