[Critique DVD] Lignes de front

Par Gicquel

Lignes de Front

Un film de  Jean-Christophe Klotz

Avec Jalil Lespert, Cyril Guei, Jean-François Stévenin,Eriq Ebouaney et  la participation de Philippe Nahon

Dvd le 17 août

19.99 €

Au cœur de l’été, le sujet n’est peut-être pas très porteur, et pourtant dans sa dure réalité, 16 ans après, il demeure à la fois une énigme et un fait historique d’une incroyable cruauté. « Une saison de machettes » de Jean Hatzfeld, paru il y a sept ans livrait déjà un fort témoignage sur l’ignominie de cet événement. Des images inimaginables révélées par une écriture jamais complaisante, même si elle portait cette fois la parole des tueurs. L’auteur avait auparavant et de manière tout aussi directe donné la parole aux rescapés (« Dans le nu de la vie »)
Pour le cinéma, Jean-Christiphe Klotz n’aborde pas de façon aussi frontale un dossier qui il est vrai, mis en images, peut très rapidement déraper. Entre la fiction imaginée autour de Clément, un étudiant hutu vivant en France, parti à la recherche de sa fiancée tutsie ( l'excellent Cyril Gueï ), et la réalité du terrain, le cinéaste prend la tangente du documentaire filmé.

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C’est l’histoire d’Antoine, un jeune journaliste qui pour parler du problème rwandais met sur pied un reportage sur la quête de Clément. Le périple  très vite s’avère insoutenable face au chaos que rencontre le jeune hutu, et que le journaliste enregistre sans état d’âme. Jusqu’au moment, où l’horreur le rattrape et anéantit tout ce qui lui restait de certitude.
Jalil Lespert  dans le rôle, a tout à fait saisi l’optique de son mentor. S’il interprète, jamais il ne donne l’impression d’une reconstitution, d’une mise en scène, d’une direction d’acteurs comme dans d’autres films de guerre, tout aussi honorables.
Il livre brut de brut son propre regard et déverse son impuissance avec une rage toute contenue. J’ai cru très fort à son personnage , parfaitement dessiné , même si pour les besoins d’un scénario qu’il faut quand même écrire, on le voit un moment s’engager dans des situations extrêmes.
Elles peuvent paraître exagérées mais à mon avis c’est dans l’esprit de Jean-Christophe Klotz qui pousse jusqu’au bout sa réflexion sur la place de l’individu dans un tel contexte, en corollaire à l’importance et aux rôles des médias.

C’est aussi dans sa logique professionnelle.
En 2006, il a signé un film documentaire « Kigali, des images contre un massacre »  réalisé lors d’une attaque d’une paroisse, en Juin 1994 dans la capitale rwandaise. Un témoignage direct, cette fois-ci, Jean-Christophe Klotz travaillait comme caméraman indépendant. Œuvre autobiographique «  Lignes de front » apparaît alors sans la complaisance narcissique de l’homme qui a vu la bête, mais bien comme une réflexion cinématographique  sur l’impact politique (le rôle des français est à plusieurs reprises mis sur la sellette) et médiatique d’un haut  fait de l’Histoire.
Le massacre des Tutsis, selon l’ONU aurait fait 800.000morts, pendant trois mois.

Le supplément

Inédit en dvd : « Kigali des images contre un massacre» de Jean-Christophe Klotz.

.Jean-Christophe.Klotz

Né le 14 avril 1962 à Washington DC, diplômé du Centre de Formation des Journalistes et licencié en Sciences économiques et en Sciences de l'information et de la communication, il partage son temps entre le métier de reporter  et celui de documentariste. Sa spécialisation dans l'investigation , qui fait suite à des années de reporter de guerre pour l'agence Capa le conduit au Rwanda  où il découvre l'horreur du génocide. Si déjà quelques reportages le font connaître, notamment Amnesty contre Amnésie, Zita Cabello, une femme contre l'oubli ou Etre né quelque part, son premier long métrage  Kigali, des images contre un massacre consacré au carnage rwandais,est sélectionné au festival de Cannes  2006.