Plic.
Ploc.
Quel est ce bruit qu'on entend ?
Plic, ploc, plic, c'est le bruit de la pluie.
Plic, c'est une goutte qui tombe.
Ploc, c'est une fuite qui dégringole du plafond.
Ploc, plic, ploc, ça éclabousse. Plic, ploc, plic, ça mouille.
Plic, plic, plic, plic, c'est agaçant. Ploc, ploc, ploc, ploc, ça résonne.
Plic ploc, ça fait rêver.
Plic ploc, c'est le nouveau spectacle du Cirque Plume, auquel nous avons assisté l'autre soir à l'Auditorium de Dijon. L'Auditorium, c'est un vaisseau spatial dédié à la musique et au spectacle, c'est une soucoupe volante posée au milieu de la route entre l'hôtel des impôts et Ik*a. Bon, ce n'est pas exactement ça, mais c'est pour vous donner une idée de la chose. Comme dans toutes les soucoupes volantes qui se respectent, on est aspiré à l'intérieur par un rayon - la technique n'étant pas encore totalement au point, un escalier mécanique le remplace avantageusement. Mais soyez sûrs qu'il s'agit d'une installation provisoire. Quoi qu'il en soit, on se retrouve coincé entre ciel et boulevard, à regarder la mystérieuse lumière émanant du vaisseau. Ou le trottoir de plus en plus petit, en bas des marches, pour ceux que l'idée aurait pris de monter à reculons.
On s'installe sur des places numérotées et rembourrées (de nos jours, les soucoupes volantes ont tout le confort souhaitable), les lumières ne sont toujours pas éteintes, et plic, et ploc, quelques gouttes tombent des cintres sur le revêtement noir de la scène. Un homme la traverse à grandes enjambées, dispose une cuvette en fer blanc et quelques serpillères, le spectacle va pouvoir commencer. Mais n'aurait-il pas déjà commencé ? Voilà que d'autres individus arrivent, avec des seaux, des bras, une échelle calée dessous, et la volonté évidente de neutraliser la voie d'eau avant qu'elle ne coule le spectacle. Peu à peu, le silence gagne la salle attentive.
Les clowns-acrobates finiront par venir à bout de l'inondation, à coup de gags et de tours de force où l'échelle a son rôle. Les faux plombiers sont trempés, le public est conquis, captivé. Les numéros vont ainsi se succéder pendant deux heures, rythmés par les intrusions (pas si intempestives que ça) de l'eau, qui devient objet et partenaire de la représentation. L'eau qui tombe, qui goutte, qui roule, qui coule, qui ruisselle, ou qui jaillit, on peut en faire de la musique, des jeux, et même des feux d'artifice... Tout ça accompagné de pas de danse, d'acrobaties, de jonglage... Car nous sommes dans un cirque, et un cirque de la plus belle espèce, où les artistes sont tour à tour jongleurs, clowns, danseurs, acrobates, et musiciens.
Car le Cirque Plume, c'est la poursuite du cirque par d'autres moyens : des numéros traditionnels présentés d'une façon différente, singulière, parfois déroutante, éclaboussée d'humour, et toujours avec ce petit quelque chose de magique, cette petite goutte de poésie qui fait la marque de cette compagnie fondée il y a plus de 20 ans du côté de Besançon. Plic, c'est un envol de ballons blancs, ploc, c'est un quadrille de parapluie rouges. Plic, ploc, et valsent les costumes verts, oranges, bleus ou à paillettes. Plic, ploc, splash, les balais s'activent sur les planches inondées et dessinent un coeur qui se reflète sur la toile tendue au fond de la scène.
Plic, la dernière goutte finit par tomber. Ploc, le spectacle est terminé. Plus de plic, plus de ploc, plus de plic ploc. Rien que des clap clap vraiment très mérités.
Plic, les lumières se rallument. Ploc, une petite fille endormie est rhabillée par sa maman. Plic ploc, il est temps de rentrer, plic ploc, le rêve n'est pas terminé...
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