Hiver 2009 #2 : Dance in the Vampire Bund

Deuxième série choisie cet hiver, Dance in the Vampire Bund est l’adaptation signée Shaft d’un manga de Nozomu Tamaki. Le premier épisode adopte une forme particulière qui ne sera sûrement pas répétée dans les onze épisodes à venir, il est donc difficile d’avoir une idée sur la suite mais cela n’empêche pas qu’il soit intéressant à commenter.

Qu’est-ce que c’est que cette image bizarre ? Le premier épisode de la série, diffusé hier, se déroule entièrement sur le plateau d’une émission de télévision japonaise à sensation. En France, nous avons celles de TF 1, aux titres modifiables à l’infini tels que Les 50 histoires paranormales les plus surprenantes, avec entre autres spécificités, des invités people qui n’ont aucun rapport avec le sujet, de la lumière bleue effrayante, une musique à l’avenant, des vidéos amateurs filmées avec le caméscope de tonton et une collection de visages incrédules et terrifiés sur le plateau. Ici, on retrouve quelques uns de ces éléments. Tout d’abord, côté technique et mise en scène, la musique est omniprésente, car le public a horreur du vide et l’action doit être maintenue tout le long, ce qui passe par ce bruit permanent. Ensuite, le montage dynamique abuse des zooms et effets divers lors de la présentation du sujet car ici aussi il ne faut pas que l’image soit trop statique ; quatre écrans sont d’ailleurs disposés derrière les présentateurs. Enfin, l’écran est régulièrement tartiné d’inscription en japonais qu’il aurait été intéressant d’avoir traduites, j’ai quand même noté que ce qui semble être un numéro de téléphone apparaît, peut-être pour envoyer ses réactions, ou un appel à témoin pour une prochaine émission ? En tous cas, tous les clichés sont rassemblés, et les participants n’échappent pas à la règle.

En effet, dans les talk-shows, chaque invité tient souvent un rôle déterminé qui sert de repère au spectateur, ce que l’on voit en France avec les snipers de la vanne comme Laurent Baffie ou le polémiste conservateur de service, Eric Zemmour. Les présentateurs ici sont totalement effacés afin de laisser les invités débattre entre eux. Nous avons ici un professeur d’histoire naturelle, une actrice de théâtre, une jeune modèle, un mangaka et le jeune acteur bishounen de service qui interprète le rôle principal de l’adaptation de son oeuvre. Tous représentent un archétype : le professeur montre un certain excès de confiance matière à faire réagir ses interlocuteurs, l’actrice n’est là que pour lancer des blagues au public, la jeune modèle est la parfaite blondinette niaise, le mangaka est plus discret et posé alors que le jeune acteur lâche des phrases ultimes et prend des poses classieuses qui font se pâmer les filles (y compris la blondinette niaise). Tout est parfaitement huilé : les blagues, les rires, les lancements, les invités, les reportages ; les présentateurs sont également prêts à réagir si une question dépasse la ligne implicite que le procédé trace. Quand au public, il fait quelque part un peu peur car tous les visages se ressemblent et expriment la même émotion au même moment… Comme en vrai.

Le sujet du soir ? Les vampires. L’émission pose une question : existent-ils ou non ? On apprend qu’au cours des trois derniers mois, de nombreuses jeunes filles ont été attaquées et tuées par des inconnus qui leur ont laissés des marques de morsures. Seule une certaine A-San a survécu et apporte son témoignage à l’émission. Chaque invité, renommé juge, défend son point de vue sur le sujet pendant que des intervenants se succèdent pour influencer leur avis. A ce stade-là, le spectateur qui a lu le pitch de la série sent que quelque chose est sur le point de se produire. En effet, Dance in the Vampire Bund est censé raconter l’histoire de Mina Tepes, reine des vampires descendante de Vlad Tepes qui éponge la dette nationale du Japon en échange d’un territoire réservé aux vampires où ils pourront vivre au milieu de la population (vampire bund, société des vampires). En quoi cette émission, étirée sur tout un épisode, lance t’elle l’histoire ? Facile : tous les protagonistes jouent un rôle, conscients de la présence parmi les juges d’un usurpateur, qui n’est autre que le monstre responsable des récentes attaques… En parallèle à l’émission se joue donc une autre pièce bien plus décisive entre certains personnages, qui va évidemment déboucher sur un peu d’action.

Sous ses airs comiques, cet épisode sert donc réellement à introduire l’histoire, d’une manière différente que dans le manga d’après certaines réactions ; je me suis même demandé si cette histoire de dette allait être citée et si le combat n’était pas là pour faire office de nouvelle monnaie d’échange. Rien de surprenant en même temps de la part du studio Shaft et de son réalisateur fétiche Akiyuki Shinbo, connu pour ses animes volontiers alambiqués, autant au niveau narratif que visuel (Bakemonogatari, Sayonara Zetsubou Sensei). Cependant, le spectateur a de quoi rester interrogatif : quel sera le ton de la série ? L’émission balance toujours entre parodie et angoisse, et ce n’est qu’à la fin que les choses sérieuses commencent. Pourtant, on ne peut pas dire que l’intervention de Mina soit un modèle de sobriété, entre phrases définitives, poses devant la lune, zooms et musique victorieuse. Si la suite promet d’être volontairement grandiloquente et too much, ça peut être très bien. Par contre, je me pose une autre question qui est la proportion à venir de scènes de loli vampire combattant à poil : le manga semble assez dénudé, le trailer confirme cette théorie et l’ending en rajoute. Si l’excuse de la vampire millénaire est facile, reste que Dance in the Vampire Bund prend le risque de faire hurler dans les chaumières. Jeudi prochain, vite !

MISE A JOUR : Dance in the Vampire Bund simulcasté par Dybex et… sous-titré par une team de fansub ?