En 2000, le cinéaste new-yorkais James Gray signait un polar mafieux très sombre et pessimiste intitulé "The Yards". Ce film s’appuyait sur un solide casting composé de Charlize Theron, James Caan, Faye Dunaway et du duo Mark Wahlberg - Joaquin Phoenix. Sept ans plus tard, Gray nous revient avec un nouveau film noir qui prend quelques couleurs et gagne en légèreté par rapport à "The Yards". "La Nuit nous appartient" s’alignent, par plusieurs points, sur ce précédant long-métrage. Disposant, une nouvelle fois, d’un impressionnant casting, James Gray suit Joaquin Phoenix dans la peau d'un vilain petit canard par excellence !
Le personnage de ce dernier, Bobby Green, est patron d’une fleurissante boîte de nuit fréquentée notamment par de dangereux dealers. Ce trafic resterait anodin pour Bobby si seulement son père et son frère n’étaient pas les "patrons" de la division anti-drogue de la police de New York ! Bobby va devoir bien vite choisir son camp : se ranger du côté de la pègre ou collaborer avec sa famille même s’il doit, pour cela, rompre avec la vie facile et lucrative qu’il menait.
Joaquin Phoenix, qu’on ne présente plus depuis ses interprétations magistrales dans "Gladiator" et "Signes", tire la couverture de son côté en interprétant, comme je l’ai mentionné ci-dessus, le vilain petit canard d’une famille de "justiciers" intègres, qui va devoir faire un choix cornélien. Robert Duvall (le père de Bobby Green) et, encore plus, Mark Wahlberg (le frère de Green) campent des rôles secondaires mais n’ont rien perdu de leur charisme ! Souvent coincée dans des films divertissants, plus grand public, comme "Hitch" ou "Ghost Rider", Eva Mendes s’introduit avec élégance et simplicité dans ce polar sondant avec beaucoup d’humanité les liens d’amour/haine entre les différents protagonistes de l’intrigue.
Peu enclin à nous "balancer" un thriller urbain gonflé à bloc, James Gray mise, avec finesse, sur la solide psychologie de ces personnages. Sans artifices ou effets pyrotechniques percutant, mais avec une belle vista socio-dramatique, "La Nuit nous appartient" s’inscrit pleinement dans la lignée des précédentes productions de Gray. Toutefois, ce film se pare d’un scénario un peu plus trépident, gagné d’une belle énergie très "années 80". Le final répond également au soucis de ne pas foncièrement bouder les Happy End’s.
Tiraillé par certaines longueurs, "La Nuit nous appartient" bénéficie toutefois d’un cachet authentique qui fait du bien, de certaines scènes symboliquement riches ainsi que d’un Joaquin Phoenix au top et entouré, en plus, par des stars qui ne doivent pas pousser leur talent pour être convaincantes dans des rôles malheureusement (parfois) trop calibrés. Avec "La Nuit nous appartient", James Gray ne réinvente pas le polar américain déjà défriché, il est vrai, par des "géants" d’Hollywood comme Francis Ford Coppola ou Martin Scorsese. Ce long-métrage tutoie cependant, sans rougir, les excellents "American Gangster" et "Promesses de l’ombre" toujours à l’affiche. Une chose est certaine l’année 2007 a été riche en films noirs de très bonne qualité !
La bande-annonce...