Chistian l'apostat

Le Grand Robert nous renseigne sur la signification du mot renégat. C’est tantôt un substantif, tantôt un adjectif, qui s’attache à celui qui a abandonné, trahi ses opinions, son parti, sa patrie. Ces personnes se trouvent alors fort mal qualifiées pour juger la communauté qu’elles ont quittée. Elles manifestent généralement des points de vue diamétralement opposés. Elles peuvent en effet émettre une opinion fort louangeuse qui se trouve aussitôt discréditée. Leurs interlocuteurs penseront : « c’est tout naturel qu’elles aient un jugement positif, elles ne sont pas impartiales, elles sont de parti pris, peut-être même elles regrettent leur abandon ».

Elles ne sont pas mieux loties lorsqu‘elles professent des critiques sévères. On dira alors : « elles cherchent à faire oublier d’où elles viennent, elles tentent d’être plus royalistes que le roi » ou bien, pire, on leur accordera un crédit peu mérité, sur l’air du : « vous vous rendez compte, si même eux estiment que ce parti ou ce pays compte tant de gens si peu recommandables, c’est forcément vrai ».

C’est pourquoi, quand un Estrosi s’imagine donner plus de poids à ses déclarations scandaleuses en excipant de sa qualité de fils d’immigré, il fait totalement fausse route. Il est le dernier à avoir le droit de lier insécurité et immigration.

Je le vois beaucoup mieux dans un autre rôle. Imaginez, enfin, il n’est peut-être pas nécessaire de faire un grand effort d’imagination car une scène de ce genre a pu être observée au cours de naufrages, imaginez donc un bateau en train de couler. On a réussi à mettre à la mer quelques canots de sauvetage. Un homme parvient à se hisser dans l’une de ces chaloupes déjà très remplie, aidé par quelques occupants, dont certains le saisissent par les bras tandis que d’autres l’ont agrippé par le fond de son pantalon.

Quelque temps plus tard, d’autres naufragés parviennent à s’approcher du canot et s’y accrochent. Je crois tout à fait possible que l’homme ci-dessus puisse se saisir d’une rame pour frapper vigoureusement les mains serrées sur le bord de la chaloupe en criant  : « Mais arrêtez, vous êtes fous, ne voyez-vous pas que ce canot est plein ? Vous allez nous faire tous chavirer !».

Pensez-vous qu’en contant cette histoire à MM. Estrosi, Mariani, Sarkozy, Balkany et tutti quanti, ils comprendront l’allusion ? J’en doute.