Sans surprise, un sondage du Figaro, réalisé par l’IFOP, l’Institut de la Présidente du Medef, paru vendredi dernier, au delà des éventuels coups de pouce à son représentant, semble montrer un large soutien de la population aux mesures aux mesures annoncées par MM Sarkozy, Hortefeux et Ciotti.
Pourquoi “sans surprise” ? Parce que ces annonces ont été faites après d’autres sondages, préalables, dépeignant l’état d’esprit de la population, xénophhobie ordinaire, préjugés et fantasmes tels qu’on peut les entendre trop souvent, notamment dans les brèves de comptoirs de les bistros du coin.
Car c’est ainsi que s’opère la communication gouvernementale. Un gros problème ? Par exemple celui de la trop grande proximité entre cette majorité et les grandes fortunes, ou le chômage qui augmente alors que le pouvoir d’achat baisse, ou les violences qui continuent d’augmenter… Et on va vite chercher dans les enquêtes d’opinion n’importe quoi qui serait susceptible de recueillir l’assentiment de la “majorité silencieuse”, si possible dans le crade et en faisant appel aux sentiments les plus bas.
La logique émisissaire, si l’on en croit René Girard (“La violence et le sacré”, 1972, Hachette) est l’un des plus vieux ressort de la régulation sociale. Elle vise, selon les échelles, un individu ou toujours une catégorie des gens à la fois proches et étrangers. Elle mobilise, irrationnellement, toutes les tensions, humiliations, mal-vivre, difficultés, …, contre ceux rendus responsables de tous les maux. Hitler n’avait pas inventé la poudre quand au lendemain de la défaite de 1918 et la grande crise économique, il avait mobilisé contre les juifs, avec une sauvagerie et une organisation sans pareilles. C’est le même processus que décrit Jean Teulé dans “Mangez-le si vous voulez”, épisode glaçant et sordide qui s’est déroulé en France en 1870.
La logique émissaire fonctionne sur le mode magique, elle s’appuie toujours sur des préjugés enracinés, sur ce qu’il y a de pire en chacun d’entre nous, et c’est pour cela qu’elle fonctionne, au moins un temps, un court moment avant que la persistance des difficultés antérieures ramène, dans nos sociétés, un malaise voire un sentiment de honte, celui qu’éprouvent toujours les lyncheurs au lendemain de leurs emportements bestiaux.
On sait que l’image du romanichel évoque la peur dans l’inconscient collectif, la même que les vagabonds. On sait que le discours de JM le Pen a peu à peu instillé l’idée, dans une bonne partie de la population, que les “étrangers”, les non-chretiens, étaient responsables du chômage et de la délinquance. C’est donc là dessus que vont s’appuyer, consciemment, cyniquement et sans honte, N. Sarkozy et sa clique pour essayer de redresser un bilan catastrophique, une popularité calamiteuse et quelques sales “affaires”.
On ne peut répondre rationnellement à de l’irrationnel et toute la stratégie sarkozienne d’ici les Présidentielles sera d’y faire appel, en appelant aux pulsions les plus glauques. Au delà d’un rappel des principes, des valeurs et des faits, on pourrait répondre sur le même mode, par la stigmatisation d’une autre catégorie de la population, le gang du Fouquet’s et ses domestiques de l’Ump par exemple.
Je crois cependant que la meilleure réponse est dans le rire, un rire gras dénonçant la manoeuvre, se gaussant de la 30ème annonce de lois sécuritaire toutes plus inefficaces les unes que les autres, pendant que les mandants du Président continuent à se goinfrer à nos dépens, que l’affaire Woerth-Bettencourt met en évidence une présidence aux services exclusif des grandes fortunes, que l’image de la France s’est gravement dégradée dans le monde et que le nombre de chômeurs continue de s’envoler.
- “221 ans plus tard”. Blog de P. Jorion.
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