Cinq petites fosses et cinq petites filles disparues. Au fond de chacune, un petit bras, le gauche.Sur les traces de cette énigme l’équipe du criminologue Goran Gavila, secondé par la spécialiste en enlèvements Mila Vasquez. Chaque découverte macabre, chaque indice les mènent à des assassins différents. Et puis la découverte d’un sixième bras, appartenant à une victime inconnue… Et si tous les meurtres étaient liés ? Et si le vrai coupable était ailleurs ? Dans le huis clos d’un appartement spartiate reconverti en QG, Gavila et ses agents vont être confrontés à une terrible vérité. Quand on tue des enfants, Dieu se tait, et le diable murmure…Au delà d’une bonne carte de visite, il y a une histoire qui tient la route et qui fait froid dans le dos. A tout moment vous avez l’impression de tenir le coupable, et la page d’après vous découvrez que tout ce que vous savez n’est qu’une illusion. Ce livre se dévore page après page. Les personnages sont extrêmement bien construits et très attachants même attendrissants. A la fin vous avez du mal à les quitter. Vous avez cette espèce de réaction « ah oui, c’est donc pour ça… ». L’histoire n’est pas des plus faciles car elle est inspirée de faits réels. La force de ce livre réside dans la connaissance profonde de la problématique. On sent que l’auteur a un certain recul par rapport à l’histoire et que les faits et gestes des personnages ne sont pas un hasard. Il maîtrise très bien le sujet. Même s’il s’agit d’une traduction du livre original, le style reste très intéressant. Un grand bravo au traducteur qui a réussi à transcrire l’univers de cet auteur.Quant aux personnages, ils ont une profondeur inattendue. Au moment où on croit les connaître, tout est remis en question. Comme ces « bons amis » qu’on peut parfois avoir qui montrent leur vrai visage quand vous avez besoin d’eux. Une relation très intime est tissée entre le lecteur et ces personnes au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête. Ce qui est intéressant avec ces personnages est qu’ils sont loin d’être stéréotypés : les enquêteurs, « les bons », et le serial killer, « le malade ». Carrissi arrive à franchir cette barrière et donne une autre dimension à la notion du bien et du mal. Pour commencer, Goran Gavila, criminologue, suivi aveuglement par son équipe. Ce père de famille abandonné par sa femme, qui s’est volatilisée du jour au lendemain, prend en charge l’éducation de son enfant unique. Le jour, il côtoie la mort pour que le soir il puisse commander une pizza pour son fils. Mais au delà du criminologue il y a un homme et son histoire personnelle…Puis il y a Mila Vasquez dont le domaine de compétences est les enfants disparus. Incapable de sentir les émotions elle ne vit que par la réussite de ses enquêtes, un moyen de refermer ses blessures. Névrosée, instable, masochiste elle est loin d’une héroïne d’un thriller habituel. D’autre part, un tueur en série pas habituel qui possède une maîtrise totale de la situation. Insaisissable et ingénieux, il défie ceux qui le traquent par ses mises en scène et les fausses pistes désignant des coupables potentiels. De plus un certain nombre de personnages secondaires contribuent à faire avancer l’histoire et parfois vous prendre en contre pied.Et au final l’ambiance générale de ce livre. Vous avez constamment l’impression que quelque chose va arriver et que vous n’avez pas toutes les cartes en main.
Même si parfois l’auteur se lance dans un cours de médecine medico-légale, cela n’enlève rien de la qualité de la narration. Personnellement j’adore ce style de livre où vous avez l’impression d‘avoir appris quelque chose. En tout cas, avec ce livre j’ai appris les différents types de classification d’un tueur. Et maintenant je sais ce qu’est un « Chuchoteur ». A vous de découvrir cette superbe histoire si bien ficelée.