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The Five Star Stories

Par Ledinobleu

Jaquette DVD de l'édition américaine du film The Five Star StoriesIl y a plusieurs millénaires, l’Empire de Farus Di Kanon contrôlait tout l’Amas Stellaire du Joker avec une technologie prodigieuse… Mais après 10 000 ans de règne, il s’effondra en ne laissant plus que barbarie, et ainsi disparut le savoir des temps anciens. Jusqu’à ce que les familles impériales d’Amaterasu, Fillmore et Hathuha établissent l’ère du Calendrier Joker comme un espoir de paix durable pour toutes les nations. Le Calendrier Joker fut adopté mais le rêve de paix jamais réalisé…

En JC 2988, l’empereur Amaterasu dis Gran Grees Eidas IV, 84éme héritier du Royaume de Grees, est dieu de lumière. Sous l’identité du concepteur de mecha Ladios Sopp, il se porte au secours d’un vieil ami, le Dr Ballanche, qui veut sauver ses deux derniers Fatimas, Lachesis et Clotho – des androïdes surhumains indispensables au pilotage des fabuleux mechas Mortar Headds. Mais au contraire des autres Fatimas conçues pour obéir aveuglément à leurs maîtres assoiffés de conquête, Lachesis et Clotho disposent de leur libre-arbitre.

Ainsi débutèrent les légendes du Système de Joker, amenées à bouleverser l’Histoire Galactique, mais aussi l’amour d’Amaterasu l’Immortel pour l’esclave Lachesis…

Anime d’exception tiré d’un manga d’exception, The Five Star Stories est non seulement un OVNI comme on aimerait en voir plus souvent mais aussi une excellente introduction au monde fabuleux de Mamoru Nagano, un univers qui ose mêler la technologie de la science-fiction et la magie de l’heroic fantasy, la réalité et les songes, l’amour et la guerre, avec une poésie rare, une ferveur stupéfiante, une originalité certaine, une créativité et un talent inégalés – n’ayons pas peur des mots. De là à hurler au chef-d’œuvre, il n’y a qu’un pas et tout petit qui plus est…

La voix en off qui ouvre l’histoire en surimpression des premières images – fixes – pose d’emblée une ambiance familière malgré le décor grandiose qu’elle commente : ce sont les frissons des contes de fée d’antan que retrouve là le spectateur en se trouvant ainsi amené dans ce Moyen-Âge échappé d’un futur prodigieusement lointain où les chevaliers de plusieurs dizaines de mètres de haut portent des armures d’or et d’argent ciselées de runes et brandissent des épées issues d’une technologie aux allures de magie.

Pourtant, c’est encore la « naissance » de la Fatima Lachesis qui porte le plus d’émotions dans cette introduction où, décidément, rien ne ressemble à ce qu’on a pu déjà voir ; car le chara design filiforme présente ici une peau nue couverte de signes aux allures cabalistiques qui évoque ainsi une biotechnologie de pointe, certes, mais mue par des arcanes et des sortilèges aussi bien que par des songes et des désirs… À moins que ce soit les délires enfiévrés d’une liberté toujours fugace car sans cesse sur le qui-vive.

The Five Star Stories est une invitation au rêve éveillé, à la magie d’antan comme celle de demain, où les technologies ont atteint un tel degré de complexité qu’on ne peut les distinguer de la sorcellerie (1). Celle-ci fera d’ailleurs son apparition, à travers la vision fugitive qu’aura Ladios Sopp de l’Autre Monde – je veux dire celui des morts, qui ici ne quittent jamais vraiment celui des vivants, ou du moins pas pour toujours, pas complétement en tous cas. Du reste, les vivants ont parfois besoin de conseils…

Dans ce voyage vers un demain qui ressemble à hier – à moins que ce soit le contraire – vous trouverez des machines et des édifices construits comme des œuvres d’art, qui restent tous uniques malgré leur complexité technique indescriptible, produits par un artisan qui leur a dédié à chacun des années entières de sa vie, de son talent, de lui-même. Au point d’ailleurs que certains de ces mécanismes sont en fait vivants – et même, sous bien des aspects, conscients ; voire plus peut-être.

Hélas, mille fois hélas, ce film ne reprend que le premier volume du manga original : déçu du résultat, Nagano s’est opposé à la réalisation des volumes suivants censés poursuivre l’histoire, et ça se voit… Le récit semble incomplet : beaucoup d’éléments demeurent sans réponse, de points obscurs, de personnages occultés – et l’œuvre perd ainsi la plus grande partie de son souffle épique, l’intrigue de sa complexité, le monde de sa beauté et le spectateur de son plaisir. Quel dommage…

Il reste néanmoins une réalisation techniquement irréprochable, à l’animation de qualité exceptionnelle, aux designs purement ahurissants et à l’ambiance tout simplement unique : on a rarement vu mieux comme invitation à la découverte d’une fresque non seulement encore plus grandiose dans sa forme originale mais qui est aussi un incontournable du genre mecha depuis maintenant près de 25 ans.

À présent, si ces messieurs les éditeurs voulaient bien se consacrer à des titres qui en valent la peine…

(1) selon le principe énonce dans la troisième loi de Clarke : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie ».

Notes :

Ce film est basé sur le premier tome (les deux premiers dans l’édition américaine) du manga The Five Star Stories par Mamoru Nagano (mecha designer sur Heavy Metal L-Gaim, Mobile Suit Z Gundam, Brain Powerd) et publié dans le magazine Newtype depuis avril 1986.

Les mecha designs de Nagano sont si prisés que leur créateur a fondé une société de fabrication de maquettes pour en produire lui-même les modèles ; leur prix, ainsi que le temps d’assemblage et de peinture qu’ils requièrent, est à la hauteur de leur qualité…

The Five Star Stories, Kazuo Yamazaki, 1989
ADV Films, 2009
66 minutes, pas d’édition française à ce jour

Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka


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