Expérience amusante l'autre soir, sur la perception des arômes boisées du vin, qui sont toujours très liés à la sensibilité de la personne, au contexte et à l'environnement de la dégustation. Les arômes boisés, dits secondaires, sont amenés par l'élevage sous bois, dans le cas présent en fûts de chêne, avec un poucentage de fût neuf (d'autres contenants existent que le fût, le foudre..). Ces arômes sont souvent forts en jeunesse puis s'estompent avec le temps.
Le contexte : un dîner avec des convives dont un ami, amateur averti mais pas exegète, dégustant une à 2 fois par an chez les vignerons, fréquentant régulièrement les cavistes et amateur de vins plutôt "classique", tendance bio, bioD, visitant E.Reynaud mais n'ayant jamais gouté Rayas et connaissant peu les grands Bordeaux et grands Bourgognes.
Pour le repas, j'ai préparé en entrée une salade de crabe, pamplemousse, avocat, coriandre sur laquelle nous avons bu un Riesling Sommerberg 07 de Wienzorn (bel accord et CR à venir). Pour le plat, c'est un duo de filets mignons, dont un mariné à l'asiatique (base sauce soja sucré/salé, citron vert, sésame) et cuits au feu de bois, accompagnés de tomates provençales et haricots verts à l'oignon confit. Pour l'accompagner, je dispose d'un Gevrey 1erC Cherbaudes 2007, donc jeune, mais que j'ai commencé la veille, volontairement, car je souhaitais le faire découvrir à cet ami, et donc vacuviné et mis au frigo pour le lendemain.
Ce cru des Rossignol Trapet est élévé en fût de chêne français avec environ 30% de fût neuf avec des chauffes dites moyennes, le reste en fût de 2 ou 3 vins sur des élevages classiques de 12 à 18 mois (je crois plus proche de 12 en 2007). Pour moi le domaine représente le classicisme bourguignon, avec des vins sur le fruit et surtout, parlant de leur terre. Je n'ai jamais senti de boisé marqué sur les vins des frères Rossignol. A l'inverse des cousins Trapet, dont les vins jeunes sont marqués, pour moi, d'un boisé toasté/fûmé, classe mais très présent. Même ressentie avec les vins du DRC ou encore de Dupont Tisserandot, de certaines cuvées des frères Guyon à Vosne. A l'inverse, je perçois très peu d'arômes boisés sur les vins de Daniel Rion, de Joseph Voillot, de Rebourgeon Mure, de Vaudoisey Creusefond, et donc des frères RT.
Mon ami attaque la dégustation et là, à peine a-t'il sorti son nez du verre qu'il me dit, "Whaou, c'est boisé, j'ai la vanille à plein nez..." ! N'ayant pas dégusté depuis la veille, je me lance, et au nez, rien de boisé particulièrement si ce n'est un fond un peu plus fûmé que la veille. Par contre, en bouche, voilà que je sens aussi la vanille... Mais que se passe-t'il ??? Soit le plat mariné a relevé cet arôme discret mais présent, que je ne sentais pas la veille, en gommant les autres, trop proches du plat. Soit, d'entendre mon voisin, m'a influé plus que je ne peux l'imaginer.
Et là, il m'est revenu une discussion avec un ami fidèle du vin, Serge, avec qui je déguste régulièrement et particulièrement, chez les vignerons de Bourgogne, dont bien sûr les frères RT. Il a toujours trouvé les vins de RT boisé, là ou dans notre petite bande, il est un des seuls à les voir si boisé ! Tandis qu'il trouve le boisé du DRC discret (voir fin de page).
Cette anecdote me rappelle combien la dégustation et la perception d'un vin est un exercice avant tout personnel et qui est tellement influé par le contexte, qu'à nouveau, j'insiste sur la necessité de lire mes CR avec le recul indispensable à leur bonne compréhension. Ce sont des indications qui sont TOTALEMENT subjectives !
Amicalement, Matthieu